Sous le haut patronage de Frédéric Beigbeder, Lui, le magazine de l’homme moderne revient dans les kiosques, le 5 septembre prochain. 200 pages, un grammage soyeux, un beau tirage (400 000 exemplaires). Sans mentir, si son ramage se rapporte à son plumage, nous sommes devant le Phénix de la presse écrite. La renaissance d’un titre qui titille notre curiosité d’anciens lecteurs, c’est-à-dire d’hommes modernes comme on nous définissait dans les années 70. Le genre de gars qui ne s’offusquaient pas de voir une fille dénudée en couverture, une enquête sur les réseaux de call-girls, un papier sport de Blondin et un entretien avec Pierre Messmer. Espérons que les nouveaux propriétaires ne tombent pas dans le panneau du lifestyle, du masculin aseptisé, modeux, ripoliné aux grandes marques de montres et de cosmétiques. Les annonceurs premium aiment que la photo soit léchée et le contenu vide de sens. « Ça booste les ventes », paraît-il. La pression économique exercée sur la presse magazine oblige parfois les journalistes à modérer leur propos et leurs ardeurs. Un dérapage est si vite arrivé. Dans le feu de l’action, on dévoile le sein d’une jeune actrice, on vante les mérites d’une voiture de sport qui file à 300 km/h ou on laisse la parole à un vieil anar. Crac, c’est l’accident éditorial. Fin de l’aventure. Nous avons changé d’époque, les idéaux, les opinions, la transgression, c’est une sale manie des années 60-70, d’enfants gâtés. C’est la règle des 3 R qui domine un peu partout : Rigueur, Récession, Reniement. La tâche n’est donc pas aisée : ressusciter un magazine qui se voulait libéré aujourd’hui où la liberté est presque devenue un gros mot. Nous sommes persuadés que cette nouvelle rédaction réussira à déjouer les pièges du politiquement correct.
La création d’un nouveau magazine est, à elle seule, une excellente nouvelle qui réjouit tous les papivores. Si nous pouvons juste vous donner un conseil, c’est de vous (re)plonger dans les archives de la revue. Dans ces années héroïques et érotiques, il y a matière à glaner des pistes iconoclastes, retrouver cet esprit frondeur, cette verve oldschool qui manquent à nos publications souvent calibrées comme des plans OGM. Revoir toutes ces anciennes couv’ est, à la fois, inspirant et désopilant. On ne se lasse pas de mater les corps d’Isabelle Huppert, Fiona Gélin, Corynne Charby, Valérie Lagrange, Nicole Calfan, Florence Guérin ou la sublime Marie-Hélène Breillat. Ou d’aborder des thèmes délicieusement grivois, genre « Les filles de Port-Grimaud », « Les appas des filles à papas célèbres » ou le « machiste » et « discriminant » : « Méfiez-vous de votre secrétaire ! ». On s’interrogerait alors sur des sujets brûlants : « Qu’est-ce qu’un goujat ? », « Don Juan est-il français ? » ou encore « Mais où sont les boxons de papa ? ». Côté actualité politique, nous avions droit à un tête à tête avec Michel Jobert ou une étrange rencontre avec un communiste défroqué. Que la rédaction ne perde pas complètement de vue cette insolence graveleuse, cette drôlerie libertine et ce mélange nostalgique des genres (belles photos et textes stylés). Le 5 septembre, nous serons en tout cas parmi vos premiers lecteurs.
*Photo : Lui.
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