Il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser… Après le nouveau coup d’éclat clownesque de Rachel Keke à l’Assemblée nationale, hier, notre directrice de la rédaction formule un vœu: « J’espère que dimanche, les électeurs montreront à LFI le chemin de la sortie ». Sera-t-il exaucé ?
Nouvelle séance houleuse à l’Assemblée : l’insoumise Rachel Keke a encore brandi un drapeau palestinien dans l’hémicycle. Ce que l’on ne dit pas, c’est qu’en réalité il s’agissait selon Libération[1] d’une initiative des écolos. Des dizaines de députés de gauche, élus pour représenter le peuple français et faire la loi, s’étaient habillés en rouge, vert, blanc ou noir pour former un drapeau palestinien sur les bancs… Quand on pense que cela a dû mobiliser des assistants parlementaires pendant des heures…
Bordélisation générale
Puis, Mme Keke a brandi son drapeau. À droite, on a sorti les écharpes tricolores. Rappel à l’ordre pour l’insoumise, huées, brouhaha et suspension de séance, comme un air de déjà-vu… La présidente Yaël Braun-Pivet a du rappeler qu’on était dans l’hémicycle. Mais quand on regarde les images, on dirait plutôt une AG à Tolbiac.
Ce qui est frappant, c’est que ces députés prétendent dénoncer un génocide et compatir à la souffrance de civils, alors qu’on les voit tout contents d’eux, rigolant. Mais ce ne sont pas seulement des blagues de potache. Le bilan à tirer de cette séquence (pour parler comme les politologues), c’est qu’il y a en France un parti anti-démocratique. Certes, ce sont des révolutionnaires de salon qui ne font pas vraiment peur, et l’on voit mal M. Boyard, Mme Soudais ou Mme Keke prendre le palais d’Hiver, mais ils pourrissent le débat public. C’est la stratégie du chaos : dans la rue, dans les facs et maintenant au Palais Bourbon. En quelques heures, Rima Hassan est capable de rameuter plusieurs milliers de gens pour intimider un média (TF1). Les manifestants n’ont pas pris les armes, mais ça, c’est une logique fasciste : on veut faire taire par la force et la foule. Le pire, c’est que le média ne proteste pas. Car LFI fait peur.
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Dans ces conditions, que faut-il faire ? Pas de liberté pour les ennemis de la liberté, disait Saint-Just. Je crois exactement le contraire depuis longtemps. Ce qu’il ne faut surtout pas faire : la diabolisation, l’indignation, le cordon sanitaire. En revanche, nous pouvons bien sûr essayer d’imposer à ces députés la règle commune (la politesse). Mais surtout, ne leur offrons pas un statut de martyre ! Il faut démystifier leur position, dévoiler ce qu’elle cache. À part l’exécration d’Israël, ces députés de gauche n’ont aucune proposition. Ils réclament soi-disant un cessez-le-feu, mais quand il y a une proposition sur la table, ils ne disent pas un mot – parce qu’elle vient d’Israël et des Américains.
LFI, maîtresse en mauvaise bannière
Comme les chefs du Hamas, navrée de le dire, ils ont intérêt à ce que des images terribles viennent de Gaza. Elles leur permettent de transformer l’émotion en haine. Au passage, rappelons qu’on a bien constaté récemment que les seuls drapeaux qu’ils aiment sont toujours des drapeaux étrangers.
N’oublions pas enfin que LFI n’a pas obtenu toute seule cette capacité de nuisance. Elle provient de M. Faure et des autres alliés d’hier, qui aujourd’hui ne peuvent plus plaider l’ignorance. S’ils retournent à Canossa et s’allient encore avec un parti qui flirte avec l’antisémitisme et méprise nos institutions, ils auront la défaite et le déshonneur. Il est peut-être aussi temps pour des dissidents de l’intérieur de ce parti décidément peu démocratique de sortir du bois (Ruffin, Corbière etc…).
Mme Braun-Pivet peut prendre des sanctions. Mais seuls les électeurs peuvent congédier des élus. J’ai confiance. La politique de l’éructation n’a pas fait bouger les sondages pour les élections européennes, la liste LFI n’est pas passée de 6-8% à 12% depuis que le parti fait campagne sur le dos des Palestiniens. Alors, j’espère que dimanche, les électeurs montreront à ces boutefeux le chemin de la sortie. Et, on peut rêver, qu’ils priveront Rima Hassan de son siège d’eurodéputée.
Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio
Retrouvez Elisabeth Lévy du lundi au jeudi dans la matinale de Patrick Roger.
[1] https://www.liberation.fr/politique/a-lassemblee-nationale-des-deputes-de-gauche-vetus-des-couleurs-du-drapeau-palestinien-20240604_XCHYRWV32JHSLPJDEBNLRPPDTI/
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