Racaillo-gauchisme. Jean-Luc Mélenchon va trop loin. Dans les quartiers chauds, les électeurs de la Nupes, en proie à la violence pathologique des bandes de jeunes, ne pourront pas pardonner aux élus de gauche qui n’ont pas appelé au calme. Ils se détourneront d’eux.
Sur les émeutes, je n’ai pas franchement goûté les réactions de l’extrême gauche. Il faudra analyser cette sécession, comprendre pourquoi une partie de la jeunesse française déteste ce pays si généreux. Il faudra aussi oser parler de la faiblesse intellectuelle des vandales, et s’interroger sur les politiques notamment migratoires qui ont abouti à ce désastre. Mais dans l’immédiat, il faut parler des responsables politiques : ceux qui laissent faire par lâcheté et ceux qui encouragent par intérêt.
Un mot d’abord sur la mollesse de l’État. Au départ, nous avons eu droit aux discours lénifiants de l’exécutif. Macron a laissé parler son cœur (ce qui n’est quand même pas le boulot d’un président de la République), puis il y a eu cette grotesque et même scandaleuse minute de silence à l’Assemblée nationale. Demain, on débloquera peut-être des millions pour des associations qui caressent ces jeunes dans le sens du poil victimaire. On verra.
Ces derniers jours, bien sûr, il y a eu un durcissement des discours. Mais, sur le terrain, la répression est tout de même minimale. Les policiers à qui j’ai pu parler pendant le weekend me disent qu’ils ont ordre de contenir mais pas d’intervenir, sauf en cas de menaces sur les personnes. On a peur de la bavure, on a peur d’un blessé (enfin, chez les manifestants, car chez les policiers, il y en a). Nous avons intégré le chantage à la violence. Bref, le moteur de la réaction gouvernementale, c’est la peur. Et ça, ça fait peur.
Et puis, il y a cette gauche qui encourage la violence…
Il y a une différence notable avec 2005, relevée d’ailleurs par la fondatrice du parti des Indigènes de la République, Houria Bouteldja. A l’époque, la gauche était presque absente. Aujourd’hui, elle est là. En tout cas, Jean-Luc Mélenchon, la « prise de guerre » des « indigènes » est là. Beaucoup à gauche nous refont le coup de Charlie : la violence ce n’est pas bien mais… il faut comprendre. D’autres applaudissent, encouragent carrément. Le NPA affiche sans surprise son « soutien à la révolte en cours ». Ce qui est attendu et anecdotique compte tenu du poids de ce parti.
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Moins anecdotique, Jean-Luc Mélenchon est allé très loin. D’abord, il refuse de condamner. « Ce sont les chiens de garde qui appellent au calme ». Il trouve offensant que l’on appelle à la responsabilité des parents, il surfe sur la haine anti-flics. Finalement, il lâche que brûler des écoles et des bibliothèques, ce n’est pas bien – pour les bagnoles, les commissariats et les mairies, allez-y. Il ne le dit pas, mais c’est presque implicite. Il finit sur des trémolos sur le maire agressé, Vincent Jeanbrun, à L’Hay-les-Roses.
Inversion de culpabilité
Le pompon, c’est son intervention sur LCI dimanche. Passons sur son ton odieux, on a l’habitude de ses manières. Mais il monte encore d’un cran dans la dinguerie des propos. « Les riches, les puissants, se sont ensauvagés. Ils veulent vivre à part des « nuisibles » comme dit leur police, les tenir à distance, les mâter. » Comme chacun sait, Mélenchon vit avec eux, au milieu d’une cité sensible. Cette inversion de la culpabilité est assez sidérante. Si les riches sont des barbares, on a raison de les voler.
Il semble que cette position suscite quelques remous en interne mais à part François Ruffin, personne ne moufte. Mathilde Panot, Clémentine Autain et les autres semblent être sur la même ligne que le chef. Ces insoumis sont prêts à tout, pas parce qu’ils croient à leurs sornettes sur la police raciste ou la menace d’extrême droite mais parce qu’ils pensent que ça va les amener au pouvoir.
Les émeutiers, bien entendu, se fichent totalement de leur bienveillance. Ces hommes politiques d’extrême gauche auront donc la défaite et le déshonneur.
En attendant, comme le résume l’ami Jean-Baptiste Roques, après l’islamo-gauchisme, nous avons assisté à la naissance du « racaillo-gauchisme ».
Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio
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