Déjà quand il était au sommet de sa gloire, j’ai toujours éprouvé une antipathie constituée pour Carl Lewis. Pourquoi ? Sa coupe grotesque, son chauvinisme exacerbé, ses déclarations grandiloquentes, sa mégalomanie galopante de pseudo Jesse Owens bardé de sponsors…
Mon idole à l’époque, c’était le fabuleux décathlonien anglais Daley Thompson, qui ne cessait de se payer la tronche de ce péteux premier de la classe olympique. Il avait même poussé le crime de lèse-majesté assez loin en arborant, lors des JO de Los Angeles, au sommet de la Lewismania donc, un T-shirt où l’on pouvait lire : « Est-il vrai que le second plus grand athlète du monde est gay ? ». Autre temps, autres mœurs…
J’avais donc totalement oublié ce grand couillon de Carl Lewis, dont je crois qu’il est plus ou moins devenu politicien démocrate. Hélas, il a fait reparler de lui à l’occasion des JO de Londres : dans une interview récente au magazine Sport Illustrated, Carl Lewis a implicitement mis en cause Usain Bolt en expliquant que la Jamaïque aurait intérêt à renforcer sa politique antidopage et qu’il y avait de quoi « s’interroger sur des sprinteurs qui réalisent 10 sec 03 une année et 9 sec 69 la suivante ». « Des pays comme la Jamaïque n’ont pas de contrôle antidopage aléatoire, aussi peuvent-ils rester des mois sans être testés. Je ne suis pas en train de dire qu’ils ont fait quelque chose de façon certaine. Je ne sais pas. »
On rappellera, bien que ceci n’ait probablement rien à voir avec la rancœur de Lewis, qu’avec le quatrième titre qu’il a décroché jeudi soir sur la piste londonienne, Bolt a dépassé Lewis en tant qu’athlète le plus titré aux JO sur les épreuves individuelles de sprint…
Quant à Usain Bolt, il a commenté ce procès à sa façon : « Je pense qu’il veut juste attirer l’attention parce que personne ne parle plus de lui ». Un mec moins cool que le multi-champion jamaïcain aurait pu rappeler que Carl Lewis connaît d’autant mieux le problème du dopage qu’il a lui-même été pris la main dans le sac en 1988…
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