Vendredi 16 juillet, Emmanuel Macron s’est rendu à Lourdes. C’est le premier président de la Ve République à être entré dans le sanctuaire marial. Si nombre de croyants ont été ravis du geste présidentiel, il est difficile de ne pas y voir aussi une cynique logique préélectorale.
Dans certains milieux catholiques, on se plait à souligner que le président Macron est le premier chef de l’État qui, non content de visiter Lourdes, sera entré dans l’enceinte du sanctuaire et aura donc vu la grotte de Massabielle.
On voit même à cette occasion, demander des neuvaines pour sa conversion !
Cela le lendemain du jour où il a obtenu au forceps le vote d’une loi prétendue bioéthique qui contient les pires entorses non seulement à la morale chrétienne mais à un fond anthropologique multimillénaire qu’il est habituel d’appeler la loi naturelle. Possibilité de fabriquer des enfants qui seront confiés à une ou deux femmes qui, de manière délibérée ne pourront jamais connaitre leur père, vivant ou mort, biologique ou adoptif, PMA sans motif médical pour les couples homme-femme, tout cela avec remboursement à 100 % par la Sécurité Sociale, autoconservation des gamètes sans motif médical, autorisation élargie de l’expérimentation sur les embryons, et autorisation de créer des embryons transgéniques et des embryons-chimères animal-homme.
Pas de consensus pour la loi bioéthique
Cette loi inouïe n’a pu passer qu’en donnant le dernier mot à l’Assemblée nationale, en quoi le président viole sa parole de construire autour d’elle un large consensus.
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Il n’a certes pas soutenu une proposition ultra-féministe prévoyant l’extension à 14 mois de la licéité l’avortement volontaire : la levée de boucliers des gynécologues a sans doute plus joué que des scrupules de conscience.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, la laïcité n’a pas attendu la République pour être dans les usages de l’État français. Depuis que, peu après son baptême, Clovis s’abstint d’apparaître au synode des évêques de Gaule organisé par saint Rémi à Orléans, aucun roi de France n’a paru à une assemblée des évêques de France ; ni aucun président de la République jusqu’à la cérémonie de Bernardins du 9 avril 2018 où le président Macron, reçu par les évêques, leur expliqua clairement que dans les questions dites bioéthiques il n’en ferait qu’à sa tête, leur concédant seulement le droit de « poser des interrogations » – pas même de donner leur avis. Ce qui n’a pas empêché que (manipulés par qui ?) ils l’aient gratifié d’une standing ovation !
Le spirituel en réalité humilié ?
La laïcité, royale ou républicaine, n’a jamais eu pour premier but d’humilier le spirituel, ni d’éloigner l’État de toute influence religieuse ou morale ; hors de certains excès, son sens fut d’abord de respecter une distance convenable entre les affaires de ce monde et la sphère du sacré, d’exprimer une certaine discrétion des hommes d’action aux prises avec ces réalités pas toutes reluisantes que sont les affaires politiques. Le général de Gaulle, autrement chrétien que Macron, si avare de gestes religieux en public, l’avait compris.
Ce n’est pas par mépris pour la Sainte Vierge que tant d’hommes d’État n’ont pas franchi à titre public les limites des sanctuaires, c’est au contraire par respect. L’actuel président, dans une démarche qui sent l’électoralisme à plein nez, au sortir d’une étape du Tour de France, pièce de sa mécanique préélectorale, n’a pas hésité à poser ses doigts graisseux dans l’espace sacré. Il n’est pas sûr que cela lui porte chance.