C’est une Italie immuable, quasi fantasmée, que les photographes ont immortalisée au tournant du XXe siècle. Les éditions Taschen proposent de revivre le Grand Tour, de Naples à Venise en passant par Rome et Turin, à travers des centaines de photochromes, ces clichés colorés aux nuances infinies.
L’Italie est une jeune nation. Jusqu’à la dissolution de l’empire, en 1918, une bonne part de la péninsule demeure sous influence austro-hongroise. Au tournant du XIXe siècle, descendue des froides contrées germanophones, une haute bourgeoisie cosmopolite prolonge au petit pied la tradition académique du Grand Tour pour hanter les opulents palaces bâtis pour elle seule, dans un pays alors très pauvre et essentiellement rural. Les paysages y sont intacts, les cités multimillénaires des royaumes déchus s’offrent au regard dans leur décor immuable, avant l’ère de l’automobile. Les villégiatures des lacs, des contrées alpines et des rivieras surgissent dans ce paradis agreste ; Venise est encore habitée, à tous les sens du mot.
C’est dans ce contexte qu’il convient de replacer le précieux corpus exhumé sous l’égide des éditions Taschen, sous le titre Italy 1900: A Portrait in Colour – mais qu’on se rassure, les textes et notices figurent, comme toujours chez le fameux
