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Louis XVIII et les femmes

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Louis XVIII et les femmes
Marie-Josèphe de Saxe. © Wikipédia

Épisode 1 : La génitrice…


Jaloux de son aîné, qu’il détestait, « le roi sans royaume ne faisait rien sans raison, ni sans calcul ». C’est sous ces traits cruels que l’historien Matthieu Mensch décrit le comte de Provence, futur monarque de la Restauration, au seuil de l’ouvrage qu’il consacre aux Femmes de Louis XVIII – c’en est le titre. A Louis XVI, le cadet de la dynastie Bourbon enviait aussi son Autrichienne, dont il pensait que lui-même l’aurait mérité davantage : « la haine de Monsieur envers son infortunée belle-sœur avait fini par devenir de notoriété publique », au point que sur le tard, il cherchera à se dédouaner. Instrumentant la mémoire de la reine martyre, il fera même construire, en 1826, une chapelle expiatoire : « Marie-Antoinette semble correspondre parfaitement à la vision cynique de Louis XVIII, pour qui les femmes n’étaient que des outils politiques ou de simples faire-valoir ». Quel garçon sympathique…

Les femmes de Louis XVIII

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Par contraste avec son infortunée belle-fille, Marie-Josèphe de Saxe, génitrice des trois frères Berry, Provence et Artois, – soit les futurs Louis XVI, Louis XVIII et Charles X -, constitue à l’ère #MeToo l’archétype rêvé de la femme « invisibilisée » par la domination masculine. Ce « joli laideron », pour reprendre l’expression du duc de Croÿ, son aimable contemporain, se verra idéalisé sous la Restauration par le plus retors de la fratrie royale, soucieux de s’arroger pour lui-même, par la grâce d’une continuité en quelque sorte organique, les vertus supposées de sa mère dont son aîné, avantageusement évincé par le tranchant du couperet, aurait été privé quant à lui absolument. Le pansu mais finaud Louis XVIII se sera durablement ingénié à réécrire l’histoire à son profit : « roi sans épouse, il trouve en la défunte dauphine la première figure féminine hagiographique de la famille royale, dont les mérites ruissellent sur ses héritiers ». Orpheline tour à tour de sa mère, en 1757, puis de son père en 1763, la perte du petit dauphin le duc de Bourgogne, mort en 1765 de tuberculose, sera pour la dévote Marie-Josèphe de Saxe le coup de grâce. Malgré ses nombreuses couches en rafale (quatre princes, sans compter les filles, et trois enfants morts en bas âge), la sainte femme paradoxalement proche du si frivole Louis XV sera, post mortem, la figure centrale d’un dolorisme exploité sans vergogne par son fils préféré.

La semaine prochaine, épisode 2 – Les sœurs



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