Nos responsables politiques voient les violences qui les arrangent. Un aveuglement symétrique qui permet aux progressistes de ne dénoncer que la brutalité des dictateurs et à la droite nationale de se focaliser sur celle des banlieues.
D’anciennes déclarations pro-Poutine des deux candidats de droite les mettent dans une situation embarrassante, même s’ils ont condamné sans ambiguïté l’invasion russe en Ukraine. Au-delà de l’usage tactique que leurs adversaires en feront pour les disqualifier (c’est de bonne guerre), le rapport à Poutine de la classe politique française nous éclaire sur les relations ambiguës qu’elle entretient avec la violence.
Surprise générale
À la surprise générale – sauf celle de la CIA –, la Russie a donc décidé d’envahir l’Ukraine le 24 février dernier, un scénario auquel le président ukrainien lui-même ne croyait pas deux jours auparavant. En Europe occidentale, où une bonne partie des autorités était jusque-là mobilisée autour de l’aération régulière des lieux clos à des fins sanitaires, ainsi qu’au lavage fréquent de nos mimines, le choc a été rude. Dans un univers où la force brutale délégitimée a fait place en théorie, à l’empathie, à l’échange dans le respect mutuel du point de vue de son prochain, le réveil est douloureux.
Aujourd’hui dans les kiosques: Causeur #99: Poutine détruit l’Ukraine et flingue la présidentielle
Vladimir Poutine nous rappelle ainsi que la violence existe dans les relations internationales et qu’elle fut malheureusement souvent couronnée de succès. Si l’on se limite à la seule Europe, le recours aux chars et aux missiles n’est pas l’apanage du nouveau tsar russe. La force armée et les morts civils n’avaient pas autant disparu du continent européen depuis 1945 qu’on tente de nous le faire croire : les invasions furent soviétiques à Budapest en 1956, à Prague en 1968, les bombardements américano-otaniens en Serbie en 1999.
Réensauvagement du monde
De même, à l’intérieur
