Une très curieuse tribune est parue dans Libération, ce 20 mars, au nom d’un collectif de journalistes. Céline Pina l’a lue.
« Nous voulons soutenir nos consœurs et confrères discriminé.e.s, exploité.e.s et marginalisé.e.s en école, en recherche d’emploi, en situation de précarité et en rédaction ». Que voilà de nobles intentions !
Certes le texte, comme l’extrait ici présenté, est écrit avec les pieds mais bon, ce n’est pas comme si les journalistes étaient censés être des professionnels de l’écriture ! L’initiative n’a cependant rien à voir avec la critique vigoureuse et nécessaire du constat de la précarisation du métier de journaliste, mais hélas tout à voir avec la création d’une petite entreprise communautariste de lobbying pro-domo : il s’agit d’en appeler à la création d’une « association de journalistes antiracistes et racisé.e.s », comprendre d’une association de victimes de la « blanchité ».
À gauche, la lutte raciale a remplacé la lutte sociale
Rien de tout cela ne parle de l’effondrement d’un modèle économique qui a abouti à la paupérisation du métier et à la dégradation des conditions de travail des salariés et pigistes de ce secteur. Non, cette réalité-là n’existe pas dans le prisme de ces nouveaux redresseurs de torts de la sphère médiatique. Pour eux la question de l’objectivité, le respect du factuel, le croisement et la vérification des sources, la rigueur dans la diffusion de l’information, les conditions de travail, le fait que l’origine sociale des journalistes ne soit pas marquée non plus par une forte diversité
