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LR: « D’un parti de droite, nous sommes devenus un parti centriste! » Entretien avec Éric Ciotti


LR: « D’un parti de droite, nous sommes devenus un parti centriste! » Entretien avec Éric Ciotti
Éric Ciotti. (PHOTO Hannah Assouline)

Le programme du candidat à la présidence de LR tient en trois mots : autorité, identité, liberté. En édulcorant son discours, la droite a abandonné ces valeurs. Le député des Alpes-Maritimes prône une souveraineté et une fermeté décomplexées afin de lutter contre l’islamisme, le wokisme et les dérives de l’UE. Propos recueillis par Elisabeth Lévy et Jeremy Stubbs.


Causeur. La mort d’Elizabeth II a révélé la fascination, voire l’envie des Français pour sa capacité particulière d’incarnation de la nation. Les « valeurs de la République » si souvent invoquées peuvent-elles rivaliser avec la transcendance monarchique ?

Éric Ciotti. L’émotion suscitée en France par la mort de la reine d’Angleterre nous dit effectivement quelque chose sur notre déficit d’incarnation, mais aussi sur le besoin d’inscription dans une longue tradition. La reine d’Angleterre incarnait la pérennité, la solidité d’un peuple. Les Français regardent cela avec convoitise parce qu’ils ont le sentiment que notre modèle national se détricote. La monarchie traverse les âges, alors qu’on a l’impression que la République s’affaiblit. Les forces du modèle britannique mettent cruellement en évidence nos failles.

Notre modèle républicain peut-il encore produire de l’unité nationale ?

Je le crois, à condition qu’on ne réduise pas la France aux seules racines républicaines aussi majeures soient-elles. Je suis profondément républicain, mais l’histoire de France dépasse la République. On ne peut pas comprendre la France sans le millénaire capétien. Nous sommes les héritiers d’une civilisation forgée tout autant par la monarchie que par l’influence judéo-chrétienne, les Lumières et la Révolution.

Selon la dernière étude de Fondapol, la droite est majoritaire en France. Comment expliquer, donc, que votre parti, jadis la grande formation de la droite française, ait fait le même score aux présidentielles de 2022 que Nicolas Dupont-Aignan en 2017 ?

La droite sous la Ve République a toujours été incarnée. À la base de nos échecs récents, il y a d’abord un déficit d’incarnation, d’absence de leadership. Depuis 2012, on n’a pas retrouvé le leader qui aurait pu succéder à Nicolas Sarkozy. C’est pour cela que, si je suis élu, ma première mesure sera de régler la question du mode de désignation de notre candidat à la présidentielle en supprimant les primaires, et en soumettant au vote des militants la candidature de Laurent Wauquiez.

Ensuite, il y a la fluctuation de notre ligne politique. Nous n’avons plus osé dire et assumer que nous étions de droite. Nous avons édulcoré notre discours par soumission à la domination intellectuelle et médiatique de la gauche. Il faut casser cette domination, sortir de ce complexe qui conduit certains à donner des gages permanents au camp adverse pour être mieux classés dans le camp du bien.

A lire aussi: « La lâcheté de Macron sur le nucléaire a scandaleusement affaibli la France ».

Mais comment pourrait-il y avoir une ligne politique claire dans un grand parti qui rassemble les centristes et la droite, les européistes et les souverainistes ?

Vous avez raison, la fusion du RPR et de l’UDF dans l’UMP a sans doute constitué une erreur. Je reprendrais – même si ce n’est pas ma référence habituelle – une formule de Bayrou prononcée à Toulouse lors de la création de l’UMP : « Quand tout le monde pense la même chose, personne ne pense plus rien. » Cette fusion a empêché la droite de ratisser plus large, elle nous a conduits à nous aligner sur le plus petit dénominateur commun. D’un parti de droite, nous sommes devenus un parti centriste. Et quand la droite n’est plus de droite, elle ouvre un espace à d’autres, et cet espace que nous avons déserté a vite été occupé par Marine Le Pen. Nous avons besoin d’un logiciel idéologique de rupture. C’est pour cela que je prône un projet révolutionnaire qui replace l’autorité au cœur de la société, défend notre identité, installe un vrai programme de liberté économique et valorise le travail face aux dérives de l’assistanat.

Vous citez Jacques Chirac dont la seule méthode de gouvernement a été l’immobilisme. En réalité, de Chirac à Sarkozy, votre parti a trahi ses électeurs…

Il est vrai que nous avons pu décevoir. Mais on doit à Jacques Chirac la sauvegarde de notre souveraineté notamment au moment de la guerre en Irak. Ce n’est pas rien. Quant


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Elisabeth Lévy est fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Jeremy Stubbs est le directeur adjoint de la rédaction.

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