Affaire Pélicot. 200 hommes ont signé dans Libération la tribune du curieux thérapeute pour « en finir avec la domination masculine »
L’affaire des viols de Mazan est, à tous points de vue, exceptionnelle. Il ne fait aucun doute que Dominique Pelicot est un monstre pervers, un individu dangereux qui mérite une peine exemplaire. Il ne fait aucun doute que les dizaines de violeurs qui ont abusé de Gisèle Pelicot sont des êtres dépravés et minables qui devront être sévèrement punis. Il ne fait aucun doute que Gisèle Pelicot, la malheureuse victime de ces sadiques, mérite toute notre compassion.
Une tribune délirante… dont l’initiateur ne l’est pas moins
Le profil psychologique du principal accusé, révélé entre autres par le mode opératoire pour soumettre sa femme et pour recruter par internet les hommes « autorisés » à la violer, ainsi que la durée du calvaire vécu par Gisèle Pelicot font de cette affaire une affaire hors du commun. Pourtant, nombre de féministes et d’hommes qui se veulent leurs « alliés » indéfectibles considèrent que cette affaire relève de certains problèmes « systémiques » qui rongeraient notre société : « le patriarcat », la « masculinité » et la « culture du viol ». Les gros mots sont lâchés. Ils servent à accabler la totalité des hommes et, en même temps, à ignorer les phénomènes attestant de l’importation sur notre sol d’un nouveau patriarcat autrement plus redoutable que celui qui est la cible de nos néo-féministes. Mais chut ! en parler ferait le jeu de l’extrême droite.
Dans le cadre de ce procès, une tribune, signée par un dénommé Morgan N. Lucas, est parue dans Libération. « Plus de 200 hommes signent une feuille de route contre la domination masculine », titre le quotidien. Avant d’entrer dans le détail de cette tribune délirante, attardons-nous sur l’auteur de celle-ci.
Sur son site professionnel, Morgan N. Lucas se présente comme un thérapeute, un formateur et un consultant. Il se vante d’avoir été formé à la Gestalt-thérapie. Le diplôme de cette pratique thérapeutique n’est pas reconnu en France et ne donne lieu à aucun titre de psychothérapeute. De plus, la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) a, à plusieurs reprises, souligné les risques inhérents à certaines techniques psycho-thérapeutiques non validées scientifiquement, dont celles de la Gestalt-thérapie. Sur sa page d’accueil, M. Lucas dit offrir à ses « patient.es une thérapie “sur mesure”, emprunte (sic) de diverses approches thérapeutiques ». De plus, il forme sur les « questions de diversité de genre et de sexualités », est un « consultant diversité et inclusion pour des entreprises » et un « relecteur sensible pour des maisons d’édition ». Disons-le tout net, Morgan N. Lucas est le parfait exemple de l’écornifleur professionnel moderne tendance woke. Une dernière et accablante preuve ? Voilà comment ce petit malin définit ce qu’il appelle son « approche » thérapeutique : « Mon approche est résolument féministe, anti-raciste et anti-capitaliste. La thérapie ne peut être un espace neutre dépourvu de tout engagement politique puisque le simple fait de prendre soin de soi en est un. En d’autres termes, j’essaye de mettre en place une pratique appropriée et informée de l’environnement socio-culturel de mes patient·es pour ne pas reproduire les violences systémiques (sexisme, racisme, agisme (sic), validisme, grossophobie…) au sein de l’espace thérapeutique. »
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Ce prospectus coche toutes les cases idéologiques du moment. C’est un appeau pour attirer une clientèle moutonnière, woke, narcissique et idéologisée. M. Lucas, émule autoproclamé de Virginie Despentes et Monique Wittig, utilisait déjà ce genre de piège à gogos dans son livre sur le genre[1]. Décidé à ratisser le plus large possible, il y proclamait « écrire de chez les trans, les bisexuel.les, les racisé.es, les juif.ves, les dyspraxiques, les vegans ».
Vincent Lindon enfin sauvé !
La tribune publiée sur Libé et signée par la fine fleur des lettres, des arts et des médias – à savoir, entre autres, Gilles Lellouche, Gaël Faye, Guillaume Meurice, Pablo Pillaud-Vivien et Alexis Michalik – accompagnée d’une kyrielle d’illustres inconnus, fait suite à la demande de Vincent Lindon sur France Inter – l’acteur le plus « révolté » de France y réclamait il y a peu une « feuille de route » pour « être guidé » et devenir un meilleur féministe. La feuille de route proposée par M. Lucas est un programme en dix points, une sorte de condensé des plus hautes pensées de Caroline de Haas, Sandrine Rousseau et Alice Coffin – le fond idéologique est identique et la forme y est malmenée avec la même lourdeur imbécile. Les platitudes les plus creuses, les lieux communs les plus médiocres, les fadaises les plus niaises sur le patriarcat, la domination masculine, la « charge mentale » des femmes et les « violences masculines perpétrées par tous les hommes » y abondent dans le plus grand désordre. Tout ça sent le réchauffé. Et permet d’oublier l’essentiel.
Les femmes agressées dans les transports en commun par des étrangers dans plus de 60 % des cas, les femmes violées par des migrants, celles qui, de plus en plus nombreuses en France, luttent pour ne plus subir la charia sous toutes ses formes – les injonctions vestimentaires, les mariages forcés, les excisions, les interdictions de toutes sortes, etc. – ne doivent rien attendre de ces féministes et de leurs « alliés ». Les drames qu’elles vivent ne sont que rarement évoqués dans les médias mainstream. Elles n’auront droit à aucune tribune. Cela nécessiterait de parler des mœurs rétrogrades qu’une religion d’amour et de tolérance tente d’installer un peu partout en France. Ce serait faire le jeu de l’extrême droite, celui des racistes et des islamophobes, vous comprenez.
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Mais revenons à la tribune de M. Lucas. Quelles sont les raisons qui ont poussé ce dernier à l’écrire ? Deux options s’offrent à nous : 1) M. Lucas, qui a un livre et des séances de psycho-thérapie new-age à vendre, a écrit cette tribune dans le seul but d’attirer l’attention sur lui et sur son activité lucrative. C’est un opportuniste qui profite du malheur d’une femme pour exposer sur l’étal médiatique sa marchandise psycho-woke. 2) M. Lucas croit réellement ce qu’il écrit. Il fait partie de ces nouveaux croyants aveuglés par leur foi en le dogme destructeur du wokisme et par leur détestation de ce qu’ils appellent le « dominant », c’est-à-dire, essentiellement, l’homme occidental.
La première option, aussi immorale soit-elle, demande de posséder une certaine intelligence. Intelligence sournoise, intelligence cynique, mais intelligence quand même. Rien dans les écrits de M. Lucas ne nous laisse penser que celui-ci possède le quart de la moitié du dixième de ce genre d’intelligence, ni d’aucune autre d’ailleurs… La seconde option paraît être donc la seule qui convienne ! M. Lucas, c’est triste à dire, fait preuve d’une bêtise irrécupérable, emplie d’une foi imbécile dans cette religion simpliste et redoutable qu’on appelle le wokisme, cette bêtise qui prend ses aises partout, y compris dans des endroits réputés jadis pour avoir voulu l’étriller.
Cette tribune programmatique, qui ne sait manier que des slogans creux et des affirmations fantasmagoriques, est le parfait reflet de cette bêtise idéologico-religieuse. Libération s’est empressé de la publier : heureux les simples d’esprit wokes car le royaume médiatique leur appartient.
[1] Ceci n’est pas un livre sur le genre, Éditions Les Insolentes.
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