Accueil Édition Abonné Le pape a aussi dit « avec la vie, on ne joue pas, ni au début ni à la fin »

Le pape a aussi dit « avec la vie, on ne joue pas, ni au début ni à la fin »

Ma vie à l'Assemblée, la chronique mensuelle d'Emmanuelle Ménard


Le pape a aussi dit « avec la vie, on ne joue pas, ni au début ni à la fin »
Le pape François, et Emmanuel Macron. ©Sebastien Nogier, Pool via AP/Sipa.

Élections sénatoriales obligent, la rentrée parlementaire a eu lieu fin septembre. En attendant de retrouver tous leurs «gentils» camarades dans l’Hémicycle, les députés ont continué d’arpenter leur circonscription. Enfin, ceux qui le voulaient bien…


Politique à papa ?

Septembre est synonyme de rentrée. Pour les écoliers certes, mais aussi pour les associations qui se réunissent dans chaque commune pour présenter leurs activités et tenter d’appâter le plus d’adhérents et de bénévoles possible… Une bonne occasion pour les députés d’aller à leur rencontre et de prendre leur pouls. À chaque rentrée, j’ai le droit à la même question : « Est-ce que vous pourriez nous aider pour notre projet avec la réserve parlementaire ? » Pour mémoire, cette« réserve » permettait aux députés et sénateurs de disposer d’une enveloppe (130 000 euros en moyenne par député et par an) pour subventionner les associations et les petites communes de leur circonscription. Pour mémoire toujours, ce mécanisme a été supprimé par la majorité de Monsieur Macron, dès son arrivée au pouvoir en 2017, sous prétexte qu’il était « opaque et clientéliste ». [Notons quand même que la liste des associations et les montants reçus étaient tout à fait publics. Notons également, pour l’accusation de clientélisme, que cela n’a pas empêché nombre de députés qui en avaient disposé avant 2017 de se faire battre à plate couture. CQFD.]

Pour ne pas pénaliser les associations qui en étaient traditionnellement destinataires, la « réserve » a été remplacée par le fonds de la vie associative (FDVA), directement géré par les préfectures. Petit problème, le budget alloué au FDVA a été divisé par deux par rapport aux fonds de la réserve parlementaire et il est à la totale discrétion des préfets, bien connus pour leur parfaite connaissance des petites associations qui œuvrent dans leur département. (À leur décharge, c’est vrai qu’ils n’ont que ça à faire…) Bref, une belle idée bien noble – il fallait en finir avec l’« ancien monde » – qui démontrait une sacrée méconnaissance des réalités et qui se solde une nouvelle fois par un fiasco. À noter que plus d’une centaine de députés, dont je fais partie (et dont certains de la majorité) ont signé une proposition de loi transpartisane au printemps dernier pour rétablir cette très utile réserve parlementaire. J’ai lu dans une certaine presse que ce serait le retour de la « politique à papa ». Comme quoi la politique à papa pouvait avoir du bon…

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Vendanges

Septembre est également synonyme de vendanges. Du moins chez moi à Béziers et alentours… Plus de 20 caves coopératives et particulières visitées. Avec quelques difficultés récurrentes : la sécheresse, bien sûr – avec une baisse des récoltes d’environ 30 % par rapport à 2022 –, mais aussi la déconsommation du vin au profit de la bière… Voilà qui préoccupe bien plus nos viticulteurs que le glyphosate dont la Commission européenne a proposé de prolonger l’autorisation jusqu’en 2033. Lequel glyphosate est, je le rappelle, en vente libre en Espagne… nos voisins !

ADN canin

Il est une calamité que nos élus locaux connaissent bien, mais qui fait ricaner les grands de ce monde qui, eux, ont des problèmes importants à régler : les crottes de chien. Eh oui, ne riez pas amis lecteurs ! Ce fléau-là, Béziers a décidé de s’y attaquer. Comment ? En mettant en place un système de prélèvement de l’ADN des chiens qui permet de retrouver les maîtres indélicats (ceux qui ont du mal à ramasser les déjections de leur animal préféré) et leur faire payer les frais de nettoiement des trottoirs de la ville. Pour nos lecteurs amis des bêtes, le geste – un frottis buccal – est tout à fait indolore. Pour nos lecteurs soucieux des finances de nos concitoyens biterrois, deux journées de prélèvements totalement gratuits ont été organisées par la Ville de Béziers qui a testé plus de 1 100 chiens… Enfin, pour nos lecteurs amis des libertés, le laboratoire qui recherche l’ADN est agréé et c’est lui qui collecte et sauvegarde les informations concernant chiens et maîtres dans leurs bases de données… Résultat de cette politique à Valence en Espagne : 90 % de déjections canines en moins en six mois. Amis politiques ricanants, rendez-vous dans six mois !

Non-mariage suite…

Le maire de Béziers, qui avait refusé de marier un étranger sous OQTF (obligation de quitter le territoire français) en juillet dernier, aurait-il fait des émules ? On le dirait bien puisque le vendredi 15 septembre, le maire de Charvieu-Chavagnieux (Isère), Gérard Dezempte, a refusé de célébrer le mariage d’un ressortissant algérien qui se trouvait en situation irrégulière. L’élu a estimé qu’il n’avait pas « à assumer cette responsabilité ». À qui le tour ?

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Emmanuel Macron à la messe

Certains à gauche ont beaucoup glosé sur le fait qu’Emmanuel Macron allait assister à la messe du pape. Un non-sujet pour moi. Même si son argument – « J’irai en tant que président et pas en tant que catholique »– me semble étrange… Les mêmes ont beaucoup parlé de la leçon du souverain pontife sur l’accueil des migrants, exhortant l’Europe à choisir la « culture de l’humanité ». Mais ils ont – c’est plus commode – souvent oublié de relater les propos du pape sur le respect de la vie : « Avec la vie, on ne joue pas. Ni au début ni à la fin. Aujourd’hui, soyons attentifs aux colonisations idéologiques qui […] vont à l’encontre de la vie humaine. Sinon, ça finira avec cette politique de la non-douleur, d’une euthanasie humaniste », a-t-il mis en garde. Comme quoi, l’humanité peut, elle aussi, être à géométrie variable…

Heureux Maralpins !

Nous avons appris il y a quelques jours que le préfet de l’Hérault, Hugues Moutouh –vous vous souvenez ? « Deux claques et au lit ! » en parlant des émeutiers suite à la mort de Nahel à Nanterre, c’était lui… – était muté dans les Alpes-Maritimes. Heureux Maralpins ! Car nous allons regretter – excepté les députés de la France insoumise, c’est certain ! – ce représentant de l’État iconoclaste, à l’écoute, inventif et surtout courageux ! Comme quoi, l’État, ça n’existe pas. Seuls ses représentants et leurs qualités comptent…

Octobre 2023 – Causeur #116

Article extrait du Magazine Causeur




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Ancienne députée

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