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Lynchage de Fillon: la France est-elle encore une démocratie?


Lynchage de Fillon: la France est-elle encore une démocratie?
francois fillon penelope juges medias
francois fillon penelope juges medias
Affiche de campagne de François Fillon, Conde-sur-Vesgre, janvier 2017. SIPA. 00788995_000005

Jusqu’à une date récente, le lynchage médiatique était plutôt une spécialité anglo-saxonne. La presse française pouvait s’honorer d’être plus mesurée et plus équilibrée que ses consœurs britanniques ou américaines. Mais l’arrivée d’Internet, des réseaux sociaux, des chaînes d’informations permanentes, a bouleversé le paysage médiatique partout dans le monde. La France n’y échappe pas.

Il est stupéfiant de constater la façon dont certaines des allégations sorties par Le Canard enchaîné et Médiapart sont reprises en boucle par presque tous les médias. Ces affirmations sont totalement à charge et peu de rédactions osent donner des arguments à décharge, alors que ceux-ci existent et sont d’importance. Il est encore plus stupéfiant de constater que la justice s’est emparée de cette affaire alors que rien ne justifie qu’elle le fasse.

Quelles sont les accusations formulées ? François Fillon aurait employé son épouse et deux de ses enfants au cours de ses mandats successifs de député puis de sénateur. Et ces emplois ne seraient pas réels mais fictifs.

Collaborateur parlementaire, tout un métier

Quels sont les journalistes qui ont étudié la loi concernant le statut et les fonctions des collaborateurs parlementaires ? Quels sont les journalistes qui ont rapporté à leurs lecteurs ces éléments de base permettant de se faire une opinion éclairée sur les allégations formulées par les accusateurs ? Quasiment aucun ! Ce qui montre la partialité de la majorité des organes de presse et leur absence éhontée de déontologie !

Alors rappelons la loi telle qu’elle existe. Chaque député dispose d’un crédit mensuel forfaitaire de 9.561 € lui permettant de recruter et rémunérer jusqu’à cinq collaborateurs. Quant au sénateur, il dispose d’un crédit de 7.593 € pour la rémunération, lui aussi, d’un maximum de cinq collaborateurs. Pour la simplicité du propos, je me limite ci-après au seul cas des députés.

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Chacun des députés a la qualité d’employeur. Le collaborateur est le salarié du député, non celui de l’Assemblée nationale. Les collaborateurs sont recrutés sur la base d’un contrat de travail de droit privé. Le député recrute librement ses collaborateurs, licencie, fixe les conditions de travail et le salaire de son personnel, dans le respect des dispositions du code du travail. Les contrats de travail comportent deux stipulations directement liées au mode de gestion du crédit collaborateur. La première, relative à l’objet du contrat, dispose que « le député-employeur, agissant pour son compte personnel, engage le salarié qui lui est juridiquement et directement subordonné et a toute sa confiance pour l’assister dans l’exercice de son mandat parlementaire ». La seconde précise que « la cessation, pour quelque cause que ce soit, du mandat du député-employeur constitue une juste cause de rupture automatique du contrat ». Depuis 1978, des indemnités de fin de contrat, financées par l’Assemblée nationale,  sont allouées aux collaborateurs en cas de cessation du mandat du député-employeur (ce qui justifie les indemnités – qualifiées de « licenciement » par le Canard enchaîné – perçues deux fois par Pénélope Fillon).

La fiction des emplois fictifs

Certains prétendent qu’il s’agirait d’emplois fictifs. Dès lors que les contrats de travail et les feuilles de paie existent en bonne et due forme – ce qui semble être le cas – il ne peut pas y avoir emploi fictif puisque la seule personne à pouvoir juger et contrôler le contenu et la valeur du travail effectué est le parlementaire lui-même. Imagine-t-on la justice intervenir dans une entreprise pour vérifier la réalité du travail d’un de ses salariés ? Seul l’employeur a qualité pour le faire.

On reproche à François Fillon de ne pas apporter de preuves du travail réel effectué par Pénélope. Peut-être en a-t-il d’ailleurs fourni à la justice. Mais en tout état de cause, comment prouver qu’on a préparé un discours du député, qu’on l’a corrigé à plusieurs reprises, qu’on a préparé les réponses aux nombreux courriers des administrés, qu’on a mené un travail de réflexion ou de recherche sur un sujet donné ?

La façon dont les médias ont traité cette affaire est assez exceptionnelle. Les accusations à l’encontre de François et Pénélope Fillon ont monopolisé depuis plus de deux semaines la quasi-totalité de l’information en France. Paul Valéry affirmait à juste titre : « Le mensonge et la crédulité s’accouplent et engendrent l’opinion ». Jamais ces paroles n’ont été aussi vraies. A tel point que même les plus ardents supporters de François Fillon se sont mis à douter de son honnêteté. Et l’information est devenue un feuilleton quotidien, chacun cherchant à justifier les propos de Samuel Butler, cet écrivain britannique du XIXe siècle : « Le meilleur menteur est celui qui fait servir le même mensonge le plus longtemps possible ».

L’opinion sous influence

Pourquoi cette affaire sort-elle précisément en janvier 2017 alors que les faits reprochés remontent à plusieurs années ? Pourquoi la justice s’en empare-t-elle avec une telle diligence ? Quel objectif cherchent à atteindre ceux qui ont manipulé et fabriqué l’opinion, ceux qui l’ont mise sous tutelle ?

La réponse est évidente. Dans un premier temps, il s’agit de faire baisser François Fillon dans les sondages et dans les intentions de vote pour arriver au constat que le candidat de la droite et du centre ne sera pas qualifié pour le second tour de l’élection présidentielle. L’objectif suivant étant de l’obliger, sous la pression des mauvais sondages, à renoncer à se présenter à l’élection pour laisser le champ libre au duel rêvé par les médias – entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron (ce dernier est d’ailleurs une pure fabrication du système médiatique). Dès que l’objectif sera atteint, la presse cessera de s’intéresser au cas de François Fillon. Le « PénélopeGate » disparaîtra immédiatement des radars médiatiques.

Concernant la justice, notons que c’est le parquet national financier (PNF) qui s’est autosaisi de l’affaire, 24 heures seulement après les révélations du Canard enchaîné. Le PNF, présenté comme « autonome », a été installé par le gouvernement socialiste le 6 décembre 2013, et son procureur, la magistrate Éliane Houlette – une proche de Ségolène Royal – a été choisie et nommée à la discrétion de François Hollande.

La démocratie confisquée

François Fillon risque d’être la dernière victime en date de cette presse uniquement motivée par la réussite des lynchages médiatiques qu’elle met en œuvre. Dans la série des assassinats politiques, il succédera ainsi à Jacques Chaban-Delmas (l’affaire de sa feuille de paye et de l’avoir fiscal), à Valéry Giscard d’Estaing (l’affaire des diamants de Bokassa), à Pierre Bérégovoy (l’affaire de son prêt à taux zéro qui le conduira au suicide), mais aussi à Dominique Baudis, Michèle Alliot-Marie ou Nicolas Sarkozy.

À propos de l’action du PNF dans l’affaire Fillon, un ancien juge interrogé par Valeurs actuelles dénonce une « très belle opération de déstabilisation » et « un coup d’État de droit ! ». Il ajoute : « Ces officines pensent qu’elles peuvent disqualifier un candidat à la présidentielle, c’est extrêmement choquant. » Dans le même journal, un ancien ministre s’indigne : « Pour la première fois dans l’histoire dela Ve République, on a créé un “cabinet noir légal” au service de l’exécutif. »

La question est désormais simple : sommes-nous en train de glisser vers une dictature des médias et des juges, auquel cas la démocratie représentative serait en grand danger ! Notre démocratie, qui donne au peuple le pouvoir ultime, va-t-elle être confisquée par ceux qui se prétendent être ses défenseurs, à savoir les juges et les médias ?

Quatre millions et demi de Français se sont déplacés au mois de novembre dernier pour désigner – à une très large majorité – François Fillon comme candidat de la droite et du centre à la prochaine élection présidentielle. Ils ont voté pour un programme et ils ont voté pour l’homme en capacité de le mener à bien. Si cet homme devait se trouver dans l’impossibilité de poursuivre sa candidature, le peuple français vivrait alors un véritable déni de démocratie.

Le risque, après toute cette affaire, c’est de faire le jeu de Marine Le Pen au second tour de l’élection, en amenant tous les électeurs qui se seront fait confisquer leur élection par le retrait forcé de François Fillon, à voter en masse pour elle. Dès lors, bonjour le destin de la France !



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