Moins d’Etat, plus d’emploi


Moins d’Etat, plus d’emploi
Sipa. Numéro de reportage : 00746517_000001.
loi khomri code travail
Sipa. Numéro de reportage : 00746517_000001.

Une fois de plus, la voilà cette minorité de blocage, agissante, vociférant, et comme à son habitude drapée dans son indignation. Le camp du bien. Contre le camp des salauds de patrons. Qui sont-ils ? De gros bataillons du service public, des intermittents qui ont un statut qui n’a rien à voir avec cette loi, 90 % des sociologues, des économistes anciens étudiants d’économie devenus professeurs sans avoir connu une PME, des étudiants de facultés comme Rennes 2, où le seul enseignement parfaitement assimilé est la culture de la revendication, et des lycéens qui ânonnent car ils ont appris de leurs professeurs que l’État c’est bien et le privé c’est pas beau.

Somme toute pas mal de gens qui pour la plupart n’ont jamais connu l’entreprise et n’en comprennent pas le fonctionnement. Comme il est risible d’entendre Caroline de Haas – ancienne de l’UNEF elle aussi – se prétendre entrepreneur, elle qui « ne veut pas que ses salariés travaillent après 18 heures » alors que les clients de son « cabinet de conseil » sont essentiellement des collectivités, des mairies ou des entreprises du secteur public dont les horaires de travail ne sont pas trop violents… L’entre-soi.

Connivence, clientélisme, tout ce beau monde mange et mangera à vie à la cantine de l’État. On se passe les plats, et le studieux William Martinet de l’UNEF (neuf ans qu’il consomme le budget de l’enseignement supérieur pour une pauvre licence) rêve certainement d’être un futur Bruno Julliard. Encore un qui n’aura jamais travaillé pour de vrai. C’est ça, la merveilleuse classe sociale de la rente, à la manière des nobles sous Louis XVI qui se refilaient des charges. Ils consomment du budget sans avoir jamais su en créer un.[access capability= »lire_inedits »]

Le secteur privé qui les nourrit rétrécit d’année en année et se meurt. Pendant ce temps les pros de la revendication bloquent les réformes et arrivent à convaincre 70 % de la population…

Chômage, misère, déclin de la France ? Pas de doute pour eux, c’est la faute au libéralisme ! On a beau leur dire que la part de l’État dans la richesse nationale produite annuellement (le PIB) est passée de 35 % en 1960 à presque 60 % en 2014, et que la France se rapproche économiquement d’un communisme d’antan, avec les mêmes symptômes, ils se cabrent dans le déni. Pourtant nous vivons bien un pillage sans précédent des richesses créées, par une énorme « machine » bureaucratique dont l’État ne sait même plus comptabiliser les officines, une aristocratie d’État inamovible, aidée de la puissance médiatique du « service public ».

Et oui, n’en déplaise à presque tout le monde, l’État omniprésent, omnipotent, fonctionnarise de facto le privé en ponctionnant 60 % de ses richesses. La loi Touraine fonctionnarise les médecins, le compte pénibilité impose aux patrons de PME de remplir des feuilles pour comptabiliser combien de fois par jour un de leurs employés se penche ou s’agenouille. Kafka. Et le pompage de ressources qui précarise entreprise et salarié se poursuit. Vous en doutez ?

Prenons l’exemple d’une entreprise de service : lorsqu’elle crée 1 000 euros de richesse, voyons ce que l’État au sens large (incluant la Sécurité sociale) ponctionne. Entre 150 et 200 euros partent en TVA, puis 500 euros en salaires, partagés en 250 euros pour la Sécurité sociale et 250 euros net pour le salarié. Et si tout va bien, sur les 100 euros de bénéfice restant, l’État ponctionnera 35 euros en impôt sur les sociétés et taxes diverses. En conclusion, à ce stade, sur 1 000 euros de richesse créée, l’État aura collecté au moins 500 euros. Mais ce n’est pas fini, les immenses besoins de l’ogre requièrent une resucée supplémentaire.

Prenons maintenant notre salarié de la classe moyenne, qui vient de toucher ses 250 euros de revenu net sur les 1 000 euros de richesse créée. Il payera lui aussi de la TVA sur ce qu’il consommera (disons 50 euros), puis des impôts (pour un taux moyen à 15 %, disons 50 euros de plus), des taxes foncières, d’habitation, et des taxes sur l’essence (et hop ! encore 50 euros), soit un total d’environ 150 euros qui iront dans les caisses de l’État.

La conclusion est sans appel. Sur 1 000 euros de richesse créée, l’État français et la Sécurité sociale ponctionnent plus de 650 euros. Il ne faut pas s’étonner que notre ogre emploie 90 fonctionnaires pour 1 000 habitants quand l’Allemagne en emploie seulement 50.

Ainsi on impose à ce qui reste de secteur privé une pression à l’efficacité et à la productivité qui génère un stress terrible et des situations brutales qu’on met sur le dos du libéralisme. Alors qu’elles sont dues au surpoids public qu’il faut bien que le secteur marchand finance. Les professionnels de la subvention peuvent de la sorte conspuer des entreprises privées qui ferment ou réduisent la voilure parce que les charges et les normes (le Code du travail est tout de même passé de 1 000 pages en 1990 à 3 589 pages en 2014) les assassinent.

Dans cette affreuse France libérale qui ne l’est pas, le citoyen est-il heureux pour autant ? Au vu du nombre d’anxiolytiques consommés, d’études internationales sur le bonheur et de l’anxiété des peuples, rien n’est moins sûr.

Pire, avec un chômage à 11 %, le superbe système français « que-tout-le-monde-nous-envie » donne le pouvoir au patron puisque si le salarié part, 10 chômeurs attendent sa place. À l’inverse, dans bien des affreux pays libéraux – quiconque s’informe et visite ces pays le constatera –, le rapport de force est inversé. Majoritairement, c’est le patron qui a peur que son salarié parte. D’ailleurs il se murmure ici et là que de nombreux patrons ont signé la pétition de Caroline de Haas. Quoi ? Un chômage qui baisserait ? Un rapport de force qui s’inverserait ? Très peu pour nous !

Si encore cet Etat-providence avait fait disparaître la pauvreté. Mais jamais dans son histoire l’économie française n’aura été aussi « sociale » dans les déclarations et aussi peu « sociale » dans les faits. Jamais la loi n’a tant protégé les salariés et jamais ils n’ont été si vulnérables – tout comme les entreprises qui les emploient. Voilà ce que refusent de comprendre le noyau d’agitateurs qui ne rêvent que d’un poste.

Certes, le libéralisme n’est pas la panacée pour autant. Mais la caractéristique de la France est de subir ses désavantages (mondialisation, précarisation et endettement facile) sans bénéficier une seconde de ses bienfaits (création de richesse, chômage limité, exportations…). Nous subissons la compétition mondiale, et en même temps nous plombons nous-même ce qui reste de secteur privé par des charges et des normes qui ne s’appliquent qu’à nous et pas aux produits importés. Sommes-nous masochistes ou suicidaires ?

Le libéralisme crée des richesses. Le socialisme les dépense. On pourrait peut-être s’arranger ?[/access]

 

Avril 2016 #34

Article extrait du Magazine Causeur



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