Le lynchage de policiers survenu le 20 juillet dans le quartier de la Guillotière a démontré à la France entière que certains quartiers de la capitale des Gaules étaient devenus des zones de non-droit.
Lyon fut très longtemps une Reine. D’abord capitale des Gaules, elle éclaira ensuite la Renaissance de ses activités éditoriales intenses, fut le cœur battant du grand commerce européen et de la banque, étroitement liée à l’Italie. Elle fut aussi le berceau de l’industrie de la soie. Splendide et nonchalante, elle offrait aux caresses du soleil les bâtiments ocre et jaunes de ses vieux quartiers. Il en effleurait les façades, fardant avec amour les yeux grands ouverts de leurs jalousies qui veillaient sur la valse du temps.
Non sans une certaine arrogance, Lyon aimait aussi à exhiber le faste haussmannien de ses quartiers plus récents.
Place Bellecour, la statue équestre de Louis XIV rappelait à quiconque que Lyon était une ville soleil. Depuis la colline où l’on prie, la basilique de Fourvière, tutélaire, veillait sur elle tandis que deux fleuves rivalisaient pour la séduire. La Saône languide et paresseuse s’étirait sous ses ponts tandis que le Rhône impétueux heurtait leurs voûtes en des crues endiablées. Rabelais y opéra à l’Hôtel Dieu, Louise Labé et Maurice Sève y firent des vers. De la Croix-Rousse descend toujours le Chant des Canuts.
Lyon accueillait en son sein une Histoire qu’elle recueillait et qui la faisait briller.
Lyon s’éteint doucement
Pourtant, depuis quelques temps déjà, notre capitale des Gaules ploie sous les assauts d’un monde nouveau qui veut à toute force lui imposer sa laideur. L’été exacerbe les effluves d’urine et de bière mêlées dont on la baigne généreusement. Grégory Doucet, le maire, a tenu, du reste, à contribuer personnellement à la diffusion de cette entêtante fragrance en installant aux quatre coins de la ville de magnifiques urinoirs en inox.
Les « bouchons » où l’on faisait autrefois orgie de plats roboratifs tout en
