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La gauche s’insurge contre une loi sur la neutralité religieuse au Québec


La gauche s’insurge contre une loi sur la neutralité religieuse au Québec
Justin Trudeau, octobre 2017. SIPA. AP22118652_000001

L’islamo-gauchisme ne frappe pas qu’en France. Il a récemment appareillé tous voiles islamiques dehors (!) en faisant cap vers le nouveau continent, pour se mêler de l’interminable débat entourant un projet de loi sur la neutralité religieuse voté par l’Assemblée nationale du Québec. La loi 62, adoptée à la majorité par la 41ème législature de « la belle province », soulève depuis quelques jours l’ire des bien-élevés de la gauche libérale cosmopolite.

Tu ne te dévoileras pas

La loi, défendue malhabilement par la ministre Stéphanie Vallée, est pourtant fort timide et fait appel aux raisonnements les plus élémentaires du sens commun. Rappelons que la 40ème législature du Québec, un gouvernement minoritaire souverainiste du Parti Québécois, avait, en 2012, semé l’émoi chez les apôtres de l’ouverture sur le monde. Une Charte des valeurs québécoises qui interdisait le port de signes religieux ostentatoires chez les employés de l’État en position d’autorité avait été pondue par ce gouvernement. On l’avait alors accusé d’attiser une tendance crypto-fasciste qu’on soupçonne aux Québécois depuis Pierre Elliott Trudeau (le père de).

La loi 62, aujourd’hui adoptée, est loin d’avoir autant de mordant que le projet de Charte des valeurs. La controverse qu’elle engendre dans le champ gauche n’en est pas moins hystérique. Son point litigieux ? On demande aux personnes se voilant le visage de se dévoiler lorsqu’elles doivent s’identifier pour bénéficier du tarif étudiant dans les transports en commun de la métropole, pour pouvoir emprunter des livres à la bibliothèque, pour recevoir gratuitement des soins médicaux, pour fréquenter l’école et passer ses examens. Il s’agit essentiellement d’une mesure pour limiter les fraudes qui oblige les personnes à se dévoiler lorsqu’elles veulent recevoir un service qui requiert leur identification formelle. En tout autre temps, il sera possible pour ces personnes de déambuler dans les lieux publics, d’entrer dans les magasins, de participer à de grands événements sans jamais montrer leur visage.

Plus de 200 reportages contre la loi

Le gouvernement du Parti libéral du Québec actuellement au pouvoir n’ose donc pas même faire appel à ce principe civique fondamental de nos sociétés occidentales qui consiste à emprunter l’espace commun à visage découvert. Il se contente de demander le strict minimum. Pour bénéficier du tarif étudiant en transport public, un Québécois catholique, par exemple, doit présenter une carte officielle avec photo produite après vérification par la Société de Transport de Montréal l’identifiant comme étudiant. Maintenant, une musulmane portant le niqab devra aussi se plier à cette exigence. Pourtant, depuis quelques jours, les médias montréalais passent en boucle des témoignages atterrés de femmes portant niqab et burqa prétendant se sentir trahies par leur société d’accueil et leur bienveillant gouvernement. Qui d’autre pour leur tendre une épaule consolatrice que la gauche cosmopolite québécoise, le maire de Montréal, Denis Coderre, en tête, suivi par un « rest of Canada » anglo-protestant jouant les vierges effarouchées ? La presse internationale bien entendu, The Economist en tête. En effet, selon la firme Influence Communication, les médias internationaux ont publié, depuis le 18 octobre, plus de 200 reportages (sans compter ceux des médias écrits) présentant de façon négative la timide loi québécoise.

Justin Trudeau contre-attaque

Fort de cette couverture médiatique et de la condamnation officielle de la loi 62 par les gouvernements provinciaux d’Alberta et d’Ontario (de quoi se mêlent-ils ?), Justin Trudeau, Premier ministre du Canada et roi incontesté des droits de l’Homme, ouvre même la porte à une contestation de cette dernière en cour suprême, en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés. Rappelons, pour le plaisir de la mise en contexte, que ce document constitutionnel fut adopté sous le règne du père de Justin Trudeau lors du rapatriement de la constitution en 1982. Le vote du Premier ministre du Québec d’alors, le chef souverainiste René Lévesque, avait été ignoré, les provinces anglo-canadiennes ayant cru bon procéder à l’adoption de la constitution et de la charte pendant la nuit, à l’insu de ce dernier, sans aller le réveiller dans sa chambre d’hôtel.

Le voile, symbole de liberté

Jadis condamnée – à raison – par la gauche décolonisatrice, la bienvieillance de la Charte canadienne trouve aujourd’hui au sein de celle-ci d’indéfectibles appuis. L’islamo-gauchisme est arrivé, il triomphe. À l’approche de l’Halloween, on jouera même à se déguiser : les hommes montréalais sont appelés à se cacher le visage pour emprunter les transports publics en signe de solidarité envers les femmes voilées afin de contester la « liberticide » loi québécoise. Le député du parti d’extrême-gauche Québec Solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, en plus d’appuyer la tenue de ces manifestations pro-niqab, propose que le crucifix ornant le salon bleu de l’Assemblée nationale soit retiré. Cachons honteusement l’héritage catholique ayant marqué le Québec pendant des siècles et célébrons la diversité en encourageant les symboles de soumission des femmes musulmanes proposés par l’islam radical. Pire encore : faisons cela en parlant d’ouverture à l’autre.

Le sociologue Mathieu Bock-Côté remarquait cette semaine l’ironie incroyable de cette posture idéologique. L’islamo-gauchisme chante l’ouverture de notre société au monde tout en défendant une pratique religieuse servant principalement à des fondamentalistes pour se fermer et s’exclure de cette même société. Le progressisme n’en est pas à une contradiction près, mais l’attitude du député vedette de Québec Solidaire atteint d’impressionnants sommets. Comment s’ouvrir à l’autre si ce que l’on souhaite par-dessus tout consiste à ne surtout pas assumer notre propre identité?

Reniement de nos racines, honte de soi et consentement au viol de nos principes civiques fondamentaux : voilà donc où nous conduit la gauche québécoise, menée par Gabriel Nadeau-Dubois, au nom de la liberté et de l’amour universel.



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Jenny Langevin est étudiante et chroniqueuse culturelle et sociopolitique. Elle contribue à divers médias québécois, dont L'Action Nationale, la revue Argument, La Presse et le Huffington Post Québec. Elle s'intéresse particulièrement aux rapports entre l'évolution de la littérature et de la culture populaire en lien avec les enjeux sociaux contemporains.

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