Au début de la crise en Libye on parlait de massacres. Plus tard, on a plutôt parlé des massacres à venir qu’il faudrait empêcher. On évoquait les menaces explicites de Kadhafi envers les habitants de Benghazi et le passé chargé du dictateur. Il fallait croire ce qu’il disait et intervenir avant qu’il soit trop tard.
Depuis quelques jours, les allers-retours des forces pro et anti-Kadhafi permettent de voir comment les forces fidèles au Frère guide se comportent dans des villes libérées qui tombent de nouveau entre leurs mains. Pierre Barbancey de l’Humanité l’avait fait. Il s’est rendu à Ajdabiya, une ville côtière située à 150 km à l’ouest de Benghazi et considérée comme un verrou sur la route principale qui mène vers la capitale de la rébellion. Voici son témoignage :
« En entrant dans Ajdabiya, que l’on avait quitté il y a dix jours alors que les troupes kadhafistes y étaient victorieuses, on est surpris par l’état de la ville. Il ne semble pas y avoir eu de « durs » combats et les magasins n’ont pas été pillés, ni détruits par des « soldats enragés », ainsi que le proclame Libya Horia, la radio de la rébellion dont le ton s’islamise de plus en plus. Quelques façades portent des impacts de balles mais ce sont celles situées sur la route principale. Les quartiers n’ont pas été touchés et il n’y a pas eu de forte résistance de la part d’une population qui a préféré se réfugier à Benghazi ou dans les fermes environnantes. »
Plus étonnant encore est un certain délire qui semble s’emparer de quelques têtes rebelles. Selon Pierre Barbancey les insurgés pour leur part voient en Kadhafi un allié d’Israël. « On nous a même demandé, raconte-il, s’il était vrai qu’à Benghazi l’armée israélienne était venue soutenir les forces gouvernementales ! ».
Avec un tel sens du discernement, pas étonnant que les rebelles aient abattu leur propre avion de chasse au-dessus de Benghazi…
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