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Présidentielles: LR peut raisonnablement y croire

À droite, la machine à perdre s'enraye


Présidentielles: LR peut raisonnablement y croire

Ils sont encore nombreux ceux qui traitent LR avec condescendance, voire mépris…


On le comprend de la part de ses adversaires. Mais cette attitude est néanmoins plus étonnante quand elle émane d’apparents soutiens qui ont trop longtemps fait comme si ce parti était moribond et qu’il convenait seulement de l’achever ! Une réunion a eu lieu récemment entre Bruno Retailleau, Valérie Pécresse, Michel Barnier, Laurent Wauquiez et Philippe Juvin. C’est un bon début. Ils ont convenu de la nécessité d’une candidature unique pour que la droite et le centre puissent espérer l’emporter. S’ils ne parvenaient pas à s’entendre pour le mois de septembre, seraient organisées enfin les modalités d’un départage vraisemblablement ouvert aux militants et aux sympathisants.

François Baroin n’y va pas

Le lendemain de cette rencontre, Xavier Bertrand – c’est un geste de bonne volonté à apprécier comme tel de sa part – s’est entretenu avec les trois « sages » de LR (Leonetti, Larcher, Jacob) parmi lesquels je considère avec ironie Christian Jacob qui n’a pas cessé d’avoir du retard à l’allumage pour le parti qu’il préside. Il a attendu désespérément François Baroin qui avait dit non, et il s’est opposé à une primaire, confondant la réussite incontestable de celle de 2017 pour François Fillon avec la catastrophe de ses suites.

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Ce n’est pas à dire que ces deux rendez-vous vont magiquement régler le problème des ambitions et des rapports de force. Je ne vois d’ailleurs pas pourquoi on se moquerait, au sein ou tout proche de LR, de cette surabondance d’intelligences et de talents.

Pécresse entend « restaurer la fierté française »

Le 22 juillet, Valérie Pécresse, dont on nous avait dit qu’elle hésitait, a déclaré officiellement sa candidature à la présidence de la République « pour restaurer la fierté française » et sa participation à la primaire. La manifestation de cette volonté va, d’une part, crédibiliser le processus de départage à venir (sauf consensus peu probable en septembre) et la distinguer nettement de Xavier Bertrand puisque, n’étant pas plus que lui à LR, elle va pourtant se plier à la règle édictée par ce parti. L’implication de la présidente de la région Île-de-France dans le processus est de nature à donner, d’un coup, une dimension capitale à ce que la droite et le centre vont aborder enfin sans hypocrisie.

Il me semble évident de prendre acte du fait que Xavier Bertrand, s’étant engagé le premier et sans que sa stratégie soit pour l’instant mise à mal, n’est pas prêt à abandonner son entreprise solitaire mais attend qu’au fil des prochains mois la coalition des intérêts et la lucidité irriguée par le pragmatisme fassent qu’on vienne à lui plutôt qu’il n’aille vers les autres. Sauf si l’opération de départage entraînait une victoire éclatante de l’un des compétiteurs – par exemple Valérie Pécresse – en même temps que l’élan de Xavier Bertrand stagnerait. C’est à mon sens le seul cas de figure qui pourrait rebattre les cartes de la probabilité que j’ai évoquée plus haut.

Aucune fatalité

On rappelle, avec une sorte de sadisme amer ou voluptueux, l’inimitié forte entre Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand mais, si je ne suis pas naïf, je ne sous-estime pas non plus le sens des responsabilités de ces deux bêtes politiques et je ne doute pas qu’elles sauront déjouer, s’il le faut, les pires pronostics. J’ajoute qu’il serait vraiment catastrophique pour la droite de laisser en déshérence un tel apport, même si la réflexion sur le régalien était plutôt le propre de Laurent Wauquiez avant que la faiblesse absolue d’Emmanuel Macron engendre et stimule les attaques vigoureuses et décisives de Xavier Bertrand sur ce plan. Il n’y a donc aucune fatalité pour que l’affrontement ruine ce que l’intelligence et la répartition des tâches auront à sauvegarder. Cette sagesse sera d’autant plus nécessaire que LR ne devra jamais oublier que sa vie interne et ses débats les plus légitimes se dérouleront sous les yeux d’un Emmanuel Macron vigilant qui tirera profit de la moindre bévue venant gangrener l’unité.

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LREM n’a pas de projet

Au sujet du président de la République, le parti dont je persiste à affirmer qu’il pourra changer la donne au premier tour en détruisant le rêve sombre d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen prétendument assurés de leur second tour, ne devra pas oublier que, sauf calamité sanitaire dévastatrice, le président bénéficiera de cet avantage d’être en place et de représenter une protection légitime et tutélaire, déconnectée des avancées réelles ou non de son mandat.

Mais un dernier élément, dont les élections régionales ont démontré de manière éclatante la validité, tient à ce que LREM n’a pas de projet, qu’elle se réduit à Emmanuel Macron, que ce dernier est à la fois son seul programme et son unique espoir et que LR devra tirer profit de cette pauvreté. Rien n’est gagné mais comment ne pas se féliciter que la machine à perdre se soit enrayée du côté de LR ! Et, pour Xavier Bertrand, on verra.




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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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