La gauche et plus encore l’extrême gauche s’étant insidieusement placées comme le camp ultime du Bien, la parole morale légitime par excellence, elles ne supportent plus la moindre contradiction, le moindre débat avec une idée qui différerait ne serait-ce qu’un peu de la leur. Alors, elles censurent, elles interdisent la parole, notamment dans les universités. C’est un vrai danger pour la démocratie.
« Français, n’ayez plus peur et soyez fiers de défendre votre identité qui n’est pas un gros mot mais la plus belle chose qu’encore vous possédiez ».
Gilles-William Goldnadel, Manuel de résistance au fascisme d’extrême-gauche (Nouvelles Editions de Passy, 2021).
Parce que le « camp du Bien » a toujours su parler au peuple français en « exploitant sa générosité, son amour de la justice, sa foi naïve dans l’Avenir »[1], une bonne partie de la droite, quoi qu’elle en dise, est longtemps restée paralysée par ce statut particulier et autoproclamé de la gauche. Culturellement et sociétalement, elle tente de lui ressembler depuis quarante ans. Politiquement, elle est tombée dans tous les pièges, le plus efficace étant la création machiavélique d’un monstre fantasmagorique, « l’extrême droite » et son cortège de tares anti-démocratiques et anti-républicaines, voire fascistes. Cette extrême droite est devenue le prétexte à l’évitement des sujets qui fâchent ou contrarient la gauche – l’immigration, l’insécurité, la culture et l’identité françaises – en même temps que le paravent cachant la médiocrité et la lâcheté de certains responsables politiques de gauche comme de droite. Quant au fascisme présumé de cette extrême droite fantasmée, il sert surtout aujourd’hui à dissimuler les exactions, les appels à la censure et à la violence à peine voilés de ce qu’il reste en réalité de la gauche, à savoir l’impérieuse extrême gauche mélenchoniste. Oui, de la gauche il ne reste plus que l’extrême gauche sectaire – l’éléphantesque PS a d’abord été grignoté par la Macronie ; ce qu’il en restait a été absorbé par la Nupes soumise aux Insoumis. Cette extrême gauche est plurielle et hétéroclite : La France insoumise, une bonne part d’EELV, quelques communistes égarés, une ribambelle de mouvements associatifs LGBTistes, féministes, antiracistes ou pro-migrants, des groupuscules d’agitateurs « antifas », des filiales d’ONG politisées, le syndicat SUD, des journalistes et des universitaires militants, etc. Ce qui caractérise d’abord cette ultra-gauche radicalisée et autoritaire est sa propension à l’intolérance, à la censure, à l’excommunication et à la violence. Sur France Inter, le sociologue islamo-gauchiste Geoffroy de Lagasnerie a admis être « contre le paradigme du débat, de la discussion » et vouloir « reproduire un certain nombre de censures dans l’espace public pour que les opinions justes prennent le pas sur les opinions injustes ». Cet émule de Saint-Just a dit tout haut ce que toute l’extrême gauche pense tout bas – et qu’en vérité elle met déjà en œuvre. Lagasnerie avait auparavant co-écrit (avec l’impayable Edouard Louis) une tribune appelant au boycott des « Rendez-vous de l’histoire de Blois » au seul motif que « l’idéologue réactionnaire » Marcel Gauchet devait y prononcer la conférence inaugurale. Nous étions en 2014. Depuis, les interdictions, les censures, les listes noires, les excommunications prononcées par l’extrême gauche politique, syndicale, associative, universitaire ou médiatique, se sont multipliées.
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Il ne se passe plus un mois sans que des philosophes, des intellectuels, des universitaires, des écrivains ou des responsables politiques soient empêchés de donner des conférences ou d’animer des colloques. L’extrême gauche a décidé que les débats pourtant légitimes sur le néoféminisme, l’antiracisme racialiste, la théorie du genre et la « transidentité », l’immigration, l’islamisme, l’insécurité, la PMA et la GPA, ne devaient pas avoir lieu. Ce sont toujours les mêmes mouvements d’extrême gauche, les mêmes associations représentant des « minorités » issues de l’extrême gauche, les mêmes syndicats d’extrême gauche soutenus par les mêmes nervis « antifas » d’extrême gauche qui, dans ces cas-là, agissent à la manière des anciens maoïstes ou des anciens fascistes de sinistre mémoire.
En octobre 2019, la philosophe Sylviane Agacinski devait participer à l’université Montaigne de Bordeaux à un débat sur «L’être humain à l’époque de sa reproductibilité technique». Débat annulé pour cause de « menaces violentes » émanant de plusieurs organisations dont Riposte Trans ou Solidaires étudiant-e-s (sic). Le communiqué rédigé à cette occasion par ces associations relevait du pur délire et dénonçait l’invitation d’une « « philosophe » aux positions réactionnaires, transphobes et homophobes » ayant eu l’audace de déclarer que « l’humanité est naturellement hétérosexuelle ». Quelques mois auparavant, Alain Finkielkraut avait dû subir les mêmes propos délirants pour sa venue à Sciences Po Paris. Ses détracteurs d’extrême gauche l’accusèrent d’islamophobie, de racisme, de sexisme, d’homophobie, de « multiples sorties masculinistes » (sic), et le rangèrent dans le camp de l’extrême droite en même temps qu’Élisabeth Lévy, Anne-Marie Le Pourhiet, Eugénie Bastié et Hubert Védrine. Par un curieux mais habituel et orwellien retournement du réel, ces gauchistes affirmèrent que la venue de Finkielkraut mettaient « [leurs] vies et [leurs] existences en danger ». Tout récemment, Céline Masson et Caroline Eliacheff, les auteurs du livre La Fabrique de l’enfant-transgenre, n’ont pas pu animer trois débats qui devaient se tenir à Lille, Paris et Lyon. Ces derniers ont été annulés. Les activistes de différentes associations pro-trans ou écologistes et des militants de La France insoumise sont systématiquement à la manœuvre : intimidations, menaces, présence sur les lieux pour empêcher les réunions. Dernier épisode en date : la sociologue Nathalie Heinich, invitée par L’Espace Mendès-France à Poitiers pour donner une conférence sur l’écriture inclusive, a vu la soirée perturbée par une vingtaine de gauchistes décidés à empêcher son déroulement normal. Sur les réseaux sociaux, Nathalie Heinich a été accusée d’être homophobe, islamophobe et d’extrême droite. Les locaux ont été vandalisés le lendemain de la conférence. Ce ne sont là que quelques exemples. Le Figaro et Valeurs actuelles sont parmi les seuls à avoir relaté ces événements. La plupart des journaux, Le Monde et Libération en tête, n’en parlent pas ou reprennent les courts billets de l’AFP tels quels, sans aucune appréciation critique. La radio publique évite le sujet. Le silence qui entoure ces atteintes à la « liberté d’expression » ou aux « valeurs républicaines » pourtant si ardemment défendues par les médias dominants, est assourdissant. Ces mêmes médias n’hésitent d’ailleurs plus à mentir. Ils mentent par omission. Ils mentent par détournement sémantique. Ils mentent, tout simplement, en ignorant ou en falsifiant le réel. Leur pouvoir de dissimulation de la réalité n’est plus à démontrer, comme n’est plus à démontrer leur allégeance à toutes les idéologies déconstructivistes, multiculturalistes, immigrationnistes et wokistes. France Inter, Le Monde et Libération sont, à ce sujet, exemplaires.
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Tandis que de plus en plus d’intellectuels ou de responsables politiques deviennent personae non gratae dans nos universités gauchisées, des responsables de La France insoumise terminent en ce moment une « Tournée des facs » qui s’est déroulée sans aucune anicroche. Après celles de Montpellier, Nanterre, Paris VIII, Clermont-Ferrand, Nantes, Rouen ou Tours, c’est l’université de Poitiers qui a reçu en son sein Louis Boyard et deux autres députés de LFI. Tout s’est bien passé. Les Insoumis ont été chaudement accueillis et aucune intervention des forces de l’ordre n’a été nécessaire. Jordan Bardella n’a pas eu droit au même traitement de faveur. Il s’est vu empêcher l’entrée de Sciences Po Bordeaux par les « antifas » locaux alors qu’il était prévu un débat avec les étudiants qui le désiraient. Le directeur de la rédaction de Valeurs actuelles, Geoffroy Lejeune, n’a pu répondre ni à l’invitation du Cercle Mauriac dans le même IEP, ni à celle d’une association étudiante de Sciences Po Lille – les gentils et tolérants « antifas » menaçant de tout casser, les courageux présidents de ces universités ont préféré tout bonnement annuler les débats prévus. À l’ESCP Business School, là-même où Sandrine Rousseau et Jean-Luc Mélenchon ont pu « échanger » avec les étudiants sans aucune difficulté, Éric Zemmour a été très fortement chahuté tandis que Marine Le Pen a vu sa conférence annulée par la direction de la prestigieuse école de commerce pour des « raisons d’ordre public ». Les associations gauchistes, le syndicat SUD Solidaires étudiant-e-s (sic) et l’UNEF ont beau représenter une minorité des étudiants, ce sont eux qui font la loi. Les étudiants affiliés à l’UNI se font régulièrement tabasser par de pacifiques « antifas » lors d’affichages ou de distributions de tracts, ou, comme à l’université Lyon 2 récemment, se voient menacés par des racailles hurlant « Par Allah on va vous tuer » sous les applaudissements de militants de l’UNEF. Pas un mot sur la radio publique, pas une ligne dans les journaux dits de référence.
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« En réalité, ces internationalistes, ces arracheurs de racines, n’ont qu’un but inavoué : détruire un état, une nation et un peuple français qu’ils détestent », écrit Gilles-William Goldnadel dans son Manuel de résistance au fascisme d’extrême-gauche. L’extrême gauche n’aime pas la France. Elle espère son changement démographique le plus rapidement possible. Elle attend beaucoup des nouvelles générations endoctrinées dès l’école et encombrant les bancs d’universités qui parachèvent leur dégoût pour le peuple français, son histoire et sa culture. L’extrême gauche fascisante réunit en son sein toutes les idéologies susceptibles de détruire la France. Elle sait pouvoir compter sur des professeurs, des universitaires et des médias acquis à ces idéologies et devenus les fers de lance de la propagande wokiste, immigrationniste et islamo-gauchiste. Est-il trop tard ? « J’ai regardé ma montre, écrit encore G.W. Goldnadel. Il est minuit moins une. Le fascisme d’extrême-gauche n’est pas encore passé». Autant dire qu’il n’y a plus une minute à perdre pour dénoncer l’adversaire et le combattre fermement si nous voulons le terrasser.
[1] Georges Bernanos, Nous autres, Français, Gallimard, p.113.
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