Pourquoi Emmanuel Macron ne fait-il pas plus pour obtenir la libération d’un de ses propres citoyens détenu injustement par les autorités algériennes? Pourquoi n’a-t-il pas dénoncé ouvertement et énergiquement cette arrestation arbitraire? Serait-ce que, à la différence de Boualem Sansal, il manque de courage? Tribune.
Monsieur le Président,
Votre silence sur l’arrestation abusive et révoltante de Boualem Sansal est assourdissant. On vous a laissé le bénéfice du doute, vous étiez, nous n’en doutions pas, en train d’agir, dans le secret de votre bureau de l’Elysée, la diplomatie demande de la discrétion, nous le comprenions: en faire la publicité pourrait être contre-productif. Soit. Sauf que, quarante jours après l’arrestation de Boualem Sansal, rien. Et on apprend, de la bouche de Xavier Driencourt sur CNews, la seule chaîne qui en parle tous les jours – ainsi que de Ofer et Ohad, nos otages à Gaza, oubliés – que le Président Tebboune vous a raccroché au nez.
Et maintenant ? Fin du sujet ? Echec de la diplomatie, donc, qu’est-ce qui vous empêche, alors, de vous exprimer ? Or, pas un mot de soutien, aucune condamnation de cette arrestation arbitraire, aucun écho aux propositions, entre autres, de Jean-Christophe Ruffin, aux déclarations de Kamel Daoud ou Xavier Driencourt. Vous abandonnez aux geôles algériennes, un de nos grands écrivains à qui vous avez offert la nationalité française ET les droits qui l’accompagnent. Nous avons pourtant des moyens de pression, avec l’Algérie, le rapport de force peut être de notre côté. Quid des visas, étudiants, touristiques ou titres de séjours de dix ans, que nous accordons à l’envi ? Quid de l’Hôpital Américain où viennent se faire soigner gouvernants et dignitaires algériens ? Quid de l’argent envoyé au bled via Western union, qui plus est, exempté d’impôts, double peine pour les finances françaises ? Sans parler des 842 millions versés à l’Algérie depuis cinq ans, sans contrepartie. Et des accords de 1968 qu’il serait grand temps de réviser ? Nous avons saisi les luxueux biens des oligarques russes, ne pourrait-on pas faire de même avec ceux des gouvernants algériens ? A force de se soumettre, nous perdons notre dignité et gagnons leur mépris.
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Mais voilà. Utiliser ces moyens de pression demande du courage politique. Celui de contrarier la rue arabe, de vous entendre qualifier par Libé, le Monde et France Inter, d’islamophobie, d’extradroitisation. Tandis que laisser un de nos ressortissants, pris en otage pour sa liberté d’expression et les rapports déplorables entre la France et l’Algérie, ne fera pas de vague. Après tout, qui connaît Boualem Sansal ? Quelques intellectuels français et étrangers qui se mobilisent, mais vous êtes tranquille, ce ne sont pas eux qui vont déclencher des émeutes, brûler les voitures et attaquer les policiers par des tirs de mortier. Pas de vague, on y revient.
Le courage, Boualem Sansal, lui, n’en manque pas. Celui de dénoncer le Parti du Bien qui encense la richesse du multiculturalisme, d’alerter sur le danger islamiste, son totalitarisme – il sait de quoi il parle -, le califat mondial planifié par les Frères, il a ce courage et il le paye très cher.
Mais vous, Monsieur le Président, c’est votre dernier mandat, vous ne risquez pas de décevoir ce qui reste de votre électorat. Qu’avez-vous à perdre ? Vous battre pour la libération de cet écrivain, cet homme admirable, pourrait vous valoir un brin de respect. Ça fait longtemps que vous n’avez pas inspiré ce sentiment.