L’imam a beau être invité sur France Inter, il est très éloigné des musulmans, malheureusement nettement moins « progressistes » que les auditeurs de l’impayable radio publique. 63% d’entre eux considèrent l’homosexualité comme une maladie ou une perversion.
Le 6 mai, l’imam Ludovic-Mohamed Zahed participait à l’émission « En marge » sur France Inter. Et c’est vrai que pour être en marge il l’est et pas qu’un peu ! Un imam atypique et c’est une litote ! En raison de son homosexualité tout d’abord, et de ses actions. En 2010 il fonde l’association Homosexuels musulmans de France. En juin 2011, il se marie civilement avec un homme en Afrique du Sud et religieusement en France en février 2012. La même année il déclare « si le prophète Mahomet était vivant, il marierait des couples d’homosexuels ». Toujours en 2012 il cofonde la première mosquée « inclusive » de France. En 2014, en Suède, il marie deux femmes iraniennes.
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Représentations identitaires incompatibles
Cependant, en écoutant les prises de position de cet imam progressiste, qui prétend pouvoir réconcilier islam et homosexualité, on ne peut s’empêcher de penser que son combat est perdu d’avance. Évoquant sa sexualité et sa spiritualité il déclare : « Je porte en moi des représentations identitaires dont on dit qu’elles sont incompatibles et que je vis de plus en plus tranquillement. En fait, le chien aboie, la caravane passe ». Ces « représentations identitaires » sont bel et bien « incompatibles » pour une majorité de musulmans en France. En effet, selon une enquête d’opinion réalisée par l’IFOP en juin 2019, 63% des musulmans perçoivent l’homosexualité comme « une maladie » ou « une perversion sexuelle ».
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Le réel fournit régulièrement pléthore d’exemples qui viennent corroborer le résultat de cette étude. D’ailleurs cette dernière ne reflète pas uniquement l’opinion des musulmans français sur l’homosexualité, mais la conception qu’en ont les musulmans en général. Pas besoin de remonter plus loin que le 11 mai dernier, à Genk, en Belgique, où un collège de la ville organisait un atelier de lutte contre l’homophobie dans la cour de l’établissement lorsque de nombreux élèves se sont réunis autour du stand de l’association LGBT et ont vertement pris à partie les personnes présentes en hurlant « Allah Akbar ». Un employé de la mairie présent au moment des faits rapporte que ces jeunes « étaient une centaine. Ils nous ont crié dessus, nous ont jeté des bouteilles et ont craché sur les cœurs arc-en-ciel exposés sur le stand ». « Le chien aboie » dit l’imam, visiblement, parfois, le chien ne se contente pas d’aboyer et peut prendre la forme d’une meute de loups aux dents et griffes bien acérées.
L’enfer de la musulmanosphère française
Ce qui est presque comique à observer est l’abyssal décalage qui existe entre un islam jugé progressiste que tentent de promouvoir les médias mainstream, en invitant un imam homosexuel comme M. Zahed ou des femmes imames comme Eva Janadin et Anne-Sophie Monsinay, et la conception de l’islam qui est majoritairement présente sur les réseaux sociaux et plébiscitée par des centaines de milliers d’internautes. En effet, alors que l’imam Zahed explique sur France Inter qu’il est possible d’être « imam et trans », « queer et musulman » et que la présentatrice s’enthousiasme face à cet imam qui « propose un autre discours, plus ouvert, plus moderne », les figures les plus suivies et écoutées de l’islam en France propagent un discours bien différent que d’aucuns qualifieraient de radical. Pêle-mêle nous pouvons citer Nader Abou Anas (779 000 abonnés sur Youtube, 469 000 sur Instagram), Éric Younous (198 000 abonnés sur Youtube, 80 000 sur Instagram), Islammag (129 000 abonnés sur Youtube, 110 000 sur Instagram), Rachid Eljay (près de 2,4 millions d’abonnés sur Youtube, 871 000 sur Instagram), Redazerelevrai (361 000 abonnés sur Youtube, 366 000 sur Instagram). Les vidéos de ces « youtubeurs islamiques » se chiffrent en centaines de milliers, voire millions de vues. Inutile de préciser que la liste ci-dessus n’est pas exhaustive (Hassan Iquioussen et Tariq Ramadan n’y figurent pas, par exemple, alors qu’ils y ont toute leur place). De son côté, l’imam inclusif Zahed n’a que 5000 abonnés sur Instagram. L’islam progressiste, combien de divisions ?