Le roman de Cécile Chabaud retrace l’étrange parcours de Georges Despaux (1906-1969). Ce collabo notoire a été déporté par les nazis à Auschwitz et Buchenwald puis condamné à l’indignité nationale à la Libération. L’horreur des camps a pourtant révélé chez ce marginal une grande humanité.
Certains d’entre nous vivent entre chien et loup : dans la lumière, ils se perdent, dans l’ombre, ils s’égarent. Ils incarnent notre humanité inquiétante et pitoyable et, parfois, admirable. C’est le travail de l’écrivain de remonter la piste qui mène de leur déchéance à leur énigme. Cécile Chabaud est un écrivain.
Pendant la guerre, M. Mélenchon aurait-il été résistant ou prudent ? Maquisard en blouson de cuir ou petit pépère du peuple en charentaises ? Ne pouvant répondre pour moi-même, je ne saurais me prononcer pour notre trotskyste d’arrondissement. Mais je l’imagine sans peine, à la Libération, en imprécateur de prétoire. Les coupables, réels ou supposés, auraient-ils eu la moindre chance devant ce justicier expéditif qui se serait levé tôt pour requérir, ce « matin du 6 décembre 1945, où s’ouvrait le procès d’un salaud » ?
C’est compliqué !
L’homme que l’on va juger, à Pau, se nomme Georges Despaux (1906-1969). Souffreteux, contrefait, il a l’apparence de ces personnes prodigieusement maigres, avec, dans le regard, un reflet de lassitude et de découragement, et que l’on appelait les déportés. D’ailleurs, c’est un déporté : d’abord à Auschwitz, ensuite à Buchenwald, où il se lie d’une amitié fraternelle avec Samuel, un juif originaire
