Accueil Politique Louis Vuitton au Pont Neuf: des élus d’un autre temps

Louis Vuitton au Pont Neuf: des élus d’un autre temps

Pharrell Williams, Anne Hidalgo, Bernard Arnault, des top models et quelques migrants


À Paris, l’organisation d’un grand défilé Vuitton sur le Pont-Neuf, privatisant l’espace public, fait grincer des dents au sein de la majorité d’Anne Hidalgo.


Une partie de la gauche parisienne, généralement surexcitée, a vu tout rouge hier soir. En cause, la privatisation du Pont-Neuf par le groupe LVMH pour l’organisation d’un défilé de la collection masculine Vuitton créée par l’artiste multicartes Pharrell Williams (notre photo), que ceux de ma génération connaissent surtout au travers de la musique. Le défilé a aussi révélé les failles de la majorité municipale parisienne, plus désunie que jamais. Ainsi, alors qu’Anne Hidalgo a été aperçue et photographiée au premier rang puis en compagnie de Bernard Arnault en personne, manifestement heureuse d’être là, David Belliard, Émile Meunier, et d’autres personnalités de gauche y sont allés de leurs tweets assassins.

Le maire adjoint de Paris à la transformation de l’espace public et aux mobilités Europe Écologie Les Verts s’est montré furieux que le Pont Neuf soit « accaparé par quelques multinationales et une poignée d’happy few ». Étonnant message vu de l’extérieur, David Belliard étant normalement l’allié d’Anne Hidalgo. On doutera du fait qu’il n’ait pas été mis au courant d’un évènement d’une si grande ampleur, très probablement préparé des mois à l’avance et négocié en amont par la mairie qui a dû donner son aval. Laquelle mairie a été, c’est certain, généreusement dédommagée pour ce prêt qui n’aura duré qu’une journée. Sollicités par l’Agence France-Presse, les élus communistes de Paris ont regretté « une publicité démesurée pour LVMH sur l’espace public ».

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Qu’on goûte ou pas la musique de Pharrell Williams et les vêtements Louis Vuitton n’est au fond pas le problème. Il s’agit d’une occupation temporaire qui a été conjointement décidée par les pouvoirs publics, élus par les Parisiens et les Parisiennes. Plutôt que de tempêter sur un défilé qui a été regardé dans le monde entier et qui met à l’honneur une marque française – mon point de vue aurait été tout autre si cela avait concerné un groupe étranger -, David Belliard et les autres devraient se concentrer sur les motifs d’inquiétude légitimes des franciliens mais aussi de tous les Français : la sécurité, la propreté ou encore l’accès au logement.

Un documentaire récent diffusé sur France 2 montrait ainsi la qualité des HLM viennois, extrêmement nombreux et spacieux, aux parties communes parfaitement entretenues. Une denrée plus que rare dans le 75. Le défilé Vuitton aura aussi permis de constater que la capitale est en mesure d’organiser des journées nécessitant une grande logistique et une importante sécurité, ce qui est plutôt rassurant avant les Jeux. On regrettera toutefois que des bateaux n’aient pas été mis à disposition de la population afin que plus de monde puisse assister au concert.

Au même moment, et c’était peut-être voulu, l’association pro immigration clandestine Utopia 56 envoyait 700 migrants occuper la place du Palais Royal. De nombreux parallèles ont été établis, notamment par l’inénarrable Daniel Schneidermann. Oui, il y a de quoi plaindre ces jeunes hommes qui ont tout quitté pour se retrouver dans la misère, mal accueillis et à la rue. Mais le message doit être clair : on ne peut occuper que légalement l’espace public en France. Pourquoi faire venir des gens dans l’illégalité la plus pure et dans la ville la plus difficile d’accès au monde, où même des Français de province à revenus corrects ont du mal à s’établir ? Les indignations à géométrie variable de la gauche la plus déconnectée du pays sont pénibles et hypocrites.



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Gabriel Robin est journaliste rédacteur en chef des pages société de L'Incorrect et essayiste ("Le Non Du Peuple", éditions du Cerf 2019). Il a été collaborateur politique

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