Macron, en adoration de lui-même, est un matamore, estime notre chroniqueur.
Le double langage n’est pas seulement une pratique islamique. Emmanuel Macron l’utilise sans vergogne, notamment quand il s’adresse aux paysans en colère. L’imam de Bagnols-sur-Cèze (30), Mahjoub Mahjoubi, expulsé sur le champ vers la Tunisie pour ses propos anti-France, assure par son avocat, en référé liberté, avoir été mal compris de Gérald Darmanin. La taqîya autorise ces mensonges. Ils dissimulent en l’occurrence la volonté d’instaurer le califat dans un monde islamisé. C’est pourquoi la parole des représentants musulmans s’est décrédibilisée. Mais celle du chef de l’Etat ne vaut pas mieux. Son « en même temps » est le prétexte aux abus de confiance et aux non-dits. Son rapport tumultueux avec le monde agricole en ébullition illustre son insincérité. Le « changement culturel », qu’il a promis samedi au Salon de l’agriculture pour tenter de faire baisser la tension, est un leurre. Alors que les paysans réclament la fin d’un système technocratique globalisé, mondialisé, financiarisé, déshumanisé, Macron persiste à vouloir imposer ce modèle déraciné et supposé performant. « S’il n’y a pas d’Europe il n’y a pas d’agriculture », a-t-il décrété en s’arc-boutant à son utopie européiste et immigrationniste qui a classé l’agriculture parmi les « secteurs en tension » ouverts aux légalisations de clandestins. Ceux des agriculteurs qui contestent cette marche forcée vers une liquidation des fermes familiales, une industrialisation aseptisée et un recours toujours plus important aux molécules sont étiquetés d’extrême droite. Derrière la colère rurale, c’est plus généralement le choix d’une société ouverte et défrancisée qui est contesté.
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Déploiement extraordinaire de forces de l’ordre au Salon de l’agriculture
Macron a cru faire peuple, samedi, en laissant passer quelques jurons, en bras de chemise, devant des agriculteurs plus urbains. Mais sa prétention à leur donner des leçons sur leur métier a laissé voir son mépris pour cette France enracinée qu’il ne comprend pas. La faute de l’Elysée, qui a cru bon dans un premier temps d’inviter les Soulèvements de la terre (qualifiés d’écoterroristes par Darmanin) à venir débattre avec les paysans, a révélé la perméabilité de l’écologisme jusqu’au sommet du pouvoir. Certes, Macron a pu se flatter, in fine, d’avoir tenu treize heures en dépit du chaos créé par sa présence. Il est loisible de lui reconnaître un courage. Reste que cette performance n’a été rendue possible que par un déploiement exceptionnel de forces de l’ordre et par la sécurisation musclée de sa déambulation. La vanité et la gloriole demeurent les ressorts intimes de cette personnalité égotique. Elle ne sait s’affirmer que dans des rapports conflictuels. Macron, accroché à son projet mondialiste, attise la colère paysanne en l’associant grossièrement au RN. Il aggrave parallèlement le risque d’une Troisième Guerre mondiale en organisant en urgence, ce lundi à l’Elysée, une « conférence de soutien » à l’Ukraine.
Mais ces procédés sournois, qui visent à aggraver les désordres pour détourner les regards sur les vrais enjeux civilisationnels, sont ceux d’un pouvoir à bout du souffle. Macron est condamné à mentir pour survivre.
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Emmanuel Macron tourne-t-il rond ? Observer le président de la République jeter ses bidons d’essence sur le conflit entre l’Ukraine et la Russie alerte sur sa personnalité narcissique. Son comportement égotique montre une obsession à se construire, y compris dans l’improvisation impulsive, un destin à la mesure de sa volonté de puissance. Or la vision enamourée qu’il a de lui-même n’impressionne personne d’autre.
Résistance factice
Un refus unanime des pays européens[1], mais aussi des États-Unis et de l’OTAN, a accueilli sa suggestion, lundi soir à l’issue de sa conférence de soutien à l’Ukraine organisée à l’Elysée (27 pays représentés), de ne pas « exclure » l’envoi de troupes au sol en Ukraine pour battre la Russie. Cet appel irraisonné à la guerre totale contre Vladimir Poutine a révélé l’enfermement du chef de l’État dans son monde manichéen. Il opposerait son « parti central » à une peste brune fantasmée. Celle-ci serait représentée par le RN exclu de « l’arc républicain » et accusé mardi par Gabriel Attal d’être la 5e colonne russe. Difficile de ne pas déceler, dans ces propos si caricaturaux, une paranoïa et une incapacité à évaluer les réalités.
L’assimilation stupide de Poutine à Hitler permet aux va-t-en-guerre en charentaises de s’exhiber dans leur résistance verbeuse et factice. Mais ces jeux de rôle ajoutent à l’immaturité dangereuse du pouvoir. Macron est en passe de violer l’article 20 du pacte de l’ONU relatif aux droits civils et politiques de 1966, qui stipule : « Toute propagande en faveur de la guerre est interdite par la loi ».
Confusion des esprits
Une fois de plus, la confusion des esprits fait des ravages au plus haut sommet de l’État. La stratégie « escalatoire » (anglicisme prisé par la macronie) en Ukraine est proportionnelle à l’incapacité de Macron à renouer le contact avec la France ordinaire, représentée symboliquement par une colère paysanne extrême-droitisée par la propagande.
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Plus gravement, l’hystérie antirusse permet d’occulter l’offensive de l’islam radical au cœur de la société française. Hier, Gérald Darmanin, entendu au Sénat devant la commission des lois à propos des ingérences étrangères, a estimé que la Russie était « le principal ennemi de la France » dans la « guerre informationnelle ». Le soir même, l’émir du Qatar, cheik Tamin bin Hamad Al-Thani, a été reçu en grandes pompes à l’Élysée. Macron a notamment salué le combat commun du Qatar et de la France « contre le terrorisme et contre son financement ». Or ce cynisme est une lâcheté. Le Qatar héberge l’état-major politique du Hamas et a financé ce mouvement islamiste responsable du pogrom du 7 octobre en Israël. De surcroît, l’émirat est le généreux donateur des Frères musulmans qui sont, eux, les authentiques menaces pour les démocraties et pour la France en particulier.
La Russie despotique de Poutine n’est certes pas un modèle défendable, et ses alliances sont repoussantes. Mais c’est l’islam suprémaciste qui est l’ennemi à combattre en priorité. Macron, exalté par sa psyché, n’est qu’un matamore.
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[1] https://www.lemonde.fr/international/article/2024/02/28/guerre-en-ukraine-emmanuel-macron-provoque-un-tolle-mais-persiste-sur-l-envoi-eventuel-de-militaires-occidentaux_6218963_3210.html
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