Hier soir, pendant plus de deux heures et demi, en mordant les mollets du président sur l’islam, l’immigration ou Notre-dame-des-Landes, ses deux contradicteurs Bourdin et Plenel lui ont permis de gagner des points à droite.
Après le « good cop » Pernaut de jeudi, Emmanuel Macron était donc confronté à deux « bad cops », ce dimanche soir. Le ton de Jean-Jacques Bourdin et d’Edwy Plenel, et leur tendance à transformer leurs questions en plaidoyers politiques, étaient évidemment prévus par le président de la République. Il s’y était manifestement préparé et c’était sans aucun doute une volonté de sa part d’y être soumis.
Jupiter conforté sur son trône
Tout l’objectif des deux journalistes était de faire descendre Jupiter de son trône, celui du monarque républicain. Tout l’objectif d’Emmanuel Macron était de demeurer sur son trône pendant l’émission. L’essentiel n’était pas pour lui de réussir à tous les coups, mais de démontrer que ledit trône existe encore. Sur ce plan, la partie était gagnée d’avance, grâce à l’aide des deux boxeurs qu’il avait en face de lui. En s’efforçant de toujours l’appeler par son nom et jamais par son titre, Bourdin et Plenel, en voulant le faire descendre du trône, en confortaient paradoxalement la stature. Ils faisaient oublier que toute la politique d’adaptation à la mondialisation d’Emmanuel Macron ne constitue, par définition, que le produit d’une contrainte extérieure, et que le trône est parti depuis longtemps du pays, surtout dans le domaine économique.
Plenel, gauchiste de service
En matière internationale, tout l’objectif d’Emmanuel Macron a été de se placer en tant qu’acteur diplomatique majeur et apôtre du multilatéralisme, après les frappes sur la Syrie. Ce n’était pas gagné d’avance, convenons-en mais son explication fut plutôt habile. Elle ne sera réellement convaincante que si les promesses d’actes diplomatiques d’ampleur sont tenues, en particulier en direction de la Russie, de l’Iran et de la Turquie.
C’est sur les sujets nationaux que la bagarre avec Bourdin et Plenel s’est tenue. Sur les dossiers fiscaux, sur la santé, sur la SNCF comme sur les universités et Notre-Dame-Des-Landes, Jean-Jacques Bourdin donnait, comme pour ses entretiens habituels, l’impression d’engueuler le président, ce qui n’avait pas l’air d’émouvoir particulièrement ce dernier, qui préférait réserver des piques à Edwy Plenel. Le patron de Mediapart a joué le rôle pour lequel il avait été choisi : le gauchiste de service, faisant apparaître Emmanuel Macron comme le dépositaire de l’ordre et l’autorité républicains. Plenel savait-il en arrivant à Chaillot qu’il jouerait aussi admirablement le rôle d’idiot utile du macronisme ?
Macron réservé face au voile
Après avoir interrogé le président sur l’inutile sujet du livre de François Hollande, Jean-Jacques Bourdin a eu la bonne idée de le questionner sur l’islam. Les questions étaient précises, notamment sur l’état d’esprit d’une bonne partie de la jeunesse musulmane. On n’est pas forcément certain que la fermeture de trois mosquées et la division par deux du nombre d’élèves par classe aient été de nature à rassurer les téléspectateurs. Sur ce sujet, Edwy Plenel a cru bon de ramener la question du voile islamique porté par les accompagnatrices des sorties scolaires. Cela a donné l’occasion à Emmanuel Macron de livrer ses réserves sur ce vêtement, dont il a dit qu’il était étranger à la civilité française, ce qui ne lui était jamais arrivé jusqu’à présent.
Feu sur Wauquiez!
Sur l’immigration, Edwy Plenel a également permis au président de la République d’apparaître plus ferme qu’il ne l’est réellement, se plaçant ainsi sur le terrain qu’il voulait occuper, celui du président de LR Laurent Wauquiez. De l’évacuation de Notre-Dame-Des Landes au journal de Pernaut, et du discours des Bernardins aux baffes à Plenel, cette semaine constituait bien une offensive territoriale contre l’homme à la parka rouge, considéré aujourd’hui comme le danger numéro un pour 2022.
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