Les écrivains Romain Slocombe et Jean-Luc Coatalem explorent la France de la dernière guerre. Leurs livres respectifs, un impressionnant roman polyphonique sur la débâcle de 1940 et un bouleversant récit familial sur fond d’Occupation, racontent ce passé qui ne passe pas.
Il n’y a finalement que deux manières, pour un écrivain, d’aborder ce « passé qui ne passe pas » pour reprendre la formule d’Henry Rousso et Éric Conan à propos de la France pendant la Seconde Guerre mondiale : la fresque chorale ou l’enquête intimiste. Deux exemples remarquables nous sont donnés en cette rentrée par deux écrivains confirmés, Romain Slocombe dans La Débâcle et Jean-Luc Coatalem dans La Part du fils.
Cette tragédie racontée par Slocombe
Romain Slocombe, romancier prolifique et illustrateur de talent qui fit les riches heures du mensuel Métal Hurlant dans les années 1970, raconte dans La Débâcle un effondrement spectaculaire : celui de la Troisième République, dans la courte période meurtrière du 10 au 17 juin 1940, qui va de Paris déclarée ville ouverte au discours de Pétain, demandant l’armistice dans un discours radiodiffusé, vécu par les uns comme un lâche soulagement et par les autres comme une trahison, car on se bat encore, malgré la situation désespérée.
Il est notable que, si cette période a été balisée presque heure par heure par des historiens ou des témoins – on songe notamment à L’Étrange Défaite de Marc Bloch –, elle a été beaucoup moins abordée par les romanciers comme si cette débâcle ne pouvait se raconter à travers des personnages de fiction. Il y a bien sûr quelques chefs-d’œuvre comme Le Bouquet d’Henri Calet (1945), La Mort dans l’âme de Sartre et Les Communistes d’Aragon (1949), ou encore Suite française d’Irène Némirovski, morte en déportation, publié de manière posthume en 2004. Mais, on le constate, ils sont peu nombreux et ne datent pas d’hier.
C’est tout l’intérêt de La Débâcle de Slocombe que de reprendre sur 500 pages serrées et haletantes ces huit jours qui ont défait la France à travers
