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«Lorraine Airport»: Victoire contre un francocide!

Enfin, la loi Toubon respectée!


«Lorraine Airport»: Victoire contre un francocide!
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En 2015, pour faire chic, l’aéroport de Metz-Nancy-Lorraine s’était renommé « Lorraine Airport ». Après huit ans de procédures, la justice confirme enfin qu’en France on parle le français.


Une victoire significative vient d’être remportée contre le tout à l’anglais, par les défenseurs du français, qui entendent faire respecter l’article 2 de la Constitution ainsi que la loi Toubon. Il s’agit de l’affaire de l’aéroport de « Metz Nancy Lorraine », qui vient de trouver son dénouement.

L’affaire a commencé, le 21 août 2015, par un recours gracieux de l’AFRAV (Francophonie Avenir) au directeur de l’aéroport, lui demandant de ne pas utiliser la marque « LORRAINE AIRPORT » au prétexte qu’elle contrevient aux articles 1, 2 et 14 de la loi 94-665, relative à l’emploi de la langue française en France. L’affaire durera huit ans. Le 14 décembre 2023, le juge donne raison, par ordonnance1, à l’AFRAV et condamne la partie adverse à verser 2500 euros au titre de l’article 700 du Code de la procédure civile. Belle victoire pour faire respecter la loi !

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Dire le caractère exemplaire de cette affaire, est-ce peser « des œufs de mouche dans une balance en toile d’araignée » — pour reprendre une image prêtée à Voltaire ? On connaît la soumission générale à l’anglais informatique et commercial, au globish d’aéroport, des institutions, des services publics et des entreprises, des commerces, des médias et des dirigeants européens, de nos élites médiatisées, comme en témoigne l’affaire de notre Identity card2. Et si certains commentateurs de notre actualité préfèrent écrire un énième livre sur les années folles soixante-huitardes ou faire un énième état des lieux des misères du pays, des preux de notre langue, eux, luttent, inlassablement, depuis des années, au sein de leurs associations et dans les journaux, et montent au créneau contre l’anglicisation galopante du français dans notre pays et en francophonie : délitement syntaxique, appauvrissement du vocabulaire, méconnaissance des temps et des modes. Et il y a à  de quoi faire face à un président multiculturaliste, champion de la sape de la langue française dans l’espace francophone, qui pense que parler anglais, c’est bon pour la planète. Comme si parler anglais allait convaincre un investisseur chinois, russe, turc ou brésilien — qui, eux, s’expriment dans leur langue quand ils signent des contrats— de signer quelque accord que ce soit avec la France.

On connaît le nom de Monsieur De Poli qui œuvre au sein de l’AFRAV. C’est « le terroriste bienveillant » redouté des journalistes dont parle Le Figaro, « le chasseur d’anglicismes » infatigable qui commence tous ses articles (des dizaines de milliers !) par un « Vous permettez, Monsieur, de vous écrire… » pour dénoncer un anglicisme et proposer une expression française équivalente, conformément à la loi Toubon. Lui, ainsi que les héros du quotidien dont on ne peut citer tous les noms, doit inciter chacun d’entre nous, puisque notre langue est notre chose commune, à réagir contre la dérive du tout à l’anglais, en écrivant aux médias. Encore faut-il être persuadé que ce n’est pas ajouter une goutte d’eau à la mer.

Si l’affaire de LORRAINE AIR PORT (après celle du Health Data Hub, gagnée l’an dernier sur le ministère de la Santé) illustre les vers de La Fontaine : « Patience et longueur de temps / Font plus que force ni que rage », ayons conscience qu’il n’est plus temps de perdre du temps quand il s’agit de garder notre langue en usage et santé contre la gangrène qui guette son grand corps malade. Le ministère de l’Education Nationale semble avoir compris que le temps, en effet, nous était compté.


  1. https://www.francophonie-avenir.com/Archives/Ordonnance-de-jugement-du-Tribunal-judiciaire-de-Metz-du-14-decembre-2023-au-sujet-de-l-affaire-Lorraine-Airport.PDF ↩︎
  2. https://www.causeur.fr/bilinguisme-franco-anglais-de-la-carte-didentite-une-forfaiture-240501 ↩︎



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Marie-Hélène Verdier est agrégée de Lettres classiques et a enseigné au lycée Louis-le-Grand, à Paris. Poète, écrivain et chroniqueuse, elle est l'auteur de l'essai "La guerre au français" publié au Cerf.

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