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Libye: Erdogan met les gaz

Le jeu trouble de la Turquie en Méditerranée


Libye: Erdogan met les gaz
Conférence de presse du président turc Recep Tayyip Erdogan et du Premier ministre libyen Fayez el-Sarraj, Ankara, 4 juin 2020 (c) Murat Kula / Anadolu Agency . AFP

Divisée entre deux camps rivaux soutenus par des puissances étrangères, la Libye est devenue un nouveau front de la guerre mondiale contre le djihadisme. Profitant du conflit pour remettre un pied en Afrique du Nord, la Turquie espère faire main basse sur le gaz offshore.


 

« Je considère aujourd’hui que la Turquie joue en Libye un jeu dangereux et contrevient à tous ses engagements pris lors de la conférence de Berlin. » C’est par cette formule on ne peut plus directe qu’Emmanuel Macron a exprimé le mécontentement de la France après l’intervention militaire turque dans ce pays en proie à la guerre civile depuis la chute de Kadhafi en 2011. En septembre de cette même année 2011, un autre président français, Nicolas Sarkozy, premier chef d’État occidental à faire le voyage à Tripoli depuis la chute de Kadhafi, avait été accueilli en grand vainqueur et acclamé par la foule. Sarkozy pensait alors que la France allait cueillir les fruits de son intervention militaire, menée six mois plus tôt en plein printemps arabe, pour soutenir les rebelles et sauver leur bastion de Benghazi.

Avec l’approbation des Nations unies, l’OTAN était intervenue pour empêcher l’armée de Kadhafi de détruire Benghazi. L’aviation de l’OTAN, essentiellement franco-britannique, avait accompli rapidement sa mission. Sans mettre en doute la probabilité du massacre annoncé, son empêchement fut probablement le seul et unique succès de la coalition dirigée par la France. L’espoir d’un monde arabe rompant avec l’autoritarisme et rejoignant l’Occident démocrate et libéral s’est brisé sur les dures réalités géopolitiques et anthropologiques. La Russie avait accepté à contrecœur de soutenir une intervention humanitaire qui a tourné à l’opération de changement de régime. Elle a retenu la leçon. En Syrie, Moscou a dit niet aux Occidentaux et lancé une intervention aérienne aussi brutale qu’efficace pour sauver le régime d’Assad. Quant à la population de Benghazi, sauvée in extremis en février 2011, elle a ensuite payé un lourd tribut aux guerres fratricides entre milices, sans parler de l’attaque de la mission diplomatique américaine locale en septembre 2012, un an presque jour pour jour après la visite triomphale


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Été 2020 – Causeur #81

Article extrait du Magazine Causeur




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est historien et directeur de la publication de Causeur.

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