Les coups d’éclat du président français – comme sa déclaration sur la « mort cérébrale » de l’OTAN – ne suffisent pas à cacher aux interlocuteurs de la France son grand isolement.
En vue du prochain sommet de l’OTAN organisé à Londres à parti de ce mardi, Emmanuel Macron a une fois de plus joué les Tartarin de Tarascon de la scène internationale, en route vers l’Atlas du multilatéralisme: sabre au clair, avec l’assurance écarquillée qui le caractérise, il déclare à The Economist que l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord est en « mort cérébrale ». Si l’analyse peut être pertinente, trente ans après la fin de la Guerre Froide, dans un contexte dans lequel les États-Unis deviennent un allié pour le moins capricieux et les intérêts occidentaux de plus en plus contradictoires, il n’a pas tardé à trouver une réponse claire en la personne de Kay Bailey Hutchison, ambassadrice américaine auprès de l’Otan, qui s’est dite « fermement en désaccord avec l’évaluation de l’OTAN par le président Macron », mettant en cause jusqu’à la rationalité du propos français.
OTAN: Un président ne devrait pas dire ça
Ailleurs, on n’entend guère nos fameux partenaires européens: Angela Merkel se désolidarisant de son voisin encombrant, suivi de près par le premier ministre polonais Moraiecki. Encore une fois, la nouvelle tentative macronienne de donner de la voix à l’international tourne en eau de boudin. On finirait presque par croire que notre président prend un malin plaisir à répandre des discours éthérés à quelques journalistes admiratifs, avant d’être extirpé de sa rêverie par quelques petites gifles sur la joue de la part des autres grands de ce monde.
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Si Berlin fait de timides pas vers l’idée d’une autonomie – à défaut d’une indépendance – européenne en matière de défense, en développant avec la France un char et un avion de combat du futur qui n’aboutiront qu’à 10 ou 15 ans au plus tôt, Macron reste bien isolé sur cette question politique d’une souveraineté unifiée du vieux continent. Tout approfondissement politique de l’Europe contraint nos partenaires européens à une solidarité stratégique mais également économique et financière qu’ils veulent d’autant moins que notre cher président, après avoir fait de grands effets de manche sur la rigueur budgétaire, a déversé des sommes inédites sur l’économie française suite à la crise des gilets jaunes, l’amenant à se dédire en déclarant que « le débat autour du 3% (…) [était] un débat d’un autre siècle ». Pourtant, il semblait bien que la grande fierté qu’il faisait de la sortie de la France de la procédure pour déficit excessif ne datait pas d’une époque si reculée…
Napoléon le petit
Notre président se retrouve bridé jusque dans son ambition de créer des géants économiques européens, se heurtant à l’inflexible Margrethe Vestager et à la politique de concurrence de la commission européenne qui a empêché par exemple la fusion d’Alstom et Siemens, plongeant les européistes les plus farouches dans des abîmes de perplexité.
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Si à cela on rajoute l’épisode totalement inédit dans l’histoire de France du refus de Sylvie Goulard à la commission européenne, on retrouve un Emmanuel Macron bien faible dans la conjoncture internationale, un président qui, à force de prôner le multilatéralisme se retrouve seul et qui de Napoléon ne tient plus que l’exil.
Le retour tardif à De Gaulle
Emmanuel Macron finit donc par revenir, trop tard, vers un semblant de politique gaullienne, ouvrant ses bras à la Russie après s’être présenté comme l’ennemi numéro un de l’illibéralisme, et faisant des galipettes à Pékin tout en tenant à expliquer que la fermeture aux capitaux étrangers et le pillage économique, ce n’était quand même pas bien.
Gesticulant à droite, à gauche, Emmanuel Macron contraste singulièrement avec les leaders autoritaires et immobiles comme des stèles, placés un peu partout sur l’échiquier mondial. Comme un enfant agité qui vagabonde entre les grands empires, il fait un coup d’éclat par-ci, un coup de gueule par-là, sans donner aucun horizon précis à la nation qu’il conduit.
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