Vendredi, l’Assemblée générale des Nations Unies a appelé à une « trêve humanitaire immédiate » à Gaza. La France, avec 120 autres pays, a voté cette résolution tout à fait contestable. Le texte ne mentionne ni les massacres du 7 octobre, ni les otages capturés et retenus dans l’enclave palestinienne! Le Hamas s’est immédiatement félicité de ce vote, et a réclamé sa « mise en œuvre immédiate afin de permettre de fournir carburant et aide humanitaire aux civils ». « Honte à vous », a pesté de son côté l’ambassadeur d’Israël. Si le soutien sans faille de Washington est à noter, les autres pays occidentaux, où sont présents de nombreux musulmans, semblent tétanisés par l’opinion de ces minorités. En revanche, personne ne pense jamais à demander à tous les pays musulmans où sont passés leurs juifs au cours des dernières décennies.
Alors que cinq pays européens ont voté contre (Autriche, Croatie, République tchèque, Roumanie et Hongrie) et quinze se sont abstenus, la France et la Belgique ont approuvé vendredi une résolution de l’Assemblée générale des Nations-Unies qui ne mentionne pas les crimes du Hamas. Et, lors du récent Sommet européen, les chefs d’Etat et de gouvernements n’ont pas conditionné leur appel à des « pauses humanitaires » à la libération des otages.
D’abord, ne pas nuire…
L’Union européenne ne compte pas au Proche-Orient, elle a tendance à l’oublier. La dernière fois que des pays européens ont joué un rôle politique dans la région, c’était en 1956, lors de la crise de Suez, avant la fondation de la Communauté économique européenne l’année suivante, lorsque Français et Anglais se sont fait boutés, humiliés, hors de la région. Depuis, la Communauté puis l’Union européenne de même que la France, l’Angleterre et l’Allemagne s’en tiennent à une politique déclamatoire consistant à affirmer des principes, comme la solution à deux Etats, même s’ils sont devenus caducs depuis longtemps et à fournir de l’aide humanitaire aux Palestiniens, au Fatah corrompu et, indirectement, au Hamas terroriste, pour maintenir un semblant d’équilibre dans la région. Quand on ne compte pas, on devrait commencer par se taire. Primum non nocere, comme on l’apprend aux étudiants en médecine.
Le Sommet européen de la semaine dernière était une chance d’afficher un soutien clair et sans ambiguïté à Israël. Au lieu de cela, à peine trois semaines après les tueries de juifs, les 27 ont commencé à s’en prendre à Israël, en réclamant des « pauses humanitaires », ce qui constitue une victoire pour le Hamas dont l’intention génocidaire, telle qu’elle figure dans la définition de l’ONU de 1948 est peu contestable.
L’islam qui nous tétanise
Américains et Britanniques ne se sont pas souciés du sort des populations allemandes bombardées sans discrimination, alors qu’Israël ne s’en prend pas délibérément aux civils à Gaza.
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Le nombre de victimes des bombardements israéliens est, pour le moment, relativement faible en comparaison de celui des guerres en Syrie ou en Irak. Les pays européens soutiennent sans réserve l’Ukraine, un pays bien moins démocratique qu’Israël, dans sa reconquête du territoire, mais l’État hébreu n’aura pas droit à la même indulgence dans son juste combat contre le terrorisme islamiste. Les pays arabes affichent un soutien hypocrite aux Palestiniens qu’ils ne veulent surtout pas accueillir chez eux, mais dont ils se sentent culturellement proches. L’Union européenne et la France sont effrayées de choisir entre notre allié civilisationnel et… l’islam, qui les tétanise à cause, désormais, de la présence massive de populations musulmanes en Europe qu’il faudrait « apaiser » par une politique étrangère soi-disant équilibrée. Au lieu d’un communiqué chèvrechoutiste à l’issue du sommet de vendredi, l’UE aurait dû déclarer : « nous soutenons sans réserve Israël, parce que c’est une démocratie victime du terrorisme, comme nous l’avons été nous-mêmes à Paris, Bruxelles, Berlin, Barcelone, Nice… ». Et dès le lendemain, les Européens se sont divisés aux Nations-Unies, la France votant avec 7 autres pays des 27 (Belgique, Luxembourg, Espagne, Portugal, Malte, Slovénie, Irlande), une résolution qualifiée à juste titre de honteuse par Israël.
Qui va distribuer l’aide ?
Le président Macron réclame « une trêve pour organiser la protection des populations civiles ». Que veut-il dire par là et comment compte-t-il s’y prendre ? Trente-cinq Français ont été assassinés, neuf sont pris en otages, parmi deux cents autres, mais la France veut fournir de l’aide à ceux qui les détiennent ? N’est-ce pas insultant pour les Français, pour les familles françaises des morts et des otages ? Pardon, il est question d’aider les populations civiles, pas le Hamas. Il faudrait alors expliquer comment la nourriture va être distribuée à la population sans que cela bénéficie au Hamas ? Qui va organiser les distributions, sinon la seule structure organisée encore fonctionnelle : le Hamas. Quelle partie de l’essence amenée par l’aide internationale sera détournée au profit de la guerre du Hamas pour tuer des soldats israéliens ?
La question des otages est centrale
La question des otages est centrale. Ce n’est pas avec des couloirs et des pauses humanitaires que leur libération va être facilitée, bien au contraire. La France et l’Union européenne auraient dû conditionner leur aide à la libération des otages et affirmer qu’aucune aide « humanitaire » ne serait fournie aussi longtemps que le Hamas ne les aurait pas libérés.
C’est ce dernier qui a créé cette situation, pas Israël.
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