Pourtant habitués à la surenchère verbale, la plupart des « Insoumis » continuent d’avoir des pudeurs de gazelle dès qu’il s’agit de commenter l’attaque anti-juive du week-end dernier.
Hier encore, elle a soigneusement évité le mot “terrorisme”. Interrogée lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale sur les atrocités perpétrées il y a cinq jours par le Hamas envers la population israélienne, Mathilde Panot, cheffe de file des « Insoumis » au Palais Bourbon, s’est bornée à parler de “crimes de guerre” qui auraient été accomplis par une “branche armée”. Comme si cette barbarie avait quelque chose à voir avec la pratique militaire… Comme si seul le droit de la guerre avait été violé ! Et alors même que les disciples du cheikh Yassine sont les premiers à assumer pleinement le qualificatif de “terroristes”, comme le remarquait il y a déjà vingt ans Agnès Pavlowsky lors de la sortie de son livre Hamas ou le miroir des frustrations palestiniennes.
Mais voilà, samedi dernier, tandis que des femmes et des enfants se faisaient massacrer par des escadrons de la mort venus de Gaza et que des dizaines d’innocents étaient pris en otage, l’extrême gauche parlementaire a d’abord eu peur de micro-agresser ses électeurs.
Le vocable “terrorisme” n’est pourtant pas tabou à LFI. Il y a trois ans, Jean-Luc Mélenchon n’hésitait pas à dénoncer le “terrorisme islamiste” en réaction à l’assassinat ignoble de Samuel Paty par un djihadiste tchétchène. Celui qui était alors député de Marseille avait même jugé utile d’ajouter: « Il faut reprendre un par un tous les dossiers des Tchétchènes présents en France et tous ceux qui ont une activité sur les réseaux sociaux, comme c’était le cas de l’assassin ou d’autres, qui ont des activités de l’islamisme politique (…), [ils] doivent être capturés et expulsés ». On imagine le scandale, légitime, si quelque pro-israélien exaspéré se risquait aujourd’hui à parler ainsi des Arabes. Conscient du racisme patent de sa rhétorique, Mélenchon s’excusa, fort heureusement, peu de temps après. Sans pour autant dissuader son mouvement de continuer de déverser à flot continu d’autres outrances dans l’espace public.
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Ainsi, pas plus tard que samedi, Andrée Taurinya, députée LFI de Saint-Etienne, osait écrire sur Twitter/X que les exactions alors en cours au sud d’Israël étaient une « violence réactionnelle du colonisé ». Et hier, c’était son collègue Bastien Lachaud, élu de la Seine-Saint-Denis, qui colportait un dangereux mensonge au sujet du député RN Julien Odoul, en l’accusant, toujours sur Twitter/X, d’avoir déclaré vouloir « éradiquer Gaza et la France insoumise » (alors que l’abject propos en question est celui d’un manifestant anonyme présent au rassemblement organisé par le Crif lundi soir à Paris en hommage aux victimes juives du Hamas). Mais c’est évidemment Jean-Luc Mélenchon qui, cette semaine encore, a battu tous les records de l’indécence en accusant le Crif d’ « obliger tout le monde à s’aligner sur la position du gouvernement d’extrême droite israélien ». Soit rien moins que du complotisme. L’assertion selon laquelle un organisme communautaire juif aurait le pouvoir de forcer l’ensemble des responsables politiques d’un pays à lui obéir, nous replonge, hélas, dans le pire des années 30.
S’ils se tenaient plus tranquilles en temps normal, on pardonnerait plus volontiers à Mathilde Panot, Jean-Luc Mélenchon et Bastien Lachaud de faire dans le feutré au sujet du Hamas. Seulement, dans une formation qui a théorisé l’art de “tout conflictualiser” et qui continue de le faire encore aujourd’hui au sujet du RN et du Crif, cette exception de douceur ne peut être interprétée que comme une perfidie.
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