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Questions au gouvernement: ce ridicule et permanent monôme


Questions au gouvernement: ce ridicule et permanent monôme
Après avoir fait son numéro avec un drapeau palestinien dans l'hémicycle, le député d'extrême gauche Sébastien Delogu (LFI) répond à la presse à l'Assemblée nationale, Paris, 28 mai 2024 © WITT/SIPA

L’Assemblée nationale a démontré hier qu’elle pouvait se comporter de manière aussi stupide que le cortège d’étudiants le plus bêbête. Selon les députés islamo-gauchistes, la France serait ainsi complice d’un « génocide » à Gaza. Chaque jour qui passe laisse à penser que LFI est devenu le petit télégraphiste du Hamas dans l’hexagone.


À l’Assemblée nationale, certains députés n’ont visiblement pas conscience qu’ils représentent la nation toute entière et le peuple français. A LFI, ces enfants gâtés de la République se comportent comme s’ils étaient dans une AG étudiante, où l’exaltation est inversement proportionnelle au sens des responsabilités. Le zozo du jour, dont je ne me fatiguerai pas à citer le nom tant il mérite de rester dans l’oubli que son geste médiocre appelle, a donc brandi un drapeau palestinien en plein hémicycle, lors de la séance des questions au gouvernement.

Pourquoi un tel geste ? Parce qu’en bon idiot utile des massacreurs du Hamas, il faut faire résonner les éléments de langage des islamistes dans tous les lieux de pouvoir et d’influence. Mais comme soutenir un mouvement qui s’est comporté comme des nazis envers une population civile sans défense est un peu compliqué à assumer, un transfert a eu lieu : le Hamas a été effacé de l’équation, recouvert par le drapeau palestinien, censé représenter une population idéale, la quintessence de l’innocence bafouée… Le problème c’est que cela ne correspond à aucune réalité.

Le drapeau palestinien, cache-sexe du soutien au Hamas

Car disons-le tout net, brandir un drapeau palestinien dans l’hémicycle a deux buts : désigner l’état d’Israël comme agresseur, en faisant de tout ce qui a trait à la Palestine, un objet de compassion, et installer l’idée que la France est complice d’un génocide. Le problème est que l’histoire n’est pas si simple. D’abord, comme dans le cas de l’Ukraine et de la Russie, il n’y a aucun doute sur l’agresseur. Le Hamas a commis une attaque ignoble et Israël s’est défendu.

Assemblée nationale, 28 mai 2024 © NICOLAS MESSYASZ/SIPA

Ensuite les mensonges n’ont cessé d’affluer sur la façon dont les Israéliens mènent cette guerre. D’abord on fait semblant d’oublier que les guerres sont meurtrières et que les civils en payent souvent le prix. Et c’est le cas quelle que soit la guerre. Celles que nous avons menées, en Syrie ou en Irak contre l’Etat islamique ont tué leur lot d’innocents. Mais il y a pire, l’autocensure des médias. La presse garde souvent un silence pudique alors que se confirme tout ce que les dirigeants palestiniens ont toujours nié : les caches d’armes dans les écoles et les hôpitaux, les QG installés au milieu de la population civile, le détournement massif de l’aide internationale et de l’aide humanitaire, l’enrichissement des dirigeants, l’indifférence à la population, la fanatisation des enfants et de la jeunesse, le fait de voir comme un atout de communication les dommages infligés à la population civile… En revanche pour discréditer la réplique d’Israël, tout a été mobilisé, à commencer par le mensonge. Rappelez-vous l’histoire de l’hôpital Ahli Arab, au centre de Gaza : l’Etat juif avait été accusé d’avoir bombardé des civils sans défense avant que l’on apprenne que c’était une frappe du Hamas qui avait fait tous ces dégâts. Dans le cas du camp en toile qui a pris feu suite à une frappe israélienne ciblée, il semble que le fait que le Hamas planque ses caches d’armes et ses réserves d’essence là où il installe sa population civile soit une nouvelle fois la cause de ce terrible drame.

Des médias exaltés qui ignorent les faits

Autre point problématique. LFI excite la haine contre les juifs au nom de ce que subissent les Palestiniens. Mais pourquoi les journalistes ne font-ils pas leur travail ? Pourquoi ne pas écrire clairement qu’une partie de la population civile palestinienne est venue se servir le 7 octobre dans les kibboutz. Et qu’ils n’ont pas fait que voler. Ils ont aussi violé, tué et emporté des captives pour leur servir d’esclaves sexuelles. L’information a été confirmée par le Hamas expliquant qu’ils ne savaient pas où se trouvaient tous les otages car des civils en avaient amené un certain nombre. Jamais la population d’Israël n’a fait cela. L’esclavage n’appartient plus à notre champ mental depuis des années. De tels comportements expliquent pourquoi le monde arabe ne veut surtout pas accueillir les Palestiniens et garde ses frontières hermétiquement closes.

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Mais poursuivons. Pourquoi, alors que l’on a découvert plusieurs centaines de kilomètres de tunnels du Hamas, les journalistes ne s’interrogent-ils pas sur l’attitude de dirigeants qui n’abritent pas leur population alors qu’ils en ont les moyens ? Pourquoi taire le fait que les dirigeants du Hamas pensent que faire tuer un maximum de Palestiniens est utile, car cela sert leur politique ? Pourquoi ne pas dire qu’ils théorisent eux-mêmes que le fait que le nombre de morts soit le plus élevé possible sert leurs intérêts ? Pourquoi taire les détournements de l’aide humanitaire et leur confiscation par le Hamas ? Pourquoi taire que pour travailler dans la bande de Gaza, il faut faire allégeance au Hamas et diffuser leurs éléments de langage sinon il est délicat d’y retourner et on peut mettre en danger ses fixeurs (accompagnateurs stipendiés par le Hamas et qui accompagnent les journalistes) ? Pourquoi taire le fait qu’un certain nombre d’agences de presse n’ignore pas que le Hamas s’installe toujours là où les installations civiles le protègent, notamment non loin de leurs bureaux, des hôpitaux, des écoles… ?

Une explosion de la haine des Juifs qui a de graves conséquences en France

Les mêmes questions se posent en France. Pourquoi taire la propagande antisémite qui sévit sur les réseaux sociaux et que diffusent largement les militants LFI ? Pourquoi taire le fait que la tournée de Rima Hassan et de Jean-Luc Mélenchon réveille les haines antisémites au point que dans les universités les Juifs ont peur ? Comment ne pas voir que la rhétorique violente et victimaire de LFI participe de la désinhibition de la violence antisémite ? Pourtant il n’est pas difficile de voir les résultats d’une telle propagande chez nous. L’antisémitisme explose et le phénomène est massif : après le pogrome du 7 octobre, ce n’est pas à une vague de solidarité que nous avons assisté, mais à un tsunami antisémite. + 1000% d’augmentation des actes anti-Juifs en quelques mois.

La journaliste Céline Pina © Bernard Martinez

D’ailleurs, les mêmes qui agitent le drapeau palestinien au nom de leur grande conscience humaniste n’ont pourtant pas eu un geste le lendemain du 7 octobre alors qu’un crime contre l’humanité venait d’être commis sur des civils et que le Hamas s’était comporté en véritables nazis. Là, LFI ne s’est pas senti concernée. Là aucun drapeau n’a été agité. Pourquoi ? Parce que c’était des juifs qui ont été martyrisés ? Ou parce que, considérant le Hamas comme un mouvement de résistance, LFI ne pouvait se ranger du côté des juifs massacrés ? Parce que soyons clairs : si le Hamas est un mouvement de résistance, il est le dirigeant légitime des Palestiniens de Gaza, leur avant-garde même. Il les représente. Si de telles atrocités sont des actes de résistance et se justifient parce qu’elles sont exercées pour venger le peuple palestinien ; alors quand on agite ce drapeau-là, on agite le même que celui qu’agite le Hamas. L’usage du drapeau palestinien vise à évacuer le 7 octobre, à le banaliser, à délégitimer le droit d’Israël à se défendre pour installer l’idée que les Juifs persécutent par pur vice et plaisir le peuple palestinien. Et cette rhétorique aussi stupide que fausse fonctionne puisque personne ne fait le travail rationnel consistant à s’appuyer sur les faits pour dégonfler une telle propagande.

Une offensive concertée des Frères musulmans, maison mère du Hamas ?

Aujourd’hui c’est essentiellement le milieu universitaire, massivement noyauté suivant les secteurs par les islamistes et les gauchistes, qui est à la manœuvre et qui trouve un relais complaisant chez LFI et à gauche en général.

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Les Frères musulmans, branche mère du Hamas, activent leurs relais car la haine des Juifs qui se réveille en Europe réveille de lourds traumatismes et de profondes angoisses collectives susceptibles de contribuer à notre déstabilisation. Tout cela renforce leur poids dans la société et leur influence sur leur communauté. En Belgique, leurs relais universitaires sont tellement imbibés par cette logique qu’ils ont décidé d’autoriser leurs étudiants à tricher en signe de soutien à la Palestine. On cherche en vain la logique d’un comportement aussi débile, mais ce serait inutile. Ce qui compte ici n’est pas la cohérence mais la démonstration de force. Les islamistes montrent leurs muscles, leurs poids et l’importance de leurs relais. Le déploiement du drapeau palestinien dans l’hémicycle par un de leurs obligés en témoigne. Ce clientélisme a un prix, que paye sans barguigner LFI : celui de se mettre au service d’intérêts qui sont rarement ceux de son pays.

La même mise en scène a eu lieu hier au parlement italien. Cette offensive concertée a pour but de faire accepter comme normal et légitime un terrifiant massacre et un terrible pogrome. D’entériner l’abandon d’Israël et le soutien de l’occident à un mouvement terroriste islamiste, le Hamas. Car c’est bel et bien lui, et non le « peuple palestinien » qui capitalise politiquement sur cette sordide manipulation. On en est ainsi arrivé à ce qu’un massacre de Juifs ouvre la porte à la reconnaissance d’un Etat palestinien dirigé par des fanatiques meurtriers. C’est redonner à la cruauté gratuite et au crime contre l’humanité ses lettres de noblesse en tant qu’outil politique. Que cela soit l’œuvre de la gauche et qu’elle en tire fierté interroge.




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Ancienne conseillère régionale PS d'Île de France et cofondatrice, avec Fatiha Boudjahlat, du mouvement citoyen Viv(r)e la République, Céline Pina est essayiste et chroniqueuse. Dernier essai: "Ces biens essentiels" (Bouquins, 2021)

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