Vendredi matin, l’aviation israélienne a bombardé une base libanaise du « Front Populaire de Libération de la Palestine-Commandement Général » en riposte au tir de quatre missiles lancés depuis le sud du pays du Cèdre. Bien qu’un étrange groupuscule affilié à Al-Qaïda ait revendiqué l’attaque anti-israélienne, Tsahal comme des officiers de renseignements libanais montrent du doigt le fameux « FPLP-CG ». Quésaco ? Ce mouvement à l’appellation martiale est une des multiples scissions du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP) créé par Georges Habache en 1967[1. Parmi les innombrables ramifications issues de cette même souche, citons également le FPLP-Opérations Spéciales de Wadie Haddad, célèbre pour ses attentats spectaculaires commis avec le concours du vénézuélien Carlos, ou encore le Front Démocratique de Libération de la Palestine (FDLP) que Nayef Hawatmeh fonda en 1969 au nom de la lutte idéologique maoïste. Cette dernière branche se voit dénoncée pour sa trop grande modération depuis la poignée de mains entre son fondateur et le président israélien en 1999. Le 11 septembre 2001, il se trouva pourtant un petit plaisantin pour revendiquer les attentats contre l’Amérique au nom du FDLP en téléphonant à une chaîne satellitaire arabe !], qui compta notamment parmi ses compagnons de route le captif amoureux Jean Genet.
Comme Habache, Ahmed Jibril appartient à la diaspora palestinienne et se revendique nationaliste, marxiste et laïc. Mais en 1969, la proximité de Jibril avec le régime syrien (déjà) baathiste – qui emprisonna un temps Habache – provoque le divorce entre les deux hommes, et la création d’un groupe inféodé à Damas, le FPLP-CG. Longtemps, Jibril a vécu dans la capitale syrienne, avant que les remous de la guerre civile ne l’incitent à déménager sur la côte alaouite, à Tartous, près du fief historique des Assad. Sa modeste unité de combat vivant au rythme des intérêts syriens, on entend rarement parler du FPLP-CG depuis la grande réconciliation libanaise scellée à Taëf (1990).
En ce mois d’août, peu après que le président libanais Michel Sleimane a attaqué dans des mots à peines couverts l’Etat dans l’Etat que forme le Hezbollah libanais, une pluie de roquettes s’est abattue aux alentours de son palais de Baabda. L’enquête semble orienter l’origine du tir vers des positions du… FPLP-CG, non loin de la frontière syrienne. À plus de quatre-vingt-cinq ans, Ahmed Jibril vit les dernières heures du terrorisme palestinien d’extrême gauche, aujourd’hui à son crépuscule. Citant Che Guevara, son meilleur ennemi Habache aimait plastronner que «les révolutionnaires ne meurent jamais». On peut sans doute en dire autant des terroristes.
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