L’affaire de l’Ocean Viking a démontré l’incurie (ou l’inexistence) de notre politique migratoire. Une majorité de Français, inquiets, ne veulent pas que leur pays soit ouvert à tous. Mais nos dirigeants semblent plus soucieux de câliner les médias que de rassurer les électeurs.
« Nous y arriverons ». On se rappelle la formule d’Angela Merkel, le 31 août 2015, lorsque celle-ci a décidé d’ouvrir ses bras – et les nôtres – aux migrants (terme qui a alors remplacé celui d’immigrants, comme si le voyage était leur condition ontologique) fuyant la guerre en Syrie. La photo du petit Aylan, échoué sur une plage de Turquie, avait eu raison de la raison politique. Peu importait alors qu’Aylan et sa famille ne fussent pas venus directement de Syrie, mais de Turquie où ils s’étaient installés. Il aurait fallu avoir un cœur bien dur pour résister à l’image d’un enfant mort.
La décision d’Angela Merkel a inauguré une nouvelle phase dans le (non-)débat sur l’immigration, que Stephen Smith définit comme une opposition frontale (et stérile) entre « sans-frontiérisme » et « rideau-de-ferisme »[1]. L’affaire de l’Ocean Viking, dont les 230 passagers ont pu débarquer à Toulon après vingt-et-un jours en mer, avant que presque tous se retrouvent dans la nature, illustre ce dialogue de sourds en même temps qu’il révèle une fois de plus l’inanité (ou l’inexistence) de notre politique migratoire, condamnée à errer au gré des émotions médiatiques et des postures politiques. En effet, la décision du gouvernement d’accueillir
