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L’important, c’est d’errer

Le regard d'Henri Beaumont


L’important, c’est d’errer
© Jacques Witt/SIPA

Le malheur est une idée neuve en Europe. Invasion de l’Ukraine, poudrière de Gaza, multiplication des cyber-attaques chinoises et russes, chaos migratoire, explosion des déficits, trafics de drogues XXL sur tout le territoire, ça barde ! Le Tadjikistan propose à la France une brigade internationale de maintien de l’ordre. L’armée polonaise assure la sécurité des JO, cet été. Aya Nakamura va chanter Piaf. Les nuages s’amoncellent.

La Voie française

L’avenir, c’est la jeunesse, l’éducation, la transmission. Le « choc des savoirs » promis par Gabriel Attal tient toutes ses promesses. Bientôt un « bouclier numérique » et une Force Sécurité Mobile Scolaire en cas de « problème ». Traduire : pour protéger les proviseurs et enseignants qui défendent la laïcité et sont menacés de mort. Exit des programmes, Madame Bovary (adultère) Diane, Actéon, les nymphes dénudées, la Shoah, la théorie de l’évolution. Il ne faut choquer aucune conscience. La Voie française, 6e opus de Bruno Le Maire depuis qu’il dirige Bercy (avant un sacre quai Conti), c’est moins drôle que La Fugue américaine et plus compliqué que la face nord du Dru par la voie des Guides. En 2023 le déficit public s’élève à 5,5 % du PIB, la dette publique à 110,6 %, soit 3101 milliards d’euros. Son nouveau credo c’est « l’État protecteur » plutôt que « l’État providence ». « Il nous faut choisir la voie du risque, de l’audace, du mouvement ». Le K2 Roussel des finances ne manque pas d’humour. Bercy n’a ni poutres, ni chevrons. Les Européennes donnent des ailes. Avec Jordan Bardella: « La France revient, l’Europe revit ». Francois-Xavier Bellamy reconstruit « une droite claire, constante, sereine ». Raphaël Glucksmann chante une social-démocratie « sans mollesse ni compromission ». Marie Toussaint veut développer « des activités qui sont bonnes pour la planète ». Jean-Luc Mélenchon soutient la paix du camp, roule des gros yeux, mais n’Hamas pas foule. « L’avenir est un lieu commode pour y mettre des songes » (Anatole France). Peu importe le réel, le possible, le comment, seuls comptent la pureté des idées et les bons sentiments. Par-delà les éthers, par-delà les confins des sphères étoilées, dans l’empyrée et l’hypnose, le camp du bien, du manichéen et du flou, défend le progrès. La gauche combat les réacs, le populisme, les relents et le nauséabond. Bilan mitigé. Plus elle déconstruit, déboulonne, alerte, inclue, éclaire, plus le pays s’interroge, plus la nation s’angoisse sur son identité, ses valeurs, le droit à la continuité historique. Cela nous renvoie aux heures les plus sombres… Le peuple est sublime mais le suffrage universel devient dangereux. Les Télétubbies de Télérama, les insoumis ivres de probité candide et de vin rouge, devraient changer de disque, ils vont finir par nous porter la scoumoune. « Un sot n’a pas assez d’étoffe pour être bon » (La Rochefoucauld). Après la farce, la tragédie. « L’Europe c’est la paix », la parenthèse enchantée des années Sautet, c’est terminé. À Saint-Ouen, Calais, partout : « Crack, boum, hu » et tentes glorieuses. Normalien, major de l’agrégation de Lettres, diplômé de l’École libre des sciences-politiques, Pompidou gardait les pieds sur terre, lisait Rimbaud, les bilans, savait tenir un budget. L’IA et l’imbécilité naturelle des gauchistes n’avaient pas encore pris le pouvoir dans les rectorats, sur France inter, au Monde. « Ne dites plus : Monsieur le Professeur, dites : crève salope ! ». 56 ans plus tard, c’est l’hallu finale. Les sauvageons prennent leurs délires pour des réalités. « Nous nous demandons ce qui se passe dans leurs têtes. Rien, mais ce rien les dévore » (Louis Pauwels).

Batman et Robin

Le 21 décembre 1985, pour les huit ans de son petit-fils, grand-mère Noguès, alias Manette, a offert à Emmanuel une tenue de Batman. Dans le salon familial, son costume en kevlar, sa cape anti-feu en nomex, sa gouaille ont fait font sensation. Rosebud ! Diagnostiqué HPI (Haut Potentiel d’Improvisation), comédien cabotin, Emmanuel Arlequin, arrive vient : Gérard Philipe du lycée La Providence à Amiens, Diogène phénoménologue à Nanterre, banquier banquiste avenue de Messine, Jupiter élyséen. Ses costumes de président de la République voyagent en classe affaires. Le Zorro et l’infini.

Harcelé par le Joker Trotskyste de Tanger et Marine Catwoman, privé de super-pouvoirs, de majorité, de Benalla, Batman en bave. Si vis pacem, la boxe, c’est bien, mais il faut du punch, une garde, de la vista. Le président super-coq a mis deux ans pour comprendre que le Kremlin n’a aucune parole, ne connait que les rapports de force. Dark Vlador veut dénazifier l’Ukraine -de Brest à Vladivostok- avec l’Afrika Korps. Bagatelles pour un Maasaï… Emmanuel Macron cherche des copains, des alliés, dans les Glières, à Prague, à Kinshasa, en boite de nuit, à pied, à cheval, en voiture, en pirogue. Il embrasse, enlace, fait des papouilles à Manouchian, à Lula, au Cacique Raoni. Le chef Kayapo va-t-il accepter de livrer des sarbacanes à l’Ukraine ?

« Elle devait rester mon jardin secret… Une photo de mon écran de téléphone cette semaine en a décidé autrement » a écrit le Premier ministre Gabriel Attal sur le réseau social Instagram en présentant à ses fans sa chienne « Volta ». Photo: RS.

L’union fait la force. Alix peut compter sur Enak, Fantasio sur Spirou, James West sur Artemus Gordon. Pour sa remontada, ripoliner les mystères de l’État, Batman a nommé Robin à Matignon. Volta, le chow-chow du Premier ministre, est-elle team Rantanplan ou team Rintintin ? Le verre de Robin n’est pas grand, mais il boit dans celui des autres. Dans un grand concert d’idées brisées, pour réparer sept ans d’irréparables outrages, il faut réformer l’assurance chômage, dé-smicardiser, réduire les déficits. « Travailler plus pour gagner plus », c’était le mantra de Nicolas Sarkozy en 2007. Il voulait libérer le travail pour augmenter le pouvoir d’achat des salariés. Pompidou aussi. Ralentis Camarade, le nouveau monde est derrière toi ! En politique, les contre-emplois sont plus périlleux que les faux-semblants. Personnage en quête de hauteur, roi des camelots, Emmanuel Macron est un GO goguenard, fanfaron façon Stand-up cosmique, Frédéric plutôt que François. Le président saura-t-il un jour, fendre Laverdure et incarner Tanguy ?  « Le caractère des Français demande du sérieux dans le souverain » (La Bruyère).

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