Au cinéma, la reproduction a du bon. La preuve par Louis Garrel et son Homme fidèle.
N’en déplaise aux thuriféraires du « divin » Bourdieu, la reproduction a parfois du bon, et notamment quand elle est artistique. Depuis des décennies maintenant, la tribu Garrel comble le cinéma français. Tout a commencé avec le grand-père et acteur, Maurice, puis avec son fils le cinéaste Philippe, et se poursuit avec le petit-fils Louis, acteur et cinéaste (sans oublier sa sœur, la talentueuse Esther). Après un premier film comme réalisateur, Les Deux Amis, l’héritier dynastique nous revient cette fois avec L’Homme fidèle, parfaite variation sur l’éternelle figure du trio amoureux. Et le point de départ, cette fois, c’est le Marivaux de La Seconde Surprise de l’amour, quand une veuve rencontre un homme esseulé.
Garrel chante avec délicatesse dans son arbre généalogique : celui d’un cinéma français qui irait du côté de Truffaut et de Téchiné notamment. On en veut notamment pour preuve le recours inspiré aux musiques existantes du surdoué Philippe Sarde, des partitions écrites auparavant pour Téchiné et Rouffio. Et quand on évoque Sarde, Sautet n’est jamais très loin. Avec ce deuxième film, Louis Garrel, qui se met en scène aux côtés de Laetitia Casta et Lily-Rose Depp, prouve que sa « petite musique » prend de l’ampleur, comme la formidable scène initiale qui donne son tempo au film. Et rappelle que le rebondissement est au cœur de tout désordre amoureux. Louis Garrel signe un film savoureux.
L’Homme fidèle, de Louis Garrel, en salles depuis le 26 décembre 2018.