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L’Affaire Philip Roth


L’Affaire Philip Roth

La gloire usurpée de Philip Roth avait commencé avec Goodbye, Colombus, couronné du National Book Award en 1960. Elle devint mondiale en 1969 avec Portnoy et son complexe. Mêlant sans vergogne autobiographie et fantaisie romanesque, Roth avait fini par se faire passer pour le « maître de l’auto-fiction contemporaine ». Toute son œuvre pourtant aurait dû se limiter à un seul titre : Tromperie. Le petit jeu truqué de Philip Roth, sa complaisance malsaine dans l’ambiguïté, tout cela est aujourd’hui heureusement fini. Ulysses R. Erdoes n’a que faire des fictions : ce que son travail a apporté est d’un tout autre ordre. Ce sont des preuves formelles, et une terrible image qui, elle, ne ment pas.

Aujourd’hui, le masque derrière lequel Philip Roth dissimulait son nazisme à la face du monde est définitivement tombé. Toute l’œuvre du romancier le plus surcoté d’Amérique mérite d’être lue sous un jour entièrement nouveau. Et il est vrai qu’à la relecture, il est presque incompréhensible que le pot aux roses n’ait pas été découvert infiniment plus tôt ! Le nazisme de Philip Roth éclate à chacune de ses lignes ! Dès Portnoy et son complexe, ne pouvons-nous pas lire en effet : « Docteur Spielvogel, voici mon existence, mon unique existence, et je la vis au milieu d’une farce juive ! Je suis le fils dans cette farce juive ! » Mais l’œuvre décisive au regard de l’Affaire Roth est bien sûr Le complot contre l’Amérique, publié en 2004. Philip Roth, jouant avec le feu comme jamais, fit alors passer pour un roman ce qui était en réalité son grand livre d’aveu. Il y imagine en effet les Etats-Unis gouvernés, dans les années 1940, par Charles Lindbergh, célèbre aviateur et admirateur de Hitler, qui impose le nazisme dans tout le pays, réalisant ainsi les plus noirs fantasmes de Roth.

Un autre indice aurait dû également alerter la vigilance des intellectuels authentiques. Au début des années 70, Philip Roth se rend fréquemment à Prague et s’y lie d’amitié avec… le dénonciateur stalinien Milan Kundera ! Les deux romanciers forment en quelque sorte un Pacte germano-soviétique à eux tous seuls ! Chez l’un comme chez l’autre, la même équation implacable se vérifie : ironie + misogynie = totalitarisme. Les deux monstres présentent du reste d’innombrables traits de caractère communs : ils sont nihilistes, morbides et obsédés sexuels. Ils rivalisent de narcissisme, de morgue et d’insensibilité. Reclus dans leur tour d’ivoire glacée, ils haïssent toute espèce d’harmonie et l’humanité entière.

Après les Affaires Grass et Kundera, la démocratie remporte aujourd’hui, grâce à Ulysses R. Erdoes, sa troisième grande victoire contre les maléfices du roman. Le démon de l’ironie gît à terre, immobile, et celui de la dissimulation agonise à son côté, le flanc agité de quelques derniers piteux soubresauts. En publiant Laisser courir en 1962, roman dont le titre résonnait comme un mot d’ordre, le Hitler de Newark espérait sans doute bénéficier d’une éternelle impunité. Mais c’était compter sans le svelte, sportif et mélancolique Ulysses R. Erdoes, l’un de ces rares hommes de courage qui n’acceptent pas que la démocratie mondiale continue à vivre dans la terreur à cause des caprices d’une poignée de vieillards totalitaires à l’imagination déréglée. Les alter ego grimaçants de Roth peuvent aller se rhabiller maintenant. Le jeu est terminé. Plus personne ne veut vous entendre raconter des histoires ! Le mensonge n’est plus à l’ordre du jour. Le mensonge fait partie du passé. Adieu, Nathan Zuckerman ! Adieu, David Kepesh ! Goodbye, Philip Roth !

Portnoy et son complexe

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Novembre 2008 · N°5

Article extrait du Magazine Causeur



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