Après que David Desgouilles a attiré mon attention sur la délicate proposition du député vert Yves Cochet visant à squeezer les allocs au-delà du troisième enfant, histoire d’émettre moins de CO2, je dois avouer avoir été saisi par une série de perplexités.
Il y a tout d’abord l’absence totale de réactions indignées. La bonne presse et la classe politique, si promptes à dégainer la moraline et le trémolo dès qu’une idée dépasse, ont été d’une discrétion exemplaires. Parce qu’en vrai, qui c’est qui fait des tripotées de mioches dans ce pays ? On va mettre à part les cas les plus particuliers (catholiques villieristes, loubavitchs, Brad Pitt et Angelina Jolie). Reste donc le noyau dur de la race des géniteurs-pollueurs, à savoir deux types de populations : les pauvres et les issus de la diversité, sans compter l’intergroupe. C’est donc aux immigrés et aux plus démunis que le député vert a proposé qu’on coupe les vivres – et plus si mésentente, allez savoir…
Imaginez un instant que Jean-Marie Le Pen eut hasardé le même raisonnement et les mêmes aboutissants, et je vous laisse imaginer le paysage. C’est reparti comme en 40, Adolf revient, stérilisation forcées, eugénisme néo-nazi, rien que d’y penser, j’entends déjà le Horst Wessel Lied qui siffle à mes oreilles. C’est d’ailleurs à peu près les mêmes flonflons qu’on aurait entonné si un UMP ou un socialiste pris de boisson avaient tenu des propos similaires en fin de banquet. On a tondu George Frèche ou plus récemment Alain Destrem pour des stupidités certes avérées, mais moindres. Le mieux, en politique, quand on n’est pas très doué et qu’on ne veut pas dire de conneries, c’est encore de ne rien dire, comme les collègues. Ou alors de dire du mal de Khomeiny ou de l’anorexie et du bien du Général ou des éoliennes.
Apparemment, Yves Cochet, comme souvent les autres Verts, peuvent eux, dire n’importe quoi sans prendre de gants, sans jamais prendre le risque de devenir les méchants ni même les bouffons de service. Ils peuvent proposer qu’on mette le litre de gasoil à 4 euros, qu’on supprime le chauffage des terrasses de cafés, qu’on rompe immédiatement les relations diplomatiques avec la Chine et Israël ou qu’on interdise les couches-culottes jetables : ça rentre comme dans du beurre.
L’hypothèse optimiste, c’est qu’on les laisse raconter ce qu’ils veulent parce qu’on présuppose qu’ils ne sont là que pour amuser la galerie, qu’ils n’ont aucune chance d’accéder au pouvoir. Cause toujours, coco, c’est pour de rire ! C’est une option pertinente, mais fausse ou en tout cas partielle. Tout d’abord parce le FN non plus n’a aucune chance d’arriver aux affaires et ne bénéficie pas exactement de la même mansuétude. Ensuite parce que les Verts restent indispensables à une éventuelle victoire électorale de la gauche, et toucheront donc les dividendes ministériels qui iront avec. Vous avez aimé Morano à la famille, vous allez adorer Cochet !
L’hypothèse pessimiste, c’est qu’on laisse filer les conneries les plus saillantes que les Verts profèrent, parce que, plus encore que les socialistes, ils sont une sorte de surmoi du camp du Bien et de ses annexes médiatiques. Et donc ontologiquement intouchables. OGM issus des ADN combinés de mère Teresa, Zidane et François Truffaut, les Verts peuvent même parfois raconter des horreurs (un peu comme en son temps l’Abbé Pierre), on ne leur en tiendra jamais rigueur parce qu’on sait qu’elles sont pavées de pures intentions, et qu’ils veulent in fine notre bien, celui des bébés phoques et de Gaïa, notre mère à tous. La messe est dite.
Si les Verts ne bénéficiaient pas d’un Ausweis médiatique sans limitation de durée ou d’insanité, il se serait trouvé un éditorialiste humaniste pour dérouler la pelote de Cochet. J’aurais bien vu un long cri d’indignation dans le registre éprouvé : « Mais pourquoi Monsieur Cochet s’arrête-t-il en si bon chemin ? » Parce qu’il va de soi que les vrais coupables de cette pollution infantile ce sont les parents. Et les parents de ses marmots générateurs de CO2 viennent bien souvent de pays où ils consommaient moins, donc polluaient moins. Au nom de l’urgence écologique et du principe de précaution réunis, qu’est-ce qu’on attend pour les renvoyer chez eux avec un coup de pompe dans le cul et un arrêté d’expulsion sur papier recyclé?
Franchement, cher Yves Cochet, jusque quand tolérera-t-on ces étrangers qui viennent bouffer la couche d’ozone des Français ?
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