«C’est un crime. C’est un crime contre l’humanité. C’est une vraie barbarie, et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes»
Voici ce qu’a affirmé, en Algérie, Emmanuel Macron, candidat autoproclamé à la Présidence de la République Française, lors d’une interview au média local Echorouk News.
Lyautey et Goering, même combat!
Crime contre l’humanité. Si les mots ont un sens, cela veut dire que l’on met sur le même plan qu’Adolf Hitler, Joachim von Ribbentropp, Hermann Göring, Ernst Kaltenbrunner, Wilhelm Keitel, Alfred Rosenberg, les Français Jacques Cartier, Joseph-François Dupleix, Louis Antoine de Bougainville, Thomas Robert Bugeaud, et les maréchaux Joseph Simon Gallieni et Hubert Lyautey entre autres. Et bien entendu les penseurs de ce crime contre l’humanité, Colbert, Duplex, Jules Ferry et tant d’autres…
Il conviendra donc, si l’on suit ce bel esprit, de débaptiser toutes les rues, tous les lycées Jules Ferry, les places Lyautey, les avenues Gallieni…
Avec ces propos dont le moins que l’on puisse dire est qu’ils sont navrants, on voit bien où le candidat autoproclamé veut en venir : au vote des musulmans des banlieues, bien sûr. Un électorat à caresser dans le sens du poil.
Ces propos révèlent qui est Emmanuel Macron, que beaucoup fantasment comme un homme providentiel, au-dessus des querelles partisanes… C’est clairement un héritier de François Hollande, un socialiste qui a inspiré le quinquennat, et il sera prêt, lui aussi, à crier, « reviens, Léonarda ! » et à faire dans la contrition pour s’attirer les bonnes grâces des indigènes de la république, qui, c’est sûr, veulent beaucoup de bien à la France…
Des crimes de guerre largement partagés
Puisqu’il s’agit de l’Algérie, il convient toutefois de rappeler quelques vérités historiques. Que jusqu’en 1818, l’un des repaires des pirates barbaresques qui infestaient la Méditerranée depuis trois siècles, était précisément le port d’Alger, célèbre pour son marché aux esclaves, et que deux pays occidentaux, avant la France, avaient fait la guerre au Dey d’Alger pour faire cesser – outre la piraterie – ce qui était, précisément, un crime contre l’humanité, l’esclavage subi par les chrétiens et les chrétiennes. Les États-Unis, on le sait peu, ont fait la guerre aux barbaresques de 1801 à 1805, puis à nouveau en 1815 ; les Anglais en 1818, toujours pour libérer les esclaves chrétiens.
J’ai grandi sous la présidence du Général de Gaulle. J’ai 59 ans. Je ne suis pas d’origine pied-noir. Alors que les armateurs nantais et bordelais s’enrichissaient dans le commerce triangulaire, mes aïeux crevaient de faim dans les Hautes-Alpes. Je ne me sens, contrairement à Emmanuel Macron, en tant que Français, coupable de rien, de rien du tout, et je n’ai d’excuses à faire à personne.
Jacques Cartier, Bougainville, Lyautey… Le père Bugeaud et sa casquette… Tous ces héros ont peuplé mon enfance. Car jamais personne ne pourra me faire avaler – car il s’agit bien de cela – que ces héros, dont certains, je pense à Gallieni et Lyautey, ont sauvé la France et son empire durant la Guerre de 1914-18, sont des criminels contre l’humanité. Jamais leur image de pourra être associée aux bouchers des camps d’Auschwitz et de Treblinka.
Une ambition pour la France?
Je ne suis pas en train de dire que la France n’a rien à se reprocher. Notre pays n’a pas su mener la décolonisation, celle de l’Indochine, celle de l’Algérie. Des crimes de guerre ont été commis. Mais ces crimes de guerre ont été largement partagés : le Viet-Minh et le FLN aussi ont du sang sur les mains, du sang français, comme l’armée française a sur les siennes du sang vietnamien et algérien.
C’était il y a longtemps. Les sujets, les enjeux, désormais, sont ailleurs. Il serait peut-être temps d’en parler.
Il paraît que M. Macron serait un philosophe. Qu’il serait un littéraire. En tout cas, ce n’est sûrement pas un historien.
Pour qu’Emmanuel Macron devienne Président de la République, il faudrait qu’à côté de l’ambition et du sens des affaires qu’on apprend à l’École Nationale d’Administration, il ait aussi de l’ambition pour la France ; une vision.
Cela s’appelle le sens de l’histoire.
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