Depuis son élection, le président Macron joue sur tous les tableaux. Il oscille entre le monarque républicain, le manager motivé et « hypercompétent », l’individu sentimental et branché. Loin de restaurer l’image présidentielle, ce style égotique et erratique érode l’autorité de l’Etat, déstabilisant un peu plus une société mise à mal par l’adaptation à la mondialisation et à l’Europe.
Emmanuel Macron a fasciné et fascine encore nombre de journalistes et d’intellectuels. Dans les journaux et les revues, à la radio et la télévision, sur internet et les réseaux sociaux, celui qui incarnait la rupture et la nouveauté a suscité de multiples interrogations et commentaires. Qui était vraiment Emmanuel Macron ? N’incarnait-il pas à sa façon le bonapartisme et le gaullisme, teintés de centrisme ? N’avait-il pas des traits communs avec la deuxième gauche et le rocardisme ? Sans oublier des références historiques plus anciennes comme Gambetta et Waldeck-Rousseau… Chacun croyait trouver la clé de l’énigme Macron en projetant sur lui des références d’un autre temps. Il ne se confondait pourtant avec aucune d’entre elles, agglomérant différentes figures autour d’une personnalité hors du commun.
L’habit ne fait pas le président
La célébration de la victoire lors du rassemblement devant la pyramide du Louvre rappelait celle de Mitterrand en 1981 et sa visite au Panthéon. Les différences n’en étaient pas moins frappantes : la cérémonie ne traduisait pas la reconnaissance d’une dette ou d’une filiation avec les grands hommes de la République ; elle ressemblait plutôt à la mise en scène d’un jeune homme marchant seul vers son destin, s’intronisant dans la fonction présidentielle avec l’Ode à la joie, devenue l’hymne européen. Retransmise en direct à la télévision comme un « son et lumière », cette célébration avait quelque chose d’irréel. Malgré l’enthousiasme des supporters qui agitaient frénétiquement leurs petits drapeaux, cette présidence qui s’annonçait « jupitérienne » avait quelque chose de décalé, voire de glaçant, tellement la mise en scène « en faisait trop ». Du manager de la start-up électorale façon Obama au monarque républicain, la métamorphose
