Accueil Monde Ligue des Champions: clap de fin pour Toni Kroos

Ligue des Champions: clap de fin pour Toni Kroos

L'international allemand jouera son dernier match avec Madrid ce soir


Ligue des Champions: clap de fin pour Toni Kroos
Satde Bernabeu, Madrid, 25 mai 2024 © Pressinphoto/Shutterstock/SIPA

Ce joueur presque inconnu des gens qui ne suivent pas le football tire sa révérence en club ce soir. Ne lui restera ensuite que l’Euro pour briller une dernière fois crampons aux pieds sur les terrains.


Il a trente-quatre ans, il porte les couleurs du Real Madrid, et a décidé d’arrêter sa carrière au terme de la prochaine grande compétition internationale. Au moment où les stars du football monnaient ce qu’il leur reste de talent en Arabie Saoudite, il y a quelque chose de zidanesque dans le choix de Toni Kroos d’arrêter sa carrière au sommet de son art. Ce soir, il disputera le dernier match avec son club.

Dernier cadeau de la RDA avant réunification

Et quel match : la finale de la Ligue des Champions, à Wembley, contre le Borussia Dortmund. Malgré les malheurs infligés par les Allemands au Paris Saint-Germain en demi-finale, le Real Madrid part nettement favori. Parce que le Real Madrid, avec 14 titres européens depuis 1956, a la culture de la gagne (huit victoires lors de ses huit dernières finales de Ligue des Champions ; la dernière finale perdue du club à ce stade de la compétition remonte à 1981). Parce que le club espagnol a Vinicius Junior en attaque et aussi, au milieu de terrain, Toni Kroos. Un joueur presque inconnu des gens qui ne suivent pas le football.

Né dans les environs de Rostock, en Poméranie occidentale, Toni Kroos fait partie, avec Matthias Sammer (Ballon d’Or 1996) et Michael Ballack, des plus beaux cadeaux footballistiques faits par la RDA à l’Allemagne réunifiée. Il n’a que 16 ans lorsque le Bayern Munich l’attire en Bavière pour un transfert de 2,3 millions d’euros, un record pour un si jeune joueur à l’époque. Il est envoyé au Bayer Leverkusen en prêt dix-huit mois où il joue alors milieu offensif gauche. « Neverkusen » échoue encore à gagner des titres, mais Toni Kroos a fait ses premières gammes en Coupe d’Europe, participe au mondial 2010 avec la Mannschaft et entre en cours de jeu à chaque match jusqu’à la demi-finale, perdue contre l’Espagne.

Bayern Munich, ton univers impitoyable

Finaliste de la Ligue des Champions 2012, vainqueur de celle de 2013, Toni Kroos, de retour au Bayern, a délaissé son couloir gauche pour s’installer en numéro 8, c’est-à-dire en meneur de jeu reculé. Toni Kroos n’est ni très rapide, ni très puissant, mais il pense plus vite que les autres. Il faut éloigner ses chevilles des lignes défensives adverses et le laisser lancer de longs ballons à ses coéquipiers, un peu à la manière d’un quaterback au football américain. Le milieu de terrain était bien parti pour être le maître à jouer du Bayern Munich pour une décennie mais le club allemand n’a pas hérité du surnom de « FC Hollywood » pour rien. Au Bayern, les anciens joueurs deviennent dirigeants. Karl-Heinz Rummenigge, double Ballon d’Or au début des années 80 et président du club, a du mal à admettre que Toni Kroos est un grand joueur. Toni Kroos vient pourtant de remporter la Coupe du monde 2014 et de multiplier les passes décisives dans la demi-finale contre le Brésil lors du massacre (7-1) de Belo Horizonte. Les Brésiliens l’appellent désormais « o garçom » (le serveur) tant il a apporté d’offrandes à ses coéquipiers.

Le Bayern le brade alors (25 millions d’euros alors que sa valeur marchande était estimée à 40). Le Real Madrid en profite pour garnir sa tradition de joueurs germaniques, de Paul Breitner à Mesut Özil, en passant par Günter Netzer. C’est le début du triangle Casemiro-Modric-Kroos : le besogneux milieu de terrain brésilien couvre les arrières des deux meneurs de jeu reculés. Devant, Benzema sacrifie son compteur-but pour faire briller Cristiano Ronaldo. Derrière, Pepe et Sergio Ramos profitent des derniers matches sans VAR pour délivrer des coups de coude stratégiques. Le Real Madrid domine le football de la fin des années 2010, avec un jeu moins pensé que le Barça mais qui évite aussi de tomber dans le ronron du tiki-taka, ce jeu espagnol de passes courtes à la limite de la stérilité.

Gâcher le 14 juillet

Kroos a eu droit à un documentaire sur Arte. On le dit posé, se ressourçant en famille, en forêt, loin des bamboches du monde du football. Son idole de jeunesse était Johan Micoud, le remplaçant de Zidane en équipe de France, qui a fait les grandes heures du Werder Brême. Ce soir, il a l’occasion, avec Luka Modric et Dani Carvajal d’égaler le vieux record de Paco Gento, vainqueur de six coupes des Champions entre 1956 et 1966, déjà avec le Real Madrid. Puis il restera une dernière grande compétition à disputer : le championnat d’Europe des Nations, en juin-juillet, à domicile. Le seul grand titre qui lui manque. La France l’avait privé de finale en 2016, à Marseille, au prix d’un hold-up comme Didier Deschamps en a le secret. Sedan 1870 et Séville 1982 avaient été en partie vengés ! Cette année, la finale aura lieu un 14 juillet. Partir en gâchant, au stade olympique de Berlin, la fête nationale d’un grand pays voisin : voilà un beau programme pour l’été…



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Pharmacies en grève et PME: même combat
Article suivant L’atroce désenchantement du flux mondialisé
Professeur démissionnaire de l'Education nationale

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération