Macron est un génie. Depuis six ans, il est impossible d’échapper à ce postulat en préambule de tout débat abordant les échecs de la bête à concours de Picardie. Le braquage du siècle de 2017 occulte toute objectivité dans la manière d’appréhender l’homme. La mémoire collective a effacé sa chance de portugais cocufié par toute l’Ibérie avant de toucher les étoiles.
Son Q.I. son talon d’Achille. Relancer la réforme des retraites dans le contexte actuel, laisse perplexe. Soit c’est la preuve d’un manque de bon sens et de flair politique, soit c’est un pari cynique et froid misé sur l’accablement et la résignation d’un peuple à genoux. Il est probable que l’hypothèse 2 soit la bonne, mais alors quid du Père de la Nation. Un rôle qu’il n’a jamais pu ou voulu endosser, la paternité étant un sentiment qui lui est étranger. Il n’est pas là pour les pauvres, la province et la ruralité. Qui ne votent pas pour lui. En VRP de Bruxelles, Davos, Berlin et Washington il livre le sort des classes laborieuses et moyennes dans les bras des magnats du Capital. Privatiser la vie, le ventre des femmes, privatiser la retraite, la santé, la mort. Macron et ses conseillers Mac is Smack étaient sûrs du timing. Ils ne sont pas encore déconfinés dans leur tête, sont désossés par l’inflation, sidérés par la guerre, pas remis de ma réélection. C’est le moment de leur envoyer la dose et la facture. Ces faisans de la com nous administrent la pilule et avec eux même par voie orale on l’a toujours dans le c**. Mais voilà, avec l’énergie du désespoir la rue répond à l’appel du pavé. Et joue une de ses dernières cartouches pour ne pas finir anonyme et broyée parmi les algorithmes de Big Brother. “Qu’ils viennent me chercher!” On revient te chercher, on savait que tu nous attendais…
“Jamais je ne me lasserai d’offenser les imbéciles” (Bernanos). Voilà son péché mignon, sa gourmandise ultime. Tant pis pour les conséquences. Il avait promis un premier mandat sans blablas. Un président au travail, dans le secret de sa fonction, rare sur la scène médiatique. Jamais un président n’a été aussi bavard. Il a passé un mandat en Grande Vadrouille, saisi tous les portables et blablaté dans tous les micros qui se tendaient. Il sort la petite phrase qui met le feu, et aussitôt, pour se refaire, part avec sa lance de pompier volontaire en tournée. Et le patron, sa tournée il la met. Sert, ressert, c’est open Macron bar. Ivre de lui-même, de selfies en autographes, il a passé cinq ans à tenter l’entarteur. Jusqu’à s’échouer sur la main du gifleur. “On a mis un gamin à l’Elysée et on va le payer très cher” (Luc Ferry 2017).
Un président Out of Africa. Son bilan à l’étranger est lui aussi catastrophérique. Ses rêves de leadership en Europe se sont fracassés sur la crise en Ukraine. Où son agitation frénétique a fini par user les dirigeants de toutes les diplomaties. Au point de favoriser l’avènement de cette crapule d’Erdogan en numéro 1bis de l’OTAN et en contrôleur général de l’UE. Bien joué. Les relations entre la France et l’Afrique sont plombées pour des générations. Il a couru les anciennes colonies pour s’excuser de tout. Votre corruption, vos boucheries, vos saloperies passées et à venir c’est de notre faute, notre grande faute. Oh mon gars, nos générations n’ont colonisé personne, torturé dégun, tué nobody. Alors fais-toi des soirées privées repentance, des week-ends gégène, des safaris fessées, mais arrête de parler et d’agir au nom du peuple sur des dossiers aussi voraces en chair humaine.
“La vérité d’un homme, c’est d’abord ce qu’il cache” (Malraux). Une part d’ombre s’étant barrée avec le coffre de Benalla, le service com a mis en lumière l’atout romanesque de son couple. Comme le bonhomme a d’entrée semé son sillon avec les graines du mépris et de la haine, la récolte s’annonçant prometteuse sa comcom.com a vite balancé au pilon la littérature rose bonbon. Il a voulu du gore, il aura du gore, jusqu’à la fin. Les hommages funèbres, notamment ceux à destination des artistes, dont il s’est fait une mission christique, en disent plus long sur sa personnalité. L’hommage à Belmondo, l’homme de Brio, était éloquent. Il a surjoué en cabot qui a dû rêver longtemps d’un autre destin. Et si banquier, président, n’étaient que des rôles ? Dans lesquels il s’écoute parler, se regarde s’aimer et se pâme à s’amuser ? Des uns, des autres, des faibles, de la fonction… Alors, génie ou pas fini? Pas fini.
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