Une contre-société islamiste exploite nos libertés pour défier notre identité. En proposant d’abroger la loi de 2014 sur l’apologie du terrorisme, les Insoumis voudraient-ils lui filer un coup de main ?
C’est une proposition qui a été déposée mardi à l’Assemblée, mais qui n’a aucune chance d’être adoptée. Les Insoumis estiment que la loi de 2014 « permet aux gouvernements de détourner la lutte antiterroriste pour réprimer la liberté d’expression » (Ugo Bernalicis).
Selon eux, la loi de 1881 concernant la liberté de la presse, qui sanctionne les appels à la haine ou la négation de crime contre l’humanité, est suffisante. Présentant cette proposition de loi, étonnamment, ils invoquent le cas douteux de Jean-Paul Delescaut, un apparatchik CGT condamné à un an avec sursis en première instance pour avoir écrit après le 7-Octobre que les « horreurs de l’occupation illégale reçoivent les réponses qu’elles ont provoquées ». Ce qui ressemble tout de même fortement à une justification.
Toute cette affaire serait peut-être passée inaperçue si Gabriel Attal n’avait pas interpellé ce week-end ses homologues socialistes, communistes et écologistes. Cette proposition de loi, écrit-il, est « une insulte et une tache indélébile pour ceux qui la portent ». L’ancien Premier ministre a ajouté : « Saurez-vous vous désolidariser clairement et défendre ainsi nos valeurs? » Alléluia, les socialistes ont répondu présents ! MM. Faure, Vallaud, Cazeneuve et Hollande (qui était président de la République quand la loi a été votée) ont dénoncé l’initiative insoumise. Une double faute, selon Hollande, qui affirme d’une part que les Insoumis « veulent exonérer de leurs responsabilités des personnalités qui utilisent la cause palestinienne à des fins haineuses », et que d’autre part cela « heurte les victimes du terrorisme ». On verra bien si ces belles indignations résistent à l’opportunisme électoral longtemps…
Mais, les Insoumis ont-ils raison de dire que cette loi restreint la liberté d’expression ?
Oui, la loi du 13 novembre 2014 renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme restreint effectivement la liberté d’expression, puisqu’elle interdit par exemple d’approuver le 13-Novembre ou le 7-Octobre sur les réseaux sociaux. Sur le principe, vous le savez, je préfèrerais les excès de la liberté. Si nous étions encore un peuple, si le débat public se tenait encore normalement dans notre pays argument contre argument, on pourrait s’accommoder de quelques hurluberlus qui se réjouissent d’un crime de masse.
Mais, la donne a changé : une contre-société islamiste encouragée par LFI exploite nos libertés pour défier nos mœurs et notre identité. Et si on parle tant des valeurs de la République aujourd’hui, c’est parce qu’elles ne vont plus de soi.
Attention : ce n’est pas qu’un débat d’intellos. Samuel Paty a été assassiné parce que des gens ont publié des horreurs sur les réseaux sociaux. Et quand des élus approuvent le 7-Octobre à mots couverts et à coups de double langage, ils encouragent des petites brutes antijuives à passer à l’acte.
Bien sûr, la liberté d’expression n’est jamais totale. Même aux États-Unis. Il ne s’agit pas d’interdire la critique voire la haine d’Israël, même quand elle flirte avec l’antisémitisme. Ni d’embastiller des gamins qui ne sont pas Charlie. C’est à chaque fois au juge d’apprécier la faute. Si nous avons besoin d’un tel arsenal pour encadrer la liberté d’expression, c’est malheureusement parce que nous n’avons plus de langage commun. On peut parler librement, mais pas avec n’importe qui.
Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio
Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale de Jean-Jacques Bourdin.