Le projet de loi prévoyant l’extension de la PMA aux couples de femmes tourne le dos à l’éthique. Soumis au diktat des associations féministes et LGBT, ce texte crée un droit à l’enfant pour satisfaire des caprices individuels.
L’exposé des motifs du projet de loi relatif à la bioéthique, rédigé par des fonctionnaires dont l’indigence intellectuelle et grammaticale s’accroît à mesure de la bêtise sociétale, énonce avec prétention :
« Dans son ouvrage, le Gouvernement a souhaité dessiner un cadre permettant à la liberté de chacun de s’exprimer, dans le respect de l’intérêt collectif en cherchant ce point d’équilibre entre ce que la science propose, ce que la société revendique et les valeurs fondamentales qui soutiennent l’identité bioéthique de la France, pionnière en matière de législation dans le domaine de la bioéthique, tout en accordant une place particulière aux situations de souffrance voire de drame que rencontrent certaines personnes. »
Dans la foulée de ce charabia creux, le titre Ier du texte s’intitule donc « Élargir l’accès aux technologies disponibles sans s’affranchir de nos principes éthiques ». La suite des articles révèle pourtant exactement le contraire puisqu’il s’agit précisément d’abandonner tous les principes qui avaient jusqu’à présent gouverné l’assistance à la procréation et en particulier le principe cardinal qui réservait ces techniques médicales aux pathologies reproductives dûment constatées.
Dans la plus pure duplicité macronienne, le projet de loi affirme respecter des principes éthiques alors qu’il les supprime purement et simplement, l’oxymore jésuite du « en même temps » trouvant là son expression la plus aboutie. Si l’on prête quelque crédit à la formule d’Aimé Césaire selon laquelle « une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde », il ne fait guère de doute que ce projet de loi consacre l’abandon définitif de la philosophie des Lumières et scelle la déchéance morale de la civilisation occidentale. La lecture de ce médiocre texte rappelle les recommandations de Philippe Muray exhortant les djihadistes à renoncer aux attentats contre un Occident « déjà mort. S’il fallait en effet se convaincre de notre déadence, ce projet de loi y suffirait.
Entièrement soumis au diktat des associations féministes et LGBT, le gouvernement cède sur toute la ligne à l’aide d’un discours euphémisé et abstrait se gardant bien de décrire à quels chantages et exigences socialement nuisibles il accepte de faire droit, n’hésitant pas à présenter les pires régressions comme des « avancées ».
Ce que l’on appelle par commodité la « PMA » (procréation médicalement assistée) se résume pour l’essentiel à l’insémination artificielle d’une femme à l’aide du sperme d’un tiers « donneur » recueilli par masturbation dans les éprouvettes des banques de sperme. Cette élégante « technique » est donc réservée au cas pathologique de stérilité masculine observée dans un couple, au sein duquel l’on substitue donc les gamètes d’un généreux étalon à celles du conjoint défaillant. Il s’agit d’assister médicalement un homme stérile plutôt que sa femme, puisque c’est le sperme paternel qu’il s’agit de remplacer. Dire que l’on veut étendre cette technique à « toutes les femmes » est donc une parfaite absurdité puisqu’il s’agit de remédier à une pathologie masculine et non pas féminine[tooltips content= »Il est vrai cependant que les FIV (fécondation in vitro) sont aussi ouvertes aux couples hétérosexuels dans lesquels la femme est stérile. C’est alors l’ovule d’une donneuse, fécondé en laboratoire par le sperme du père, qui est implanté dans l’utérus de sa conjointe »]1[/tooltips].
La vérité est que les militantes féministes et lesbiennes se piquent d’exiger l’application de cette « technique », qui n’est alors plus du tout médicale, hors le cas d’un conjoint stérile, pour satisfaire leur seul désir de faire un enfant toute seule, sans le secours d’un partenaire et donc d’un père jugé inutile et encombrant pour leur rapport narcissique à elles-mêmes et à leur future progéniture. Le choix personnel et délibéré d’évincer l’autre sexe de la filiation et de l’éducation, pour raison d’homosexualité ou de célibat, suffit à fonder une revendication parfaitement tyrannique et délirante que le gouvernement entend satisfaire au nom de la prétendue « souffrance » des intéressées. Ces « souffrantes » exigent en effet que l’État leur fournisse, par matériel, locaux et personnel hospitaliers interposés, un sperme d’appellation contrôlée, bien entendu remboursé par la Sécurité sociale. Elles ne veulent pas du mâle, mais en exigent cependant la semence, ce qui s’appelle vulgairement vouloir le beurre et l’argent du beurre. Ce n’est pas une liberté (droit de) qui est ainsi revendiquée, mais une créance (droit à), puisque la collectivité est sommée de satisfaire les caprices reproductifs d’individus narcissiques prétendant jouer avec des êtres humains comme des fillettes à la poupée. Il ne se fait pas un jour sans que l’on constate partout en France les dégâts éducatifs et sociaux des familles monoparentales, mais qu’à cela ne tienne, on va désormais en fabriquer sur mesure. Ni pères ni repères, l’avenir sera rose.
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L’on atteint ainsi le sommet de l’égoïsme et de la tyrannie individuels : des hommes traités comme des vaches à traire juste bons pour la fourniture de matériel biologique (certaines s’alarment déjà d’un risque de pénurie dans la gestion des « stocks ») sont réquisitionnés pour engendrer des enfants otages priés d’approuver et de subir les choix d’adultes immatures qui les réifient.
Le gouvernement ose présenter un tel dispositif aux Français sous l’étiquette « bioéthique », alors qu’il tourne précisément le dos tant à la morale élémentaire qu’à l’écologie humaine. Même les rares poches de raison qu’on a tenté de faire subsister dans le texte, comme la nécessité d’une déclaration anticipée spécifique de volonté pour l’homoparentalité, font l’objet d’une contestation virulente par le lobby LGBT qui se contredit en permanence en revendiquant sa différence tout en la niant systématiquement. Parce qu’il est évidemment impossible de cacher à un enfant que deux femmes n’ont pas pu le concevoir ensemble, il faudrait désormais aussi contraindre un père stérile à avouer préalablement son grand « remplacement » devant notaire. Au nom encore d’une égalité factice et pour ne pas « montrer du doigt les mères lesbiennes » (Le Monde, 6 août 2019), les couples hétérosexuels stériles devraient être désormais condamnés à afficher officiellement leur pathologie. Et les militantes d’ajouter sans vergogne, avec le totalitarisme qui les rend si sympathiques : « Il est temps de sortir de cet héritage d’allégeance au modèle “biologique” qui n’a fait que du mal… » Les écologistes apprécieront.
Le même lobby LGBT a obtenu récemment la suppression des conditions imposées aux homosexuels masculins pour le don du sang au motif qu’elles étaient discriminatoires et stigmatisantes, et alors que le nombre de personnes contaminées par le VIH est 65 fois plus élevé chez les gays que chez les hétérosexuels, le taux d’incidence de la maladie l’étant 200 fois plus. Quelques mois auparavant, ledit lobby obtenait déjà le remboursement à 100 % par la Sécurité sociale d’un traitement préventif très coûteux destiné à permettre aux gays de jouir sans latex, tandis que les féministes obtenaient de leur côté la suppression de la condition de détresse et l’allongement du délai pour l’IVG tout en s’acharnant parallèlement sur tous les grands principes du droit pénal pour mieux sanctionner sans relâche le détestable mâle hétérosexuel. Il semble bien que nous soyons entrés dans l’ère du no limit pour les minorités auxquelles tous les droits sont systématiquement reconnus, y compris celui de pourrir la vie des autres.
La Déclaration de 1789 inscrite dans notre Constitution indique sobrement : « La liberté consiste à pouvoir faire ce qui ne nuit pas à autrui » et « la loi ne doit défendre que les actions nuisibles à la société ». La philosophie des Lumières avait changé le fondement des valeurs communes en substituant la raison à la religion, mais elle n’avait pas changé le contenu même de ces valeurs qui imposaient toujours la transcendance du bien commun et la primauté de l’intérêt général sur les intérêts individuels et catégoriels. C’est cette philosophie républicaine que le prétendu « progressisme » renie en inversant ouvertement la hiérarchie pour consacrer la primauté d’exigences individuelles illimitées. Le droit de nuire à autrui règne désormais en maître dans le tout-à-l’ego sociétal que le gouvernement ose appeler « l’identité bioéthique de la France » !