Les « gaullistes » qui rejoignent Macron ne savent pas ce qu’ils font. Le président est l’antithèse du général. Quand De Gaulle avait « une certaine idée de la France », Macron en a une de la finance. Un rappel à l’ordre gaullien du plus vieux mouvement de jeunes gaullistes, l’Union des Jeunes pour le Progrès (UJP).
Se dire gaulliste à vingt ans n’est pas facile. De Gaulle est mort en 1970 et le terme « gaulliste » en lui-même peut paraître dépassé. Ce qui est incontestable, en revanche, c’est que l’héritage de la droite française, depuis la Seconde Guerre mondiale, a été façonné par la personne et la pensée du père de la Ve République. Si être gaulliste peut sembler désuet en 2018, il est urgent d’être gaullien, c’est-à-dire de concevoir l’action publique principalement au travers du prisme de la préservation de la souveraineté nationale et de la préoccupation d’une nécessaire solidarité nationale.
Macron, une certaine idée de la finance
Aujourd’hui, l’Union des Jeunes pour le Progrès (UJP), mouvement de jeunesse fondé en 1965 à la demande du général de Gaulle, est considéré comme le gardien du « gaullisme social ». Son héritage historique, des parrains illustres tels Pompidou, Malraux, Chaban-Delmas et son prix de l’Appel du 18 juin récompensant un gaulliste reconnu, en font la dernière association créée par De Gaulle encore en exercice dans l’espace politique actuel. Ce passé nous honore et nous oblige. Face aux bouleversements politiques récents, il est de notre devoir de prendre nos responsabilités. L’UJP s’est érigée contre l’extrême droite : en témoignent les batailles menées par Rudolph Granier – notre ancien président – contre l’utilisation par le Front national de la croix de Lorraine, symbole de la Résistance. Notre mouvement s’élève sans transiger face aux doctrines réactionnaires qui cherchent à renfermer notre pays sur lui-même. Ceci étant dit, les jeunes gaullistes, fidèles à leurs valeurs héritées du christianisme social ne peuvent se satisfaire du macronisme, avatar New Age du giscardisme, la Silicon Valley en plus.
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Macron serait-il le De Gaulle du XXIème siècle ? Aux partisans de cette comparaison hasardeuse rappelons que le Général était un farouche partisan de la participation et de la troisième voie en matière économique. Cette vision qui s’oppose à la fois « au capitalisme abusif » et « au communisme écrasant » propose un ordre juste associant harmonieusement le capital et le travail. Cette « voie de la concorde et de justice fructifiant dans la liberté », selon son concepteur, sort du dualisme de la lutte des classes en mettant en place dans les entreprises une participation au capital, aux responsabilités et aux bénéfices. À l’inverse, le président Macron moque les « illettrés », « les fainéants », « et les gens qui ne sont rien ».
Macron, l’anti-De Gaulle
La vraie question ne serait-elle pas : Macron est-il l’antithèse du gaullisme ? Certes, le chef de l’État a souhaité, sur TF1 le 15 octobre 2017, « revisiter cette belle invention gaulliste de l’intéressement et de la participation ». Mais au-delà des mots et d’une communication menée d’une main de maître, on assiste à une hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) de près de 60 % équivalant à une perte de pouvoir d’achat pour environ huit millions de personnes. À ceci s’ajoute l’augmentation du prix du pétrole, la polémique sur la baisse des aides personnalisées au logement (APL). Non, Macron n’est pas de Gaulle !
Si Jupiter peut ressembler au « grand Charles » par sa volonté d’opter pour un pouvoir exécutif fort et resserré, l’électorat de ces deux hommes d’État est fort différent. Macron, en effet, réconcilie la bourgeoisie de gauche boboïsée et la bourgeoisie de droite, celle des « gens du juste-milieu », déjà moquée par Verlaine dans son poème Monsieur Prudhomme. Anciens soutiens de Delors pour les premiers, électeurs de Giscard, Barre et Bayrou pour les seconds, cet électorat politique qui se fonde sur une petite caste de privilégiés a oublié le peuple. Macron ne serait-il qu’une copie de Louis-Philippe, le « roi-bourgeois », comme le démontre l’essayiste Olivier Gracia dans L’histoire se répète toujours deux fois ?
Face aux lâcheurs, il est urgent d’être gaullien
Le combat des jeunes gaullistes est intrinsèquement lié à celui pour le progrès social. Mais ce dernier doit-il être sacrifié au profit d’une ubérisation de la société, de ses codes et de ses corps intermédiaires ? Au coup de com’ permanent, l’Union des Jeunes pour le Progrès préfère les propositions concrètes, comme la mise à disposition de bourses pour les classes moyennes dans l’enseignement supérieur. Déjà, le « nouveau monde » s’effrite après la défaite aux sénatoriales puis aux législatives partielles, ouvrant les appétits du Front national et de la France insoumise.
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Face aux lâcheurs qui préfèrent un maroquin ou un poste sous la bannière d’En Marche, l’UJP préfère la constance de ses idées. Renouer avec l’esprit gaullien, tel doit être l’objectif de notre famille politique pour revenir au pouvoir. Une droite qui retrouve « une certaine idée de la France », celle qui parle aux jeunes, aux classes moyennes et populaires, en un mot aux oubliés qui se réfugient dans l’abstention. Ce projet, c’est celui qui est défendu, aujourd’hui, par les Républicains. Une vision qui, derrière les caricatures des médias et des bien-pensants, s’adresse à tous et ne s’interdit aucun tabou. Une droite qui parle de régalien et de sécurité mais aussi d’écologie et d’éducation, car en quoi ne serait-elle pas légitime pour évoquer l’enracinement, la préservation de nos paysages et le mérite ?
En marche avec les Républicains
Soutenir les Républicains et leur vision pour la France, ce n’est pas tomber dans une opposition sectaire et bornée. C’est participer, à notre rythme, à la constitution d’un projet pour la France fondée sur les territoires. La diversité de notre pays, notamment spatiale, doit être comprise dans son ensemble. La France est aussi péri-urbaine et rurale, contrairement à ce que semble penser le président. Opposer la France des villes et celles des champs, alimentant et exacerbant la fracture sociale, c’est risquer l’explosion des votes contestataires aux prochaines élections européennes. Cette défense de la France des oubliés passe par le maintien du Sénat et des dotations des collectivités territoriales.
« Il faut d’abord savoir ce que l’on veut, il faut ensuite avoir le courage de le dire, il faut ensuite l’énergie de le faire », disait Clémenceau. La droite républicaine sait ce qu’elle veut, le dit malgré les vents contraires et les protestations des Macron-béats, il ne lui reste plus qu’à le faire.
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