Jérôme Leroy nous adresse son dernier poème du dimanche
Pierre Mac Orlan (1882-1970), dans sa poésie méconnue, n’a pas eu besoin du surréalisme pour être surréaliste. Il a juste eu de l’oreille et de l’odorat. Il a juste été un enregistreur, un sismographe avec, en plus, le sens du montage. Ce montage dont Godard disait qu’il renvoyait toujours à une métaphysique. Mac Orlan aimait d’ailleurs le cinéma, la radio et tous ces moyens d’expression nouveaux pour dire le monde contemporain. Mais avant tout, et c’est en cela que c’est un poète au sens premier du terme, il s’est laissé impressionner comme une plaque photographique par son époque alors que les surréalistes ont surtout voulu impressionner la leur et y ont réussi. Ceci explique sans doute la place un peu trop secondaire de Mac Orlan dans le château de l’histoire littéraire. Il est autorisé à vivre dans une mansarde, au demeurant jolie, appelée: « fantastique social » et que l’on aime visiter au hasard, désormais, des bouquinistes…
« L’odeur de l’amour dans les maisons closes
est celle des marais chéris des iguanodons.
Ce n’est pas une odeur conjugale,
mais une odeur où la préhistoire se révèle.
C’est donc amusant de n’être qu’une cellule vivante
étalée sur un divan de velours rouge,
cependant que le jazz infernal de Paris
rythme la danse quotidienne des affaires. »
Inflation sentimentale
« Dans le clair pays des filles bicyclistes
dans le beau pays vert des vaches aseptisées
les barrières blanches, les écluses et les bélandres
entourent l’adolescente Mijke de circonstances paisibles. »
Quelques films sentimentaux, « Vieille Hollande »
Pierre Mac Orlan, Poésies documentaires complètes
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