Une manifestation LGBT devait se tenir à Tours demain. La marche est annulée. Pourquoi? Son annonce avait rapidement fait polémique pour son espace interdit aux blancs. Mais quand certaines personnes non-blanches éprouvent une certaine gêne ou une certaine appréhension à l’idée de coudoyer des personnes blanches, n’est-ce pas la définition même du racisme?
Cette semaine, une association LGBT de Tours a envisagé d’organiser une manifestation contre l’homophobie dont une partie du cortège aurait été « en non-mixité ». C’est-à-dire, pour parler clair (si j’ose dire) interdite aux personnes de peau blanche. La chose avait été communiquée aux éventuels participants de façon assez peu amène : « Toute personne blanche qui essaiera de s’incruster dans ce cortège se fera cordialement (ou non) dégager ».
Devant le tollé provoqué par cette décision, l’association a finalement opté pour l’annulation pure et simple de l’évènement. Mais, dans un premier temps, elle avait tenté de justifier et d’expliquer sa décision de la façon suivante : « Certaines personnes racisées ne se sentent pas à l’aise dans des cortèges mixtes et ont demandé une zone non-mixte dans laquelle iels se sentiront plus à l’aise. Nous l’avons donc mise en place ».
Éléments de langage
Rappelons que, dans la novlangue « progressiste », « racisé » signifie « non-Blanc » et « iels » est le pronom-valise inventé pour compacter « ils » et « elles » en un seul mot dans un souci burlesque « d’inclusivité ».
Indépendamment de son caractère jargonnant, il y a dans cette « explication » deux éléments qui, me semble-t-il, méritent une attention toute particulière : « pas à l’aise » et « donc ».
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Commençons par le « donc ». Tout comme « par conséquent » ou « c’est pourquoi », « donc » est un terme qui s’emploie pour indiquer une causalité logique ou naturelle, pour marquer un enchaînement dont l’évidence doit être manifeste aux yeux de toute personne raisonnable. Dans ce texte, le « donc » de « Nous l’avons donc mise en place » indique sans la moindre ambiguïté que la demande exprimée par les « personnes racisées » est apparue aux organisateurs comme une demande parfaitement normale et recevable, à laquelle il convenait de faire droit.
Venons-en maintenant à l’argument donné pour étayer cette demande : « certaines personnes racisées ne se sentent pas à l’aise dans des cortèges mixtes ». Autrement dit, là encore pour parler clair (toujours si j’ose dire), certaines personnes non-blanches éprouvent une certaine gêne ou une certaine appréhension à l’idée de coudoyer des personnes blanches, ce qui les amène à réclamer des fractions de cortèges à elles réservées.
« Pas à l’aise » ????
Attendez une minute.
Ça ressemble à du déjà vu
Arrêtez-moi si je me trompe, mais la justification de l’apartheid en Afrique du Sud, la justification des lois de discrimination raciale dans le sud des USA jusque dans les années 60, c’était bien que des Blancs « ne se sentaient pas à l’aise » s’ils devaient côtoyer des Noirs ? Les bars ou les autobus, dans ces charmants endroits, avaient des zones pour Blancs et des zones pour Noirs, les fontaines publiques y avaient des robinets pour Blancs et des robinets pour Noirs justement parce que certains Blancs ne se « sentaient pas à l’aise » s’ils devaient partager chaises, places ou robinets avec des Noirs ? Si certaines écoles publiques étaient interdites aux Noirs, c’est justement parce que des élèves ou étudiants blancs ne se « sentaient pas à l’aise » à l’idée d’avoir pour voisins des élèves ou étudiants noirs.
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Et d’une façon générale, est-ce que le fait de « ne pas se sentir à l’aise » en compagnie d’une personne uniquement à cause de la couleur de sa peau n’est pas un symptôme reconnu et avéré de racisme ? Est-ce que ce n’est pas là, très exactement, un ressenti raciste ?
Autrement dit, la seule raison donnée par ces « personnes racisées » pour justifier leur demande, c’est leur sentiment a priori de gêne et d’appréhension à l’idée de coudoyer des Blancs dans la promiscuité d’une manifestation. Une justification parfaitement, purement et exemplairement raciste. En somme, « certaines personnes » ont exprimé le souhait d’une décision raciste, en le justifiant uniquement par leur ressenti raciste et en demandant que soient respectées les exigences racistes dictées par ce ressenti raciste.
Et le « donc » du texte rédigé par l’association nous montre que, aux yeux des organisateurs, cette demande raciste dicté par un ressenti raciste est apparue comme tout à fait légitime.