Les serial killer des agences de notation viennent donc de faire leur troisième victime officielle. Après la Grèce et l’Irlande, c’est au Portugal de subir le martyre au carré de la nouvelle logique de paupérisation programmée des peuples européens. On procède en deux temps : d’abord on menace un pays donné, en raison de sa dette, de dégrader sa note. Le pays, en général totalement soumis comme ce fut le cas du Portugal de José Socrates, lance un plan de rigueur sans précédent pour éviter la sanction. Le plan de rigueur réduit à néant le pouvoir d’achat et hypothèque toute reprise de l’économie. Les agences de notation, des médecins de Molière en pire, s’inquiètent que le malade qu’ils ont pourtant forcé à se purger ait l’air si anémique et en rajoute une louche. Résultat, le Portugal est obligé de mettre un genou à terre et d’aller quémander l’aide de Bruxelles pour faire face aux échéances.
L’ironie veut que ce soit à un Portugais, José Manuel Barroso, président de la commission européenne et ancien maoïste qui célèbre aujourd’hui le grand bond en arrière quarante ans après s’être extasié sur le grand bond en avant, que José Socrates se trouve obligé de demander de l’aide qui sera bien entendue conditionnée à une rigueur encore plus rigoureuse. On peut espérer que le Portugal va se souvenir qu’en 1974, un certain 25 avril, il avait, en 24 heures, renversé en douceur une dictature. Cela va faire dans quelques jours trente sept ans. Et si l’on en croit les mobilisations sociales qui s’annoncent du côté de Lisbonne, il est bien connu que l’on n’est pas sérieux quand on a trente sept ans.
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