C’est officiel, Bachar Al-Assad a décrété que l’élection présidentielle syrienne se tiendrait le 3 juin prochain. Dans un pays morcelé par la guerre civile, le fils à papa syrien n’est pas encore candidat qu’on lui promet déjà un score bourguibesque. Pour mémoire, lors de son dernier plébiscite, en 2007, il avait recueilli 97% des voix – un score somme toute assez moyen pour un candidat unique ! Une réforme constitutionnelle ayant entre-temps ravalé la façade de ce régime hors d’âge, reste à dénicher un ou deux candidats fantoches pour croiser le fer avec Bachar. Si vous connaissez un citoyen syrien majeur, vacciné et pas franchement critique à l’égard du pouvoir alaouite, envoyez-moi son CV, je ferai suivre…
Sa candidature ne faisant guère de doute, le jeune apparatchik syrien – 49 ans, dont quatorze à la tête de l’Etat – s’est permis une petite escapade pascale dans le village chrétien de Maaloula, moins d’une semaine après sa reconquête par l’armée régulière. Opération com’ réussie pour Assad, ravi de poser avec le prêtre grec-orthodoxe local en train de contempler les icônes profanées par les jihadistes. Son slogan de campagne paraît tout trouvé : unité dans la diversité ! Terra Nova n’aurait pas fait mieux…
Comme un bonheur « démocratique » n’arrive jamais seul, le Liban voisin s’apprête aussi à élire un nouveau président. A la différence de son homologue syrien, l’actuel titulaire du poste, Michel Sleiman ne peut se représenter. Son successeur sera choisi par les 128 députés qui composent la Chambre, sans appel direct au peuple. Pour l’heure, Samir Geagea, président des Forces Libanaises, ancien seigneur de la guerre civile[1. Au terme de laquelle un procès inique le condamna à onze ans de prison pour un attentat contre une église.], fait figure de seul candidat de poids. Mais l’audace de cet ancien allié d’Israël n’enchante guère le camp du Hezbollah de Michel Aoun, qui peine cependant à trouver un prétendant de substitution. Résultat : Geagea a fait le plein des voix antisyriennes ce matin (48 bulletins), sans toutefois atteindre la majorité absolue.
En attendant la prochaine cession du Parlement jeudi prochain, je suggère aux parlementaires libanais d’oser le féminisme en portant enfin une représentante du beau sexe au sommet de l’Etat. Et puisqu’un Geagea semble bien parti pour emporter bon nombre de suffrages, que Samir laisse la priorité à sa charmante épouse Sethrida, une députée qui ne manque pas d’arguments…
*Photo : page facebook de Sethrida Geagea.
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