Trois députés de La France insoumise se sont rendus hier à Arras afin de commémorer la mort du révolutionnaire Robespierre, un choix « entre la bêtise politique et l’ignorance historique » selon le ministre Clément Beaune. Il conviendrait de rappeler à ces Insoumis le caractère sanguinaire de leur idole.
Il ne faut jamais se moquer, mais toujours tenter de comprendre pour éventuellement approuver ou s’indigner. Quand trois députés LFI, pas les moins estimables (Antoine Léaument, Ugo Bernalicis et Hadrien Clouet) décident, le 28 juillet à Arras, de rendre hommage à Robespierre pour le 228e anniversaire de sa mort, on est évidemment surpris. On l’est encore davantage au regard de l’argumentation développée : « …9 Thermidor. Moment terrible. Robespierre hors la loi. Le lendemain décapité sans procès. Nous serons donc à Arras pour lui rendre hommage… »
Robespierre a-t-il été, dans notre Histoire, une personnalité honorable qui mérite les égards particuliers que ces députés vont lui offrir ?Immédiatement, je réponds par la négative à cette interrogation.
Immense coulée d’horreur et de sang
Brutalement je le qualifierai de tueur se donnant bonne conscience et se justifiant par une idéologie qui ciblait comme ennemies des catégories sociales, des nobles aux gens du peuple, pour pouvoir les décapiter avec l’allégresse du sentiment révolutionnaire. Il a tant fait massacrer de victimes sans procès par l’entremise de la guillotine que je trouve presque indécent de le plaindre parce qu’il aurait pâti du même lamentable sort.
Trop de sang répandu par cet autocrate au prétexte qu’il aurait été incorruptible et que le Mal avait pris possession de tous ceux qu’il haïssait non seulement par politique mais aussi par tempérament : l’excès de vie d’un Danton, par exemple, lui était insupportable et comme il a dû jouir quand il a éradiqué du champ révolutionnaire cet être formidablement populaire, talentueux et corrompu ! La vertu est terrifiante quand elle se croit seule autorisée à régner.
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En revanche, que des colloques, des analyses et des contradictions continuent d’être organisés et développés sur Robespierre, son rôle, sa destinée, sa pensée et son importance, sur cette Révolution dont il a été un élément central, terrifiant et infiniment craint durant longtemps, rien de plus normal, de plus stimulant. Mais le départ doit être absolument fait entre le massacreur et le politique, entre l’ignominie à attacher au premier et la réflexion à consacrer au second – sauf à considérer qu’il n’aurait été dans notre Histoire que cette infinie et immense coulée d’horreur et de sang.
La satisfaction de la terreur accomplie
Le ministre Clément Beaune est indulgent quand il souligne seulement, pour dénoncer cet hommage, « une ignorance historique ». Il me semble que c’est moins sur ce plan que le trio de LFI pèche que par une sorte d’insensibilité à l’égard de ce que Robespierre a charrié de pire : tout ce qui était humain lui était étranger. Et il est mort comme il a fait mourir tant de ses concitoyens, sans remords mais avec la satisfaction de la terreur accomplie.
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Sa posture révolutionnaire a engendré une descendance déplorable qui, par exemple pour Hitler, Staline et Pol Pot, a poussé au comble l’effrayante certitude d’avoir raison sur le plan historique et la nécessaire suppression des opposants, juifs, contre-révolutionnaires, « nuisibles ». Il est lamentable que la mansuétude trop souvent manifestée au bénéfice de ces trois monstres soit la seule incitation à une indulgence relative au bénéfice de Robespierre. Il a ouvert la voie certes mais après lui on a fait pire ! Je trouve scandaleux que ces trois députés LFI aient laissé croire si peu que ce soit que Robespierre était un homme honorable. Le sang a séché mais pas la folie meurtrière qui l’a fait couler.
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